Vladimir Bukovsky est l’un des ennemis les plus célèbres du communisme soviétique. Il a été torturé par les autorités soviétiques. Il a passé de nombreuses années dans les prisons soviétiques. Il a même été déclaré « fou » et envoyé dans une prison psychiatrique. Quand M. Bukovsky s’est exilé à l’Occident, les gens ont parlé de son courage, mais peu ont fait attention à ses avertissements sur la Perestroïka de Gorbatchev.
M. Bukovsky a rappelé à tout le monde que tous les dirigeants soviétiques étaient des menteurs. Gorbatchev, a-t-il souligné, ne faisait pas exception et n’était certainement pas démocrate. Comme Lénine, Staline, Khrouchtchev et Brejnev, Gorbatchev était un menteur et un bourreau. Mais presque personne n’a écouté ses avertissements. Tout le monde voulait croire que la guerre froide était terminée.
Alors comment aurions-nous pu gagner la guerre froide ? Telle était la question gênante posée par M. Bukovsky. Jason Epstein, rédacteur en chef de la maison d’édition de Random House, a complètement rejeté la question de Bukovsky. Ainsi, le livre de Bukovsky sur la douteuse « chute du communisme » n’a pas encore été publié en anglais.
Toutefois, ce livre intitulé Jugement à Moscou a été publié en français et en allemand il y a vingt ans et il a résisté à l’épreuve du temps. Le 22 décembre dernier, j’ai interviewé M. Bukovsky par téléphone en lui demandant tout d’abord comment les éditions française et allemande de son livre avaient été reçues au cours de toutes ces années.
Le communisme s’est propagé partout
Vladimir Bukovsky : « Il y a eu quelques critiques élogieuses de mon livre en France, mais peu de gens y ont vraiment prêté attention. En Allemagne, la réaction a été encore plus discrète. »
J.R. Nyquist : « Alors comment votre révélation sur la complicité de l’Occident dans les crimes communistes et son oubli de ces crimes, ainsi que sur la ‘fin de la guerre froide’ mal fondée, sera-t-elle reçue dans le monde anglophone ? »
M. Bukovsky : « C’est un combat solitaire que j’ai mené depuis l’âge de 16 ans. Ce combat continuera d’être solitaire. Le vrai problème, c’est l’élite occidentale, les soi-disant forces de ‘paix et de progrès’. L’élite occidentale est socialiste. Ils n’ont jamais vraiment voulu combattre le pouvoir soviétique. »
M. Nyquist : « Et les conservateurs ? N’étaient-ils pas sérieux au sujet de l’opposition au communisme ? »
M. Bukovsky : « Ils ne se rendaient pas compte de la vérité. Il y avait une idée fausse derrière eux. La plupart des conservateurs pensaient que cela ne se passait pas si mal avec cette doctrine en Occident. Le premier à remarquer cela était le prix Nobel de littérature Alexandre Soljenitsyne. Il a expliqué que le communisme est là, devant tout le monde, mais que personne ne comprend ce que c’est. »
M. Nyquist : « S’ils ne comprenaient pas ce qu’est le communisme, n’auriez-vous pas pu le leur expliquer ? »
M. Bukovsky : « Malheureusement, il n’y a pas de façon courte de le faire et, parce que le sujet est compliqué, les gens s’en désintéressent rapidement. Cela les ennuie. Ils sont paresseux et préfèrent les réponses superficielles. »
M. Nyquist : « L’Occident n’a donc jamais compris le communisme. Ou peut-être que les Occidentaux en sont venus à penser que l’anticommunisme était insensé. »
M. Bukovsky : « Non, il s’agit de question de perdre le public. Les gens sont paresseux. Ils préfèrent les évaluations superficielles. Il leur est impossible d’aller au fond des choses. Lorsque vous parlez du communisme, cela les laisse indifférents. Ils s’ennuient. »
M. Nyquist : « Est-ce vrai ? »
M. Bukovsky : « Oui, j’ai donné de nombreuses conférences sur le sujet. Les gens se lèvent au milieu et s’en vont. Les concepts sont trop difficiles pour eux. Ils veulent que ce soit facile. »
M. Nyquist : « Y a-t-il de l’espoir dans l’avenir ? »
M. Bukovsky : « Il y aura plus de souffrance, plus de vies détruites. »
M. Nyquist : « Les communistes en Russie, sont-ils en train de restaurer l’Union soviétique ? »
M. Bukovsky : « Oui, ils sont assez naïfs pour penser qu’ils peuvent le faire. Mais ils ne réussiront jamais. »
De l’espoir pour l’Ukraine ?
