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Une fillette trouve un appel au secours de prisonniers chinois dans une carte de Noël

décembre 22, 2019 16:01, Last Updated: décembre 23, 2019 14:02
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Les supermarchés Tesco ont annoncé dimanche avoir cessé la production de cartes de Noël en Chine.

« Nous sommes des prisonniers étrangers dans la prison Qingpu Shanghai Chine ». « Forcés de travailler contre notre volonté. S’il vous plaît, aidez-nous et prévenez une organisation de droits de l’Homme », dit le message.

Selon le journal The Sunday Times, c’est une fillette de 6 ans de la banlieue sud de Londres qui l’a découvert. Le message est écrit en lettres majuscules, dans cette carte illustrée d’un chaton portant un chapeau de Noël.

Le père de la fillette, Ben Widdicombe, a d’abord cru à un « canular » avant de se rendre compte que « c’était en fait potentiellement quelque chose de grave », a-t-il raconté dimanche à la presse.

Production suspendue

« Choqué », le numéro un des supermarchés Tesco au Royaume-Uni, qui opère également en Asie, en Europe de l’Est et en Irlande, a « immédiatement suspendu (la production à) l’usine où ces cartes sont produites et lancé une enquête », a réagi une porte-parole.  « Nous avons également retiré ces cartes de la vente », dont le produit est reversé à des organisations caritatives, a-t-elle précisé. Elle ajoute : « Nous abhorrons le recours au travail pénitentiaire et nous ne l’autoriserions jamais dans notre chaîne de production ».

Selon le groupe, la carte a été produite dans l’usine Zheijiang Yunguang Printing, qui a fait l’objet d’un « contrôle indépendant » en novembre. « Aucun élément n’a été trouvé tendant à suggérer qu’ils avaient enfreint notre règle interdisant le travail pénitentiaire », a souligné la porte-parole. Si cela avait été le cas, ce fournisseur aurait été radié « immédiatement et de manière permanente ». Tesco a dit également disposer de 35 gestionnaires en approvisionnement à temps plein en Asie, chargés de veiller aux bonnes conditions de travail dans les usines.

« Contacter M. Peter Humphrey »

Selon le Sunday Times, le message retrouvé dans la carte demandait également à la personne qui le trouverait de « contacter M. Peter Humphrey ». 

Le père de la fillette a donc recherché le nom sur Google et a découvert qu’il s’agissait de l’ex-journaliste et enquêteur privé qui avait été arrêté durant l’été 2013, puis condamné en août 2014 à deux ans et demi de prison pour violations des lois chinoises sur la vie privée alors qu’il travaillait dans le pays pour le compte du groupe britannique GlaxoSmithKline (GSK).

Peter Humphrey, qui a signé l’article du Sunday Times, a purgé une partie de sa peine dans la prison de Qingpu. Il a expliqué avoir contacté d’ex-prisonniers de l’établissement qui lui ont confirmé avoir été forcés d’emballer les cartes de Tesco.

Des précédents

Selon la télévision britannique Sky News, cette découverte n’est pas la première du genre : en 2017, un message en caractères chinois, provenant d’une prison de Guangzhou (sud), avait été retrouvé dans une boîte de cartes de Noël de la chaîne de supermarchés Sainsbury’s.

En 2014, un mot dénonçant du travail forcé dans une autre prison chinoise avait été retrouvé dans un pantalon du magasin d’habillement bon marché Primark, en Irlande du Nord.

Une lettre cachée dans un article de décoration d’Halloween

Sun Yi, un ingénieur, a passé 2 ans et demi dans le camp de travail de Masanjia dans la ville de Shenyang, au nord du pays, de 2008 à 2010. Considéré comme le camp de travail le plus célèbre de Chine, on y obligeait les détenus à travailler 15 heures par jour, 7 jours par semaine, et ils y étaient soumis à la torture et aux abus.

La tâche de Sun Yi était de fabriquer des pierres tombales en mousse pour les kits de décoration d’Halloween. Un jour, Sun Yi a écrit les lettres SOS à l’aide d’un stylo dissimulé et les a mises dans des emballages de décorations d’Halloween destinées aux pays occidentaux.

Une femme vivant dans l’Oregon (États-Unis) découvre par hasard en 2010 une de ses lettres écrites, cachée dans un article de décoration d’Halloween.

Sun Yi pratiquait la discipline spirituelle du Falun Gong, ce qui a fait de lui la cible de la persécution violente et de la propagande haineuse que le régime a déclenchées partout en Chine depuis juillet 1999. Des millions de pratiquants du Falun Gong ont été arrêtés, emprisonnés et torturés. Sun Yi a été détenu huit fois dans des centres de lavage de cerveau et des camps de travail forcé.

Le film documentaire primé Letter from Masanjia (La Lettre de Masanjia) raconte l’histoire vraie du courage et de l’espoir extraordinaires d’un homme nommé Sun Yi, au milieu des horreurs inimaginables qu’il a endurées comme prisonnier d’opinion dans un camp de travail forcé.

 

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