La mélatonine a une incidence sur la thrombose, la septicémie et le taux de mortalité lié au Covid

Par Joseph Mercola
29 décembre 2021 21:48 Mis à jour: 29 décembre 2021 21:48

Deux études clés ont identifié le rôle que joue la mélatonine pour réduire le risque d’être touché par le Covid-19, et diminuer l’apparition de symptômes graves.

Cette nouvelle découverte vient s’ajouter à une liste de bienfaits liés à la mélatonine, depuis sa découverte en 1958 par le Dr Aaron Lerner, un dermatologue qui a réussi à l’extraire de la glande pinéale d’une vache.

Les scientifiques ont commencé à étudier la mélatonine dans les années 1980. À partir des années 1990, elle a fait l’objet d’une attention accrue. Les données de la recherche ont montré que la mélatonine influence un certain nombre de processus corporels, notamment un métabolisme dépendant du calcium, la modulation immunitaire et la croissance tumorale – qu’elle peut freiner.

Bien que la mélatonine soit produite dans divers tissus, la principale source est la glande pinéale, une minuscule glande endocrine située au centre du cerveau. L’une des premières fonctions de la mélatonine est probablement d’être un neutralisateur de radicaux libres. Il est intéressant de noter que la mélatonine agit également dans les plantes pour réduire le stress oxydatif et favoriser la germination et la croissance des graines. Le précurseur nécessaire chez les plantes et les animaux est le tryptophane.

Notre organisme contrôle la libération de mélatonine par le biais d’une horloge circadienne maîtresse, située dans une zone du cerveau appelée noyaux suprachiasmatiques.

Cette zone synchronise la sécrétion de mélatonine par une voie complexe du système nerveux affectée par l’entrée de lumière à travers les yeux. Comme la mélatonine contribue à contrôler les cycles veille-sommeil, il est devenu populaire de l’utiliser pour lutter contre le décalage horaire ou favoriser le sommeil.

Aujourd’hui, des données démontrent que la mélatonine peut être bénéfique dans la prévention des complications chez les personnes atteintes du Covid-19.

Moins de cas de Covid-19 sévère

Une étude publiée en octobre, dans le journal mensuel International Journal of Infectious Diseases a été lancée pour examiner l’effet que la mélatonine pourrait avoir sur les patients adultes atteints d’une infection grave de Covid-19. Ont été recrutés 158 patients atteints d’une maladie grave dans le cadre d’un essai clinique prospectif randomisé, mené dans un centre à Mossoul, en Irak, du 1er décembre 2020 au 1er juin 2021.

Les patients ont été répartis en deux groupes. Dans le groupe témoin, il y avait 76 personnes qui ont reçu uniquement des soins standards. Dans le groupe traité, 82 ont reçu des soins standards plus 10 milligrammes de mélatonine par jour. Les médecins ont ensuite évalué l’incidence de la septicémie, de la thrombose et de la mortalité chez les patients aux jours 5, 11 et 17.

Lorsque les chercheurs ont comparé les données du groupe de contrôle à celles du groupe traité, ils ont constaté une réduction significative des thromboses et des septicémies, au cours de la deuxième semaine chez les patients ayant pris de la mélatonine. Ils ont également constaté que la mortalité était significativement plus élevée chez ceux qui n’avaient pas pris de mélatonine.

Les hommes représentaient 72,2 % des patients et l’âge moyen était de 56,3 ans, avec une fourchette allant de 32 à 78 ans. Les chercheurs ont séparé le groupe traité et le groupe de contrôle sans qu’il y ait de différence significative en ce qui concerne les comorbidités qui augmentent le risque de problématiques liées au Covid-19, comme l’hypertension artérielle, l’asthme, le diabète et les maladies cardiaques.

En mesurant les paramètres individuels, les chercheurs ont constaté qu’il y avait un nombre significativement plus élevé de patients présentant une thrombose dans le groupe témoin au jour 17, que dans le groupe prenant de la mélatonine. Aucun patient n’a développé de septicémie au cours des cinq premiers jours dans les deux groupes. Cependant, au 11e jour, deux patients du groupe sous mélatonine ont développé une septicémie et huit patients du groupe témoin ont développé une septicémie.

À la fin de l’étude, les chercheurs ont constaté que le taux de mortalité était nettement plus élevé dans le groupe témoin (17,1 %) que dans le groupe sous mélatonine (1,2 %). La mélatonine a été administrée par voie orale.

Les chercheurs ont déclaré que les résultats de leur étude signalent la nécessité d’un examen approfondi.

« L’amélioration des taux de thrombose, de septicémie et de mortalité soutient l’efficacité de la mélatonine comme adjuvant, pour atténuer cette maladie infectieuse », ont-ils écrit.