M. Nyquist : « Et la révolution orange en Ukraine ? Il y a sûrement de l’espoir pour l’Ukraine. »
M. Bukovsky : « L’Ukraine est sur le fil du rasoir. Tout est en jeu. Cela pourrait aller dans les deux sens. »
M. Nyquist : « Qu’en est-il du président ukrainien Petro Porochenko ? »
M. Bukovsky : « Poroshenko n’est qu’un des apparatchiks. Il est un apparatchik typique. Le problème de l’Ukraine, comme de la Russie, est le fait qu’elles n’ont aucun leader. C’est la même vieille histoire, les mêmes vieux visages. Leur pensée n’est pas si différente de celle du passé soviétique. »
M. Nyquist : « Nous avons un problème similaire en Occident. »
M. Bukovsky : « Pour le moment, vous avez raison. L’absence de leadership est effrayante. Nos soi-disant élites sont devenues pourries. Dans le passé, au cours de l’histoire, les élites étaient périodiquement éliminées par des révolutions. À notre époque, cela n’arrive plus. Nous sommes trop civilisés. »
M. Nyquist : « Pourtant, l’idéal de liberté pourrait-il se propager de l’Ukraine à la Russie ? »
M. Bukovsky : « Oui, mais pas encore. Le nationalisme ukrainien est né de graves erreurs russes. Moscou a fait d’énormes gaffes en Ukraine. »
M. Nyquist : « Ces gaffes pourraient-elles être corrigées après le départ de Poutine? »
M. Bukovsky : « Non, ils ne peuvent pas les corriger. Le Kremlin a insulté les Ukrainiens en les traitant de frères cadets. ‘Vous êtes trop petits pour décider par vous-même’, ont-ils dit. ‘Moscou doit décider pour vous.’ C’est la raison de la montée du nationalisme ukrainien. »
M. Nyquist : « Le Kremlin a donc commis une grave erreur ? »
M. Bukovsky : « Oui, ils ont un vrai problème. Mais l’Occident aussi. »
Les élites pourries
Le problème, donc, n’est pas en opposition de l’Est à l’Ouest. Le problème est que les élites de presque tous les pays sont devenues pourries et socialistes. Comme l’a écrit dans son livre M. Bukovsky : « Même l’éternel James Bond ne combat pas le KGB, mais le plus souvent il est allié au KGB dans une lutte contre une super-entreprise mythique dirigée, en règle générale, par un capitaliste lunatique. »
Le livre de Bukovsky Jugement à Moscou sera bientôt publié en anglais. Alors que s’est-il passé, selon lui, vers la fin présumée de la guerre froide ? « C’était un fiasco total, l’abandon total de ses positions par l’Occident au moment le plus critique de notre histoire », a-t-il martelé.
L’Occident s’est précipité pour soutenir le « bourreau Gorbatchev ». Malgré toute cette aide, lorsque l’Union soviétique « s’est écroulée », les bourreaux soviétiques, des milliers de bourreaux, n’ont pas été tenus responsables. Il n’y a pas eu de procès du communisme en tant que système, pas de « jugement à Moscou » comme il y avait eu un « jugement à Nuremberg » du système nazi.
À la place, par exemple, un général du KGB Oleg Kalugin, qui se vantait de ses meurtres, est parti à la retraite vivre en Occident. Comme il n’y a pas de délai de prescription pour un meurtre, comment cela peut-il se produire ?
M. Bukovsky écrit que la Glasnost et la Perestroïka étaient des « inventions diaboliques » qui ont entériné la situation qui les a suivi. « Parmi des centaines de milliers de politiciens, de journalistes et d’universitaires, seule une petite poignée a conservé suffisamment de sobriété pour ne pas céder à la tentation, et ils étaient encore moins nombreux pour avoir le courage d’exprimer leurs doutes à haute voix. »
Dans son livre, M. Bukovsky décrit l’élite américaine comme « élevée dans le mensonge et la trahison » et la condamne comme « l’alliée naturelle de l’URSS ». C’est donc toujours le cas aujourd’hui.
On n’a qu’à regarder les changements qui en résultent des décennies plus tard – en particulier, le changement dans l’équilibre du pouvoir mondial. Le régime de Poutine collabore avec le régime communiste en Chine, avec le régime communiste à Cuba, avec le Nicaragua, l’Afrique du Sud, le Vietnam et la Corée du Nord, confirmant les paroles de Bukovsky. Le bloc communiste renaît de ses cendres avec de nouvelles armes, de nouvelles technologies et une nouvelle puissance économique. Nous avons cru aux mensonges communistes et avons investi notre « dividende de la paix ». Aujourd’hui, nous sommes menacés de l’intérieur et de l’extérieur.
« Tout est en jeu », avertit Vladimir Bukovsky.
J.R. Nyquist
J.R. Nyquist est chroniqueur et auteur des livres Origins of the Fourth World War (Origines de la Quatrième Guerre mondiale), The Fool and His Enemy (Le fou et son ennemi) et co-auteur du livre The New Tactics of Global War (Les nouvelles tactiques de la guerre mondiale).
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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