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Merkel va perdre de son autorité et l’UE risque la paralysie

octobre 29, 2018 22:20, Last Updated: octobre 29, 2018 22:33
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La décision d’Angela Merkel de se retirer par étapes de la scène politique va fragiliser l’axe franco-allemand et risque de paralyser l’UE au moment où elle est confrontée à la montée des populismes anti-européens, selon plusieurs diplomates et analystes européens.

« Merkel va avoir moins d’autorité après avoir annoncé son départ« , estime Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Schuman. Outre son retrait progressif en Allemagne, Mme Merkel a précisé qu’elle ne briguerait aucun poste dans les institutions européennes.

« Maintenant (…), plus personne ne va l’écouter en Europe. Elle s’est mise hors course d’emblée« , renchérit Sébastien Maillard, directeur de l’institut Jacques Delors Notre Europe.

« C’est un coup dur pour l’Europe« , analyse-t-il. La retraite de la chancelière va hypothéquer les prochains grands rendez-vous européens, notamment le sommet de décembre consacré à la question migratoire, cheval de bataille d’Angela Merkel mais qui lui a coûté cher, et à la réforme de la zone euro, deux dossiers qui divisent les Etats membres.

« Rien ne se produira probablement avant les élections européennes. Il y a un risque de paralysie« , prédit Julian Rappolt, analyste pour le European Policy Center.

La Commission européenne n’est pas de cet avis. « La décision d’Angela Merkel était attendue. Elle avait prévenu et cela ne change rien« , a assuré à l’AFP un de ses responsables sous couvert de l’anonymat.

La Pologne a souhaité lundi que Mme Merkel puisse aller au terme de son mandat en insistant sur son rôle « stabilisateur« .

« Elle est devenue un canard boiteux, mais je ne pense pas que l’UE va sombrer dans le chaos et l’instabilité, parce que ce sera un départ très lent« , estime pour sa part Sudha David-Wilp, une des responsables du German Marshall Fund, centre de réflexion européen.

Mais une période d’incertitude s’est ouverte avec la question de la succession à la tête de la CDU.

« Si c’est sa dauphine, Annegret Kramp-Karrenbauer, c’est plutôt une bonne chose pour la relance de l’UE« , estime Jean-Dominique Giuliani. « Elle est proche de la France et très européenne. Elle sera plus active que Merkel, qui a toujours joué en fond de court« , a-t-il ajouté.

« Dans ce cas, il y a encore une chance que la chancelière puisse rester en fonctions jusqu’en 2021. Sinon, l’écart entre elle et son parti sera trop grand et ce sera la fin« , analyse Julian Rappolt.

Le retrait de cette personnalité qui a pesé sur la politique européenne intervient à un moment très difficile. « L’Europe traverse une grave crise interne et ses fondations sont en train de s’effondrer » avec la montée des partis populistes anti-européens, a confié à l’AFP le représentant d’un Etat membre. « Il y a très peu de leadership en Europe. La plupart des dirigeants sont en difficulté et certains pays ont même basculé« , a-t-il souligné.

« Il serait temps que l’Allemagne dise ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas« , renchérit Jean-Dominique Giuliani. « Maintenant que son autorité est entamée, les langues vont se délier. Je pense que son bilan sera assez négatif« , soutient le président de la Fondation Schuman.

Ce jugement partagé par d’autres experts devrait ternir l’image d’une dirigeante pro-européenne, attachée à la solidarité entre les 28 et à la défense du multilatéralisme. Sébastien Maillard est lui aussi très critique. « J’ai du mal à mettre son nom sur un acquis européen majeur. Angela Merkel n’a jamais eu de vision pour l’Europe. Elle était plus tacticienne que visionnaire« , regrette-t-il.

HS avec AFP

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