La prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans offre au régime chinois une opportunité inespérée de pouvoir attaquer les États-Unis et d’essayer d’étendre son influence. Il ne tardera pas pour la saisir.
Les journaux, les radiodiffuseurs et les diplomates chinois ont lancé leur offensive, une vaste propagande qui n’est pas sans rappeler celle déployée par le régime pour éviter ses responsabilités dans la pandémie.
Cette propagande consiste notamment à vanter l’amitié potentielle de la Chine avec les insurgés talibans, à blâmer la « défaite » des États-Unis et à menacer Taïwan en discréditant l’engagement des États-Unis dans la région asiatique.
Mis bout à bout, le récit du régime chinois est le suivant : les États-Unis ont échoué en Afghanistan mais Pékin est prêt à offrir un rameau d’olivier.
« Partout où les États-Unis mettent le pied, que ce soit en Irak, en Syrie ou en Afghanistan, nous constatons des turbulences, des divisions, des familles brisées, des morts et d’autres séquelles dans le désordre qu’ils laissent derrière eux. La puissance et le rôle des États-Unis sont destructeurs plutôt que constructifs », a déclaré Hua Chunying, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, lors d’un point presse le 17 août. La veille, elle avait déclaré aux journalistes que les changements en Afghanistan étaient le résultat de « la volonté et du choix du peuple afghan ».
Fin juillet, environ un mois avant le retrait prévu des États-Unis d’Afghanistan, le régime chinois a été l’un des premiers pays à signaler son soutien aux militants islamistes lorsque le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a accueilli une délégation de représentants des talibans dans la ville portuaire de Tianjin.
« L’ennemi de mon ennemi est mon ami. »
Des images et des vidéos montrent des milliers de civils afghans se pressant à l’aéroport de Kaboul dans une tentative désespérée de fuir le pays déchiré par la violence, craignant une résurgence des pratiques sévères du passé, des militants islamiques d’il y a vingt ans, telles la lapidation publique, le fouet, la pendaison, etc. Dans les villes capturées par les talibans, de nombreux habitants choisissent de longer les murs et de rester cloîtrés chez eux, tandis que les magasins, les supermarchés et les bureaux gouvernementaux restent fermés.
La Chine et la Russie font partie des quelques pays qui gardent leurs ambassades ouvertes, alors que les États-Unis et leurs alliés évacuent les diplomates par hélicoptère. Pendant ce temps, les médias d’État chinois encensent la victoire des talibans. Ainsi titrent-ils dans un article daté du 17 août : « Retour à la normale dans la capitale afghane ».
L’agence de presse Xinhua, dans un article du 16 août, rapproche la stratégie militaire des talibans à la victoire du Parti communiste sur le Kuomintang dans les années 40 et considère la prise de pouvoir des talibans comme guérilla rurale ou l’on peut voir la « victoire du faible sur le fort ».
Selon l’article, « les sentiments des civils en Afghanistan sont très différents de ceux décrits par l’Occident » et les villes afghanes se rendent aux talibans car ils bénéficient du « soutien populaire ».
Hu Xijin, le rédacteur en chef du tabloïd d’État belliciste Global Times, a suggéré sur Twitter que « la transition du pouvoir en Afghanistan est encore plus fluide que la transition présidentielle aux États-Unis », ajoutant, dans un autre tweet, que le « principe de non-ingérence » du régime lui a permis de « maintenir la confiance qu’il n’a pas besoin de fermer son ambassade ».
« Peu importe qui est au pouvoir, nous sommes prêts à être l’ami de l’Afghanistan », a-t-il écrit le 15 août.
Feng Chongyi, professeur d’études chinoises à l’université de Technology Sydney, affirme que le soutien du Parti communiste chinois (PCC) aux talibans est stratégique.
Le régime « soutient les talibans parce qu’ils sont dans le camp opposé des États-Unis », explique-t-il à Epoch Times.