« Étant donné les performances élevées de la mélatonine en tant que médicament bon marché, très sûr et facilement disponible, il est fortement recommandé de l’aborder dans les études futures. »

La mélatonine réduit le risque d’obtenir un test positif

Ces nouveaux résultats viennent étayer des recherches antérieures publiées fin 2020, qui montraient que l’utilisation de la mélatonine était associée à une réduction de 28 % de la probabilité d’un test Covid-19 positif. Les chercheurs ont lancé l’étude pour identifier les modalités de traitement potentielles en utilisant la méthodologie de la médecine des réseaux, parallèlement aux observations cliniques.

Le domaine de la Network medecine évalue les réseaux cellulaires et les implications qu’ils ont sur les maladies et les traitements. La Network medecine recherche des traitements médicamenteux potentiels, en examinant comment les maladies sont liées au niveau moléculaire. Les chercheurs ont utilisé l’intelligence artificielle pour comparer les gènes et les protéines du SRAS-CoV-2 avec ceux de 64 autres maladies.

À partir de ces données, ils ont identifié des pathologies similaires pour lesquelles des médicaments avaient été approuvés. À l’aide de ces informations, les chercheurs ont identifié 34 médicaments approuvés par l’administration américaine FDA, utilisés pour traiter des conditions similaires qui pourraient être envisagés pour une adaptation au traitement du Covid-19.

La liste des problèmes de santé comprenait des maladies auto-immunes, des maladies pulmonaires, des anticorps spécifiques et des maladies cardiovasculaires. À partir de ces pathologies, les chercheurs ont identifié des médicaments, dont la mélatonine, dans une liste de catégories comprenant des antibiotiques, des anti-inflammatoires, des hormones, des bêta-bloquants et des bêta-2-agonistes.

Après avoir identifié ces médicaments, les chercheurs ont utilisé ces informations en parallèle avec les données de près de 27 000 patients hospitalisés au centre médical universitaire américain Cleveland Clinic. Après avoir ajusté les facteurs confondants tels que l’âge, le tabagisme, la race et diverses comorbidités, ils ont constaté que l’utilisation de la mélatonine réduisait de 28 % la probabilité d’un test positif au Covid-19.

Il est intéressant de noter que, lorsque ces mêmes ajustements ont été apportés à une population d’afro-américains figurant dans le registre, la réduction est passée à 52 %. Le chercheur principal de l’étude, Feixiong Cheng, a parlé des résultats dans un communiqué de la Cleveland Clinic :

« Il est important de noter que cela ne signifie pas que les gens doivent commencer à prendre de la mélatonine sans consulter au préalable leur fournisseur de soins de santé. Nous sommes enthousiasmés par ces résultats et par le fait d’étudier davantage ce rapport, mais des études observationnelles à grande échelle et des essais contrôlés randomisés sont essentiels, pour confirmer ce que nous avons observé ici. »

La mélatonine fait partie intégrante de l’organisation Front Line Protocole

Au début de l’année 2020, l’organisation de protocoles de soins pour la ligne de front face au Covid-19, Front Line COVID-19 Critical Care Alliance (FLCCC) a élaboré des protocoles de prévention, de traitement ambulatoire et d’hospitalisation basés sur les idées des médecins fondateurs des soins intensifs. Le Dr Paul Marik, médecin spécialiste des soins intensifs à l’école de médecine Eastern Virginia Medical School, également connu pour ses travaux visant à améliorer l’issue des patients atteints de septicémie, est l’un de ces médecins.

Le Dr Marik a également utilisé la mélatonine dans le traitement de la septicémie. Il a publié un article dans le journal médical Journal of Thoracic Disease en février 2020, dans lequel il justifie scientifiquement l’utilisation de la mélatonine pour aider à réguler le déséquilibre oxydatif et le dysfonctionnement mitochondrial que l’on retrouve fréquemment dans l’état septique.

Cet article a été suivi d’un autre, publié dans la revue scientifique Frontiers in Medicine en mai 2020, dans lequel lui et une équipe de scientifiques ont publié un algorithme de traitement qu’ils ont utilisé pour la mélatonine dans le traitement du Covid-19. Ils ont écrit : « Les multiples actions de la mélatonine en tant qu’anti-inflammatoire, antioxydant et antiviral (contre d’autres virus) en font un choix raisonnable pour son utilisation. »

En juin 2020, le FLCCC a publié une déclaration sur le protocole MATH+, affirmant qu’il « montre des impacts profonds sur la survie des patients atteints du COVID-19 ». Une partie intégrante du protocole de traitement hospitalier MATH+ est l’administration de 6 à 12 milligrammes (mg) de mélatonine, la nuit.

