Marine Le Pen à Mayotte : le plan gouvernemental de reconstruction « ne va pas assez loin »

Par Epoch Times avec AFP
5 janvier 2025 16:05 Mis à jour: 5 janvier 2025 17:21

Le plan de reconstruction « Mayotte debout » préparé par le gouvernement « ne va pas assez loin », a déploré la cheffe de file des députés Rassemblement national à son arrivée sur l’archipel dimanche pour une visite de deux jours.

Pas de comité de soutien à l’arrivée ni d’accueil avec des couronnes de fleurs cette fois pour la leader du parti à la flamme, au regard du contexte dans ce territoire où elle engrange par ailleurs d’excellents scores électoraux, mais un coup de pression politique.

« Un volet diplomatique »

« Il ne va pas assez loin parce que je pense qu’il manque un volet important qui est un volet diplomatique, sans lequel beaucoup des choses qui sont promises ne seront pas tenues », a-t-elle précisé, évoquant notamment la lutte contre « l’immigration clandestine ».

« Pardonnez moi d’avoir été la première (…) à avoir dit que faire des promesses pour faire des subventions, donner de l’argent à Mayotte ne servirait à rien si on ne règle pas le problème de l’immigration clandestine », a-t-elle insisté, alors que le territoire subit une importante pression migratoire, notamment venant des Comores voisines.

En ce sens, Mme Le Pen promet d’« amender » le projet de loi d’urgence qui va être présenté mercredi prochain en Conseil des ministres et doit être examiné la semaine suivante au Parlement, pour une adoption espérée par l’exécutif avant la fin janvier.

Arrivée autour de 16h45 locales (14h45 à Paris) Marine Le Pen a dit être « d’abord venue écouter » les Mahorais et leur « souffrance », trois semaines après le passage du cyclone Chido qui a ravagé ce département le plus pauvre de France.

« On est encore confronté à l’urgence. Il y a encore la moitié de la population qui n’a pas d’électricité, il y a encore de la population qui n’a pas d’eau, qui n’a pas de nourriture », a-t-elle fait valoir, avant de se rendre à la rencontre de militaires du 2e RPIMA et de pompiers, sur une base logistique utilisée par la sécurité civile près de l’aéroport.

Selon le ministère de l’Intérieur, dans un point diffusé samedi soir, « la distribution de l’eau, des denrées alimentaires, matériels de première nécessité à toute la population monte en puissance grâce à une mobilisation très forte de l’État sur l’intégralité du territoire ».

De même source, « 100% de la population est raccordée à l’eau courante » et « 69,7% de la population générale est alimentée » en électricité, « malgré des disparités importantes entre les communes ».

« J’espère que la souffrance des Mahorais suffit à mettre la pression sur le gouvernement », a encore dit Marine Le Pen qui a ensuite rencontré des militaires et pompiers sur une base utilisée par la sécurité civile, et doit répondre aux questions de la radio Kwezi.

Lundi elle devrait visiter le centre hospitalier et rencontrer des élus et des habitants dans le nord de l’île.

« Mariama »

Devant le marché de Mamoudzou, chef-lieu de l’archipel, désert en ce dimanche après-midi, Mohamed Ali affirme à l’AFP que « Marine Le Pen est ici chez elle ». D’ailleurs, « les Mahorais ont “mahorisé” son prénom et l’appellent Mariama », souligne-t-il.

« Avec (ses positions) sur l’immigration » Marine Le Pen est à l’aise à Mayotte, ajoute-t-il. « C’est comme un pêcheur qui aime pêcher. Pour Marine Le Pen, à Mayotte, il y a plein de poissons. »

Le RN et sa dirigeante ont effectivement été plébiscités aux dernières élections présidentielles et législatives. Le parti à la flamme y a même obtenu en juillet un de ses deux premiers sièges de députés en outre-mer.

« Que des élus de cette envergure nationale pensent à nous en ces temps troublés, c’est important », estime ainsi le président du collectif des citoyens de Mayotte, Fatihou Ibrahime.

À l’inverse, Chafika Madi, rencontrée rue du Commerce, juge ce déplacement « inutile », comme ceux des autres responsables politiques. L’important est plutôt « d’envoyer de l’eau, de quoi manger et reconstruire », considère la commerçante de 36 ans.

La députée écologiste Sandrine Rousseau a fustigé dimanche sur BFMTV une opération de « récupération politique » par Mme Le Pen. « Avant de parler d’immigration, parlons d’abord de la condition des gens », a ajouté l’élue.

Dans une tribune commune publiée sur le site du Figaro le jour de la visite de Mme Le Pen, le ministre d’État chargé des Outre-mer Manuel Valls, et ses collègues de l’Intérieur Bruno Retailleau et des Armées Sébastien Lecornu promettent que des « mesures de fermeté » contre l’immigration irrégulière à Mayotte figureront dans l’un des projets de loi de reconstruction de l’archipel.

« Sans le traitement de la question migratoire, il n’y a pas d’avenir pour Mayotte », abonde Manuel Valls dans une interview dans le JDD.

Face à l’immigration irrégulière (le département compte 320.000 habitants selon l’Insee, mais peut-être 100.000 à 200.000 de plus avec les sans-papiers), François Bayrou avait plaidé pour un « recensement général et précis de la population » et posé la « question » de revenir sur le droit du sol à Mayotte, déjà restreint dans l’archipel.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.