CHINE

Les membres de l’OTAN examinent les moyens de contrer la menace chinoise

avril 8, 2019 18:39, Last Updated: juillet 13, 2019 12:28
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Les investissements chinois en Europe et les menaces potentielles pour la sécurité de la région font l’objet de l’examen attentif à la suite de la récente réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OTAN. Cette réunion a été organisée les 3 et 4 avril à Washington à l’occasion du 70e anniversaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord.

Lors de la réunion, le vice-président américain Mike Pence a déclaré que la montée en puissance de la Chine est « le plus grand défi auquel l’OTAN sera confrontée au cours de la prochaine décennie ». Il a ajouté que les États-Unis devront consacrer davantage d’attention et de ressources pour relever ce défi.

Il a également appelé les alliés européens à faire preuve de vigilance à l’égard de la Chine.

« Déterminer comment relever le défi de la technologie 5G chinoise et de l’argent facile offert par l’initiative chinoise One Belt One Road est un défi auquel les alliés européens doivent faire face chaque jour », a-t-il déclaré le 3 avril.

L’initiative chinoise « One Belt, One Road – OBOR » (une ceinture, une route), souvent qualifiée de « nouvelles routes de la soie », est un titanesque programme d’investissement chinois qui prévoit la création d’une immense « ceinture » terrestre par rail et route en Asie, doublée d’une « route » maritime, permettant à la Chine de rejoindre l’Afrique et l’Europe. Il inclut la construction de routes, ports, lignes de chemin de fer, parcs industriels et réseaux d’énergie et de télécommunications couvrant environ 70 pays et deux tiers de la population mondiale.

L’administration des États-Unis et de plusieurs autres pays occidentaux a critiqué cette initiative pour avoir mis les pays en développement dans un « piège de la dette ». Par exemple, au Sri Lanka et aux Maldives, les gouvernements nationaux n’ont pas pu rembourser les emprunts chinois, ce qui les a amenés à transférer au régime chinois le contrôle des infrastructures clés de leurs pays. En même temps, des responsables et des experts occidentaux ont exprimé leur inquiétude du fait que les projets d’OBOR puissent être utilisés pour renforcer l’influence militaire de la Chine ou pour diffuser des technologies capables d’espionner et de nuire aux intérêts occidentaux.

Cependant, l’Italie a récemment rejoint l’OBOR, signant un certain nombre d’accords d’investissement avec la Chine. Ceci malgré les inquiétudes des responsables européens et américains ainsi que des législateurs de la coalition gouvernementale italienne.

Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères, a fait l’écho des préoccupations de M. Pence dans son discours prononcé le 4 avril : « La Chine représente un défi sur presque tous les sujets, et nous devons mieux comprendre ce que cela implique pour l’OTAN. »

La 5G et Huawei

Les commentaires de Mike Pence sur la technologie 5G chinoise constituent une référence voilée au géant technologique chinois Huawei et à ses liens étroits avec Pékin.

La technologie de communication mobile sans fil de la 5e génération pourrait révolutionner de nombreuses industries grâce à la vitesse accrue du réseau. Selon Consumer Technology Association, avec la 5G il ne faudrait que 3,6 secondes pour télécharger un film de deux heures, contre environ six minutes sur un réseau 4G et 26 heures avec la 3G.

Le sénateur américain Chris Murphy a également mis en garde au sujet de Huawei dans un discours prononcé le 3 avril : « L’idée qu’une société aussi directement liée et affiliée au gouvernement chinois puisse donner ou couper l’accès à nos données, c’est quelque chose qui devrait nous faire perdre le sommeil. »

Entre-temps, le Centre d’excellence cyberdéfense coopérative de l’OTAN (CCDCOE), une organisation internationale basée en Estonie dont la mission est d’améliorer la coopération en matière de défense et l’échange d’informations entre les membres de l’OTAN, a récemment publié un rapport sur la menace à la sécurité de la part de Huawei.

