En avril 2017, lors de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, des policiers sans autorisation pour exercer dans la sécurité privée, avaient été réquisitionnés pour faire les agents de sécurité. Ils avaient été payés en argent liquide. L’affaire a été classée « sans suite » par le Cnaps (Conseil national des activités privées de sécurité), l’autorité de contrôle dépendant du ministère de l’Intérieur.
Ainsi que le révèle Médiapart, le Cnaps a clôturé une enquête en cochant la case « classement interne », et ce, malgré des fraudes avérées. Dans cette affaire, des policiers ont été « embauchés » lors du meeting d’Emmanuel Macron qui s’est tenu à Bercy le 17 avril 2017, alors qu’ils n’avaient pas d’autorisation pour exercer dans la sécurité privée.
Le mandataire est un ex-braqueur et n’a pas d’habilitation pour travailler en France
C’est en 2019 que l’alerte avait été donnée par ce service du ministère de l’intérieur, constatant que des gardiens de la paix – dont la moitié étaient en poste dans des brigades anticriminalité des Alpes-Maritimes – avaient assuré la sécurité lors de ce meeting du chef de l’État. Outre le fait qu’ils n’avaient pas d’autorisation pour exercer dans le secteur du privé, ils avaient par ailleurs été payés au noir, ayant un intermédiaire mandaté du nom de Fortunato B. Il s’avère que les entreprises de ce dernier n’étaient pas autorisées à exercer en France, car elles n’avaient pas de compte « employeur » à l’Urssaf.
Le Cnaps n’a cependant pas sanctionné ces fraudes pourtant avérées, ainsi que l’avait révélé Médiapart le 12 janvier dernier. Le média d’investigation avait précisé qu’au bout d’une longue enquête, clôturée par l’un des membres de cet organe d’État en novembre 2020, de nombreuses pratiques et bien d’autres encore avaient été épinglées.
Les agents « supervisés par Alexandre Benalla »
C’est le préfet Cyrille Maillet, nommé par Emmanuel Macron à la tête du Cnaps en 2018, qui avait classé sans suite cette affaire, alors même que les chefs de service s’y étaient opposés. Ces derniers pointaient de « très nombreux manquements » et cela méritait même un passage devant la commission de discipline.
L’enquête administrative menée par les agents du Cnaps a également montré que Fortunato B. est un ancien braqueur. Pour cette raison, il avait été condamné à trois ans de prison en 1985. En plus de sa participation au meeting du président en 2017, il avait également assuré la sécurité d’autres meetings du chef de l’État, ainsi que lors d’un gala de charité donné par l’acteur Leonardo DiCaprio, les 25 et le 26 juillet 2017 au domaine de Bertaud-Bélieu, à Gassin (Var). De la même façon, les prestations avaient été payées de la main à la main, et sans carte professionnelle.
Quant aux agents de police impliqués dans cette affaire, trois ont été mis en causes. Ils ont déclaré : « Fortunato B. nous avait dit être un officier de liaison pour le compte du ministère de l’Intérieur. Cette mission était couverte par l’Élysée, selon lui ». Ils ont également indiqué avoir été « supervisés par Alexandre Benalla ».
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