Le groupe a également mis au point un protocole iMASK pour le traitement ambulatoire précoce, qui comprend 10 mg de mélatonine la nuit, répertorié dans la catégorie des anticoagulants et des médicaments renforçant le système immunitaire. Dans un examen des preuves démontrant l’efficacité de l’ivermectine, les scientifiques ont écrit :

« Bien que l’adoption de MATH+ ait été considérable, elle n’a eu lieu en grande partie qu’après que l’efficacité du traitement de la majorité des composants du protocole (corticostéroïdes, acide ascorbique, héparine, statines, vitamine D, mélatonine) ait été, soit validée dans des essais contrôlés randomisés ultérieurs, soit plus fortement soutenue par de vastes ensembles de données observées face au Covid-19. »

« Malgré la pléthore de preuves de soutien, le protocole MATH+ pour les patients hospitalisés ne s’est pas encore généralisé. »

Lors de la publication ultérieure de cette analyse, la mention de la mélatonine et cette citation ont été supprimées. Un autre défi pour les patients atteints du Covid-19 est le développement de symptômes de longue durée, dont une étude de l’Université de Californie à Davis, a montré qu’ils touchent au moins 25 % des individus.

Les symptômes de longue durée peuvent inclure des courbatures, des douleurs musculaires, un brouillard cérébral, des problèmes abdominaux et une perte de l’odorat et du goût. Le groupe FLCCC a également mis au point un protocole de gestion du syndrome Covid-19 longue durée appelé I-RECOVER.

L’équipe a développé un algorithme pour aider les médecins à identifier le type de traitement en fonction des symptômes du patient. Cependant, il est conseillé à tous les patients de prendre de la vitamine C, des acides gras oméga-3, de la vitamine D3 et de la mélatonine.

Autres avantages de la mélatonine pour la santé

Votre organisme utilise la mélatonine pour protéger votre santé globale de plusieurs façons. La mélatonine est surtout connue pour la relation qu’elle entretient avec votre horloge circadienne. Bien que les scientifiques soient encore en train de découvrir certains des bienfaits du sommeil, on sait que la mélatonine est une molécule régulatrice sous-jacente du sommeil.

Des études positives ont démontré l’effet de la mélatonine sur les troubles associés à des rythmes mélatoniques dysfonctionnels, tels que le décalage horaire et le travail en alternance. En outre, il est prouvé que la production de mélatonine est diminuée chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, à un stade précoce. Une mauvaise qualité de sommeil augmente l’accumulation de plaques bêta-amyloïdes qui font partie intégrante de la progression de la maladie d’Alzheimer.

La découverte de la relation entre la neurodégénérescence et le sommeil offre la possibilité d’utiliser la mélatonine pour favoriser un vieillissement mental sain, et dans le traitement de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce. La mélatonine aide également à réguler l’inflammation dans l’organisme, ce qui a un impact important sur la douleur associée à la polyarthrite rhumatoïde et à l’arthrose.

Un article publié en 2015 a étudié la relation entre la mélatonine et les poussées de sclérose en plaques, et a constaté qu’elle atténue les périodes de poussée. Ils ont découvert que la mélatonine affecte « la différenciation des cellules T, et a des implications pour les troubles auto-immuns, tels que la sclérose en plaques ».

La mélatonine contribue à promouvoir la stabilité génomique, ce qui pourrait expliquer pourquoi on a constaté que le dysfonctionnement de la signalisation de la mélatonine favorisait la croissance et le métabolisme du cancer du sein humain. Les fonctions antioxydantes et anti-inflammatoires de la mélatonine ont également démontré une capacité à protéger la fonction hépatique, et à avoir un impact sur la maladie du foie gras.

L’éventail des effets de la mélatonine sur le corps humain est important. Une étude publiée dans la revue médicale Journal of Perinatology a démontré que l’administration précoce de mélatonine parallèlement à l’hypothermie (refroidissement du corps entier) chez des nourrissons victimes d’asphyxie à la naissance, avait un effet neuroprotecteur et améliorait la situation des lésions cérébrales chez les nourrissons ayant reçu un traitement d’hypothermie et cinq doses quotidiennes de mélatonine par voie entérale.

Si la supplémentation en mélatonine par voie orale présente probablement des avantages, elle permet également d’optimiser la production propre de l’organisme. C’est relativement simple et peu coûteux, et en même temps, vous contribuerez à optimiser votre taux de vitamine D. L’optimisation de la production de mélatonine commence par une exposition suffisante à la lumière du soleil pendant la journée, car cela contribue à régler votre horloge circadienne.

À l’approche du soir et du coucher du soleil, vous devriez éviter l’éclairage artificiel. La lumière bleue des écrans d’ordinateurs et des lampes LED est particulièrement problématique et inhibe la production de mélatonine. Si vous avez besoin d’un éclairage, utilisez des ampoules à incandescence, des bougies ou des lampes de sel. La lumière bleue des écrans peut être contrecarrée par l’utilisation d’un logiciel de blocage de lumière bleue ou le port de lunettes spéciales.

Recourir à une supplémentation en mélatonine prend encore plus de sens maintenant que nous comprenons que la mélatonine n’est pas seulement produite dans la glande pinéale (qui bénéficierait d’une optimisation circadienne), mais aussi dans nos mitochondries. Il semble donc qu’une supplémentation en mélatonine puisse être un complément utile pour moduler votre réponse immunitaire.


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