« La crainte demeure que l’adoption de la technologie 5G de Huawei met en place une dépendance à l’égard d’équipements qui peuvent être contrôlés par les services de renseignement et les militaires chinois en temps de paix et de crise », met en garde ce rapport, ajoutant que les entreprises chinoises sont légalement tenues de coopérer avec le régime chinois afin de servir les « intérêts nationaux ».

Le rapport souligne que le risque pour la sécurité d’un État membre de l’OTAN provenant de l’utilisation des produits Huawei dans ses infrastructures critiques pourrait concerner l’ensemble de l’OTAN – du fait que cette organisation peut utiliser l’infrastructure civile de son l’État membre.

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a affirmé dans une interview accordée à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel que le transfert de risque était un problème important.

« Certains États membres de l’OTAN, y compris les États-Unis, sont très préoccupés par la mise en place par Huawei des réseaux de membres de l’OTAN, et ils ont exprimé leur point de vue concernant ce sujet au sein de l’OTAN. Nous prenons ces préoccupations très au sérieux », a-t-il précisé.

La mer Noire

Une nouvelle initiative dans la région de la mer Noire a également été annoncée par Kay Bailey Hutchison, l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’OTAN, lors de ses points de presse tenus les 1 et 2 avril.

« Nous devons veiller à ce que tous les pays de l’OTAN se trouvant sur les bords de la mer Noire soient également sous notre couverture sécuritaire », a-t-elle déclaré, ajoutant que cette initiative inclura probablement la surveillance aérienne des pays de l’OTAN et le renforcement de sa présence navale en mer Noire afin de protéger les intérêts de l’Ukraine.

Mme Hutchison a également souligné que l’OTAN est en train d’évaluer la présence de la Chine dans la région, surtout en tenant compte du fait que l’argent chinois achète les droits sur les ports maritimes du monde entier.

Bien que, selon Mme Hutchison, les mesures supplémentaires visent premièrement à contrer « l’ingérence russe », les responsables américains ont également mis en garde contre les activités chinoises dans la région.

« L’influence chinoise s’étend rapidement dans la région de la mer Noire. Pékin utilise la ‘diplomatie de la dette’ pour créer des dépendances, qui peuvent paraître négligeables aujourd’hui, mais qui finiront par avoir un véritable effet de levier sur les gouvernements et les sociétés d’Europe centrale », a déclaré A. Wess Mitchell, secrétaire d’État adjoint américain, lors de sa visite en Roumanie en juin dernier.

« Les initiatives 16+1 et OBOR visent à créer des alternatives au rôle joué par l’Occident. Par le biais de son argent, la Chine offre aux pays une sorte d’hypothèque sur leur avenir », a-t-il ajouté.

Pékin a lancé son Format « 16+1 » en 2012 afin d’accroître ses investissements dans 11 États d’Europe centrale et orientale qui sont membres de l’Union européenne ainsi que dans 5 pays des Balkans.

Dans son rapport publié en décembre 2018, Foreign Policy Research Institute, un groupe d’experts basé à Philadelphie, a averti que l’objectif ultime de Pékin dans la région de la mer Noire était de placer les pays de cette région dans un « axe pro-Pékin » – une stratégie politique qui allait au-delà de la simple construction de routes et de ponts.

Le rapport précise que, depuis 2012, dans le cadre du Format 16+1, Pékin a organisé plus de 200 conférences, sommets et autres rassemblements officiels pour les participants des pays d’Europe centrale et orientale afin « d’identifier et de former les voix pro-chinoises au sein de leur communauté politique, économique et médiatique ».

Les intérêts de Pékin dans la région de la mer Noire comprennent l’agriculture, les technologies de l’information, l’aérospatiale et les infrastructures portuaires.

Par exemple, en Roumanie, qui est membre de l’OTAN, le groupe d’État chinois China General Nuclear Power Group est en train de négocier la construction de deux réacteurs à la centrale nucléaire de Cernavoda. Pékin négocie également la construction d’un corridor commercial reliant la Chine au port roumain de Constanta.

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