Le balai de pelleteuses se poursuivait mardi à Mayotte pour démolir les cases en tôle de Talus 2, important bidonville de ce territoire français de l’océan Indien, une opération qui devrait durer jusqu’à la fin de la semaine.
Les démolitions ont débuté lundi matin, marquant le réel départ de l’opération sécuritaire contestée « Wuambushu » qui vise à réduire l’habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l’archipel des Comores voisines. Prévue initialement le 25 avril, la démolition de Talus 2 avait été suspendue par le tribunal administratif de Mayotte à Mamoudzou, avant que deux nouvelles décisions de justice ne donnent raison à l’État, la dernière datant de mercredi.
« Ça va durer toute la semaine »
Le « décasage » a débuté lundi à 7h30 locales dans le quartier de Majicavo, sur la commune de Koungou, dans le nord de Grande-Terre, principale île du département le plus pauvre de France. Les pelleteuses, qui se trouvaient lundi en bas du bidonville, démolissaient mardi la tôle les habitations dans les hauteurs, où le métal s’entrechoquait sous la force des machines.
Démolition du bidonville Talus 2 : Wuambushu en ordre de marche pic.twitter.com/GmjhMGMG61
— Mayotte la 1ère (@mayottela1ere) May 23, 2023
Des ouvriers trient les restes de Talus 2, qui sont entassés derrière de la rubalise rouge et blanche en contrebas. Le bois est placé dans un feu, près de la route, devant deux conteneurs. Quelques chèvres et poules semblent perdues dans les chemins qu’elles empruntaient la veille.
Des familles observent silencieusement la parade des machines dont les bras puissants raclent , la terre et la pierre des maisons en dur. « Ça fait mal au cœur de voir ça, les gens sont partis hier, on n’a plus de nouvelles d’eux. Et là ça va durer toute la semaine », soupire un homme, qui préfère rester anonyme.
« 162 cases à démolir »
Les gendarmes étaient présents en nombre tout autour de la zone. L’arrivée des machines et bennes congestionnait presque complètement la circulation tout autour vers 7h30 locales. Les services de l’État ont dénombré « 162 cases à démolir » dans ce bidonville, avait indiqué lundi le préfet, Thierry Suquet. La moitié des familles du quartier « ont été relogées », avait-t-il assuré. Au total, les autorités prévoient de détruire un millier de logements insalubres à Mayotte sur plusieurs mois. Sur les 350.000 habitants estimés de Mayotte, la moitié n’a pas la nationalité française. Seul un tiers des habitants des quartiers insalubres la possède.
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