« Pour le PCC », ajoute-t-il, « l’ennemi de mon ennemi est un mon ami ».
Bien qu’idéologiquement, le régime athée chinois ne soit pas compatible avec les talibans, il pourrait les soutenir et par ce biais, « créer des complications pour l’Amérique », selon le commentateur des affaires chinoises Tang Jingyuan.
« En détournant l’attention des États-Unis, cela allégera la pression du PCC en cas de confrontation directe », rajoute-t-il pour Epoch Times.
Le président Joe Biden a déclaré qu’en retirant leurs forces d’Afghanistan, les États-Unis seraient en mesure de recentrer leur énergie sur la Chine.
« Nos véritables concurrents stratégiques, la Chine et la Russie, n’aimeraient rien de plus que les États-Unis continuent d’injecter des milliards de dollars de ressources et d’attention pour stabiliser indéfiniment l’Afghanistan », a déclaré le président lors d’un point presse lundi.
Faire pression sur Taïwan
Outre le simple fait de dégrader les États-Unis avec des qualificatifs tels que « malfaisants », « humiliés », et d’annoncer que « sonne le glas pour l’hégémonie américaine en déclin », la propagande chinoise tire parti du retrait des troupes américaines pour saper la fiabilité des États-Unis sur la scène mondiale.
S’adressant à Taïwan, l’éditorial du Global Times expliquait ce lundi (16 août) que « l’abandon des Afghans » devait servir de leçon à l’île démocratiquement dirigée.
Bien que l’administration au pouvoir à Taïwan n’ait pas pris position sur la situation afghane, elle « doit savoir intérieurement que les États-Unis ne sont pas fiables », peut-on lire dans l’article du Global Times.
Mardi, la Maison Blanche a repoussé l’offensive des médias chinois.
Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a souligné que l’engagement des États-Unis envers Taïwan « reste plus fort que jamais été », déclarant aux journalistes que « lorsqu’il s’agit de Taïwan, c’est une question fondamentalement différente dans un contexte différent. »
La porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki a également réfuté les affirmations chinoises selon lesquelles « les États-Unis ne viendront pas à l’aide si la guerre éclate ».
« Notre message est très clair : nous nous tenons aux côtés, comme le souligne l’accord sur les relations avec Taïwan, des personnes à Taïwan. Nous soutenons nos partenaires du monde entier qui sont soumis à ce genre de propagande que la Russie et la Chine projettent, et nous allons continuer à joindre le geste à la parole », a-t-elle déclaré lors du même point presse.
Le régime chinois a effectué des exercices d’assaut près de Taïwan mardi, montrant des navires de guerre et des avions anti-sous-marins près du sud-ouest et du sud-est de l’île en réponse à ce que Pékin a qualifié de « provocations de Taïwan ».
Espérant semer la division entre les États-Unis et ses alliés asiatiques, le régime chinois essaye d’affaiblir la coordination mondiale éprise de liberté et centrée sur les États-Unis pour promouvoir un aménagement qui lui est propre, déclare Tang Jingyuan.
D’un point de vue géopolitique, ajoute-t-il, Washington ne peut pas se permettre de renoncer à Taïwan.
Yu Tsung-chi, ancien doyen associé de l’Académie des cadres de la guerre politique de l’Université de la défense nationale de Taipei, rejoint l’opinion de Tang Jingyuan.
Les États-Unis renforcent leurs liens avec Taïwan, « non pas parce que Taïwan dépend des États-Unis, mais plutôt parce que les États-Unis ont besoin de Taïwan », déclare-t-il à Epoch Times.
Une invasion chinoise de Taïwan aurait un effet direct sur le Japon, la Corée du Sud et même l’Australie, explique Yu Tsung-chi. D’autre part l’industrie de pointe des micro-puces de Taïwan oblige les Etats-Unis à intervenir si le régime lance des manœuvres militaires contre l’île.
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