Jonathann Daval a livré lundi des aveux complets lors d’une reconstitution judiciaire qui s’est prolongée pendant sept heures en Haute-Saône, reconnaissant avoir procédé lui-même « à la crémation partielle du corps » de sa femme Alexia et lui avoir porté des coups mortels d’une extrême violence.
Ces aveux ont levé les dernières zones d’ombre qui planaient sur ce dossier et définitivement écarté la thèse d’une complicité, avancée un temps par certains membres de la partie civile.
Une nouvelle fois dans cette affaire, l’intervention de la mère et du père d’Alexia, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, présents -fait exceptionnel- lors de la reconstitution, aura été décisive, conduisant l’informaticien de 35 ans à reconnaître les faits.
« Face à la demande pressante de ses beaux-parents, qui l’ont imploré de dire toute la vérité, il (Jonathann Daval, NDLR) a finalement admis qu’il avait non seulement donné la mort mais également procédé à la crémation partielle du corps », a déclaré le procureur de la République à Besançon, Etienne Manteaux, devant la presse.
Les suites macabres d’une violente dispute
Jonathann Daval a reconnu aussi la violence des coups qu’il lui avait portés lors d’une dispute, qu’il minimisait jusque-là.
La dispute, a expliqué Etienne Manteaux, avait dégénéré dans l’escalier du pavillon que le couple habitait à Gray-la-Ville, où la reconstitution a débuté à 05H00 lundi, afin de reproduire peu ou prou les conditions nocturnes du meurtre.
Après une empoignade, « il aurait frappé le visage de sa femme contre un mur en béton dans la descente d’escalier et aurait ensuite, parce qu’elle criait, (…) asséné entre 5 et 10 coups de poing au niveau du visage », a détaillé le procureur.
Puis, a-t-il dit, Jonathann Daval « a remimé le geste qu’il aurait accompli ce soir-là, en l’étranglant pendant environ 4 minutes de façon continue ».
Un récit et des faits « parfaitement cohérents avec l’ensemble des lésions constatées au niveau du thorax et de la face intérieure du corps et au niveau du visage », selon les médecins légistes, également présents lors de la reconstitution, a ajouté le procureur.
A l’origine du conflit qui est « allé crescendo » au sein du couple, « un rapport sexuel » réclamé par Alexia Daval, qui « prenait à cette époque un traitement de stimulation de la fertilité dans son désir d’être mère et M. Daval (qui) a refusé ce rapport sexuel », a confié M. Manteaux.
Entamée dans le pavillon du couple, la reconstitution s’est poursuivie sous le soleil en milieu de matinée dans une zone forestière, le Bois d’Esmoulins, où le corps d’Alexia avait été découvert, partiellement brûlé, le 28 octobre 2017.
« Alexia va peut-être pouvoir reposer en paix maintenant »
« Nous voulions la vérité, nous l’avons eue », a réagi Isabelle Fouillot qui avait déjà arraché à Jonathann Daval, dont elle était très proche, ses seconds aveux en décembre après une période pendant laquelle l’homme avait invoqué un « complot familial », accusant son beau-frère Grégory Gay d’être l’auteur du meurtre.
« Je le connais bien (Jonathann Daval, NDLR), je sais qu’il nous aime, nous avons des liens très forts avec lui. Ce n’était pas facile », a poursuivi Isabelle Fouillot, ajoutant: « Alexia va peut-être pouvoir reposer en paix maintenant ».
Comme on lui demandait si elle était prête à pardonner, la mère d’Alexia a enchaîné: « C’est tellement dur pour l’instant, on l’aimait. Le pardon, ça viendra un peu plus tard. Chaque chose en son temps… ».
Selon Etienne Manteaux, le procès pourrait se tenir « plutôt au deuxième semestre 2020 ».
Au cours de la reconstitution, à laquelle assistaient, outre les parents d’Alexia, sa soeur et son beau-frère Stéphanie et Grégory Gay, Jonathann Daval « a demandé pardon tout en disant qu’il était impardonnable », a-t-il rapporté.
C’est une « bonne journée pour la défense des parties civiles et pour la vérité », s’est félicité Me Jean-Marc Florand, conseil des parents.
« Il a fallu le savoir-faire d’Isabelle (Fouillot), accompagné par le savoir-faire du juge, pour que la situation se débloque. La justice, quelquefois, c’est de la psychologie« , a ajouté Me Gilles-Jean Portejoie, autre avocat des parties civiles.
Epochtimes.fr avec AFP
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