Une enseignante de sciences dans un collège de Trappes a dû être « exfiltrée » de son établissement et du département des Yvelines après avoir subi des menaces sur les réseaux sociaux à la suite d’un cours sur l’évolution de l’Homme où elle avait montré une photo du chanteur Soprano.
Lors de ce cours pour une classe de 3e en décembre 2020, cette enseignante de SVT (sciences de la vie et de la terre), âgée de 34 ans, a affiché une photo de l’artiste marseillais.
Le visage de Soprano se trouvait sur la même ligne que le dessin représentant un Australopithèque, bipède descendant du singe. Sur cette frise chronologique, une des élèves de troisième a fait une comparaison allusive entre le primate et le musicien, ce qui a suscité la colère du père de l’élève, selon Le Parisien qui a révélé l’affaire.
Le parent, Kamel, avait donc décidé d’alerter les réseaux sociaux. « Ma fille, elle m’a dit : ‘Papa, ce n’est pas normal en cours de SVT’. (…) Éducation nationale de merde. Faites tourner, s’il vous plaît. On ne doit pas accepter ! « , écrivait-il sur sa page Facebook.
6 mois ferme contre le père qui a lancé une #fatwa numérique contre la prof de #SVT de #Trappes au prétexte qu’elle avait utilisé l’image de #Soprano pour illustrer l’évolution. Par cette peine dissuasive, le tribunal veut éviter de nouveaux drames de type #SamuelPaty. pic.twitter.com/lExLjZznbE
— Thierry de Cabarrus (@tcabarrus) January 18, 2022
‘J’ai eu peur de mourir’
Stéphanie a reçu plusieurs menaces après la publication du père de famille sur les réseaux sociaux qu’il a ensuite supprimée après le rendez-vous au collège.
« Tout de suite, je me suis dit : ‘Ma vie est finie. J’ai eu peur de mourir' », explique-t-elle au Parisien.
« Traumatisée par l’assassinat de Samuel Paty », Stéphanie a alors déposé plainte et a reçu la visite des renseignements territoriaux qui lui ont demandé « de quitter l’Ile-de-France au plus vite », se souvient l’enseignante, désormais remplaçante dans une autre région.
« J’ai tout perdu »
« J’ai tout perdu, tout ce que j’ai construit depuis dix ans, cet homme m’a volé ma vie et j’ai eu très peur pour ma vie », raconte-elle au média.
« J’adore mon métier, j’aurais voulu accompagner mes élèves jusqu’au brevet », mais aujourd’hui, « je n’ai plus confiance dans l’institution, j’appréhende d’aborder d’autres sujets sensibles comme la puberté et la reproduction. Quand va-t-on commencer à faire barrage à ces parents d’élèves qui menacent ? », s’interroge la professeure, qui ajoute : « si l’Éducation nationale ne protège pas ses enseignants, je vais devoir m’autocensurer ».
« Fatwa numérique »
Jugé le 15 novembre dernier, le père d’élève a été condamné pour harcèlement au moyen d’un service de communication au public en ligne à six mois de prison ferme et 13.600 euros de dommages et intérêts par le tribunal de Versailles. À l’audience, le procureur a indiqué la gravité des faits et a parlé de « fatwa numérique ».
Le prévenu a été relaxé du chef d’injure publique envers un fonctionnaire par moyen de communication, a indiqué le parquet, précisant qu’un appel était en cours.
Comme le soulignent nos confrères, aucun représentant de l’Éducation nationale ne s’est déplacé au procès et l’institution ne s’est pas constituée partie civile.
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