Menaces de mort : l’influenceuse franco-algérienne Sofia Benlemmane condamnée à neuf mois de prison avec sursis

Par Epoch Times avec AFP
15 avril 2025 17:50 Mis à jour: 15 avril 2025 18:34

Une influenceuse franco-algérienne a été condamnée mardi à Lyon à neuf mois de prison avec sursis pour avoir proféré des menaces de mort contre des opposants au régime algérien sur les réseaux sociaux, une peine qu’elle a immédiatement liée au contexte de tensions entre Paris et Alger.

Sofia Benlemmane, une femme sans emploi de 54 ans, a également écopé de 200 heures de travail d’intérêt général. Le tribunal correctionnel de Lyon a aussi ordonné la suspension pendant six mois de ses accès à TikTok et Facebook, et lui a interdit d’ouvrir de nouveaux accès pendant ce laps de temps.

À l’annonce de la peine, elle a lancé un bravo ironique dans la salle d’audience, liant son sort à celui de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné en Algérie à 5 ans de prison notamment pour atteinte à l’intégrité du territoire.

Réprobations dans le public

Ses propos ont suscité des réprobations dans le public et la juge a suspendu l’audience pour ramener le calme. À l’extérieur de la salle, Mme Benlemmane, habillée aux couleurs de l’Algérie, a repris sa diatribe aux accents nationalistes, en s’attirant les foudres de détracteurs.

« C’est aberrant quand-même de faire taire une Franco-Algérienne pour rien du tout », a-t-elle notamment lancé. C’est « déshonorant » « de voir la justice française fermer (ma) bouche (…) parce que je dérange. »

Son avocat a toutefois estimé que le tribunal avait rendu une « décision équilibrée » en épargnant la prison à sa cliente. « Les juges ont pris le recul nécessaire par rapport au discours ambiant et politique », a déclaré à l’AFP Me Frédéric Lalliard.

Les relations entre la France et l’Algérie traversent une crise aiguë depuis l’été 2024. Le ton, qui s’était apaisé récemment, est remonté depuis quelques jours après l’arrestation de trois Algériens en France, dont un agent consulaire.

En réaction, les autorités algériennes ont déclaré dimanche douze fonctionnaires français persona non grata, leur donnant 48 heures pour quitter le pays. « C’est une décision regrettable qui ne sera pas sans conséquences », a prévenu mardi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.

Début janvier, alors que les tensions étaient déjà très fortes, quatre influenceurs algériens installés en France, dont Mme Benlemmane, avaient été interpellés et accusés d’avoir mis en ligne des contenus haineux et des appels à la violence.

« J’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer »

Suivie sur TikTok et Facebook par plus de 350.000 personnes, la quinquagénaire s’était vue reprocher plusieurs vidéos, dont une dans laquelle elle insulte en direct une autre femme en lui lançant « nique ta mère toi et ta France », « j’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer ».

Lors de son procès, le 18 mars, elle avait invoqué « une façon de parler » et réfuté toute « intention de passer à l’acte ». « Les mots ont dépassé mes pensées », avait-elle assuré.

Dénonçant des « propos particulièrement graves, haineux, n’ayant aucune place dans une démocratie », le procureur avait requis un an de prison avec sursis.

Sofia Benlemmane, ancienne joueuse de football, avait déjà fait parler d’elle en 2001, condamnée à sept mois de prison avec sursis pour avoir pénétré sur la pelouse du Stade de France avec un drapeau algérien lors d’un match amical France-Algérie.

Sofia Benlemmane court sur le terrain avec un drapeau algérien lors du match amical de football France-Algérie au Stade de France à Saint-Denis le 6 octobre 2001. (Photo OLIVIER MORIN/AFP via Getty Images)

Concernant les autres influenceurs algériens, « Zazou Youssef », poursuivi pour avoir appelé sur TikTok à perpétrer des attentats en France et des violences en Algérie, a été condamné en février à Brest à 18 mois de prison ferme assortis d’une interdiction du territoire français pendant dix ans.

« Doualemn », qui avait appelé dans une vidéo à « donner une sévère correction » à un opposant au régime algérien, a été condamné en mars à Montpellier à cinq mois de prison avec sursis. La France a essayé en vain de le renvoyer vers l’Algérie.

« Imad Tintin », accusé d’avoir appelé à commettre des actes terroristes en France, sera jugé le 23 mai à Grenoble.

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