Rappel des développements depuis la disparition le 2 octobre 2018 du journaliste Jamal Khashoggi, tué dans l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul. L’éditorialiste saoudien s’était exilé aux Etats-Unis en 2017, redoutant une arrestation après avoir critiqué le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit MBS.
Mercredi, une experte des droits de l’Homme de l’ONU, Agnès Callamard, a estimé que des preuves suffisantes existaient pour ouvrir une enquête sur de hauts responsables saoudiens, y compris le prince.
Le 2 octobre 2018, Jamal Khashoggi entre au consulat saoudien à Istanbul, selon une image de caméra de surveillance publiée par le Washington Post avec lequel il collabore. Selon sa fiancée, il s’y est rendu pour des démarches en vue de leur mariage.
Le 5, le prince héritier affirme que Khashoggi est entré au consulat mais en est sorti peu après. Une source proche du gouvernement turc affirme le lendemain que « le journaliste a été tué au consulat par une équipe venue spécialement à Istanbul et repartie dans la même journée ». Ryad dément.
Le 7, le Washington Post affirme que le corps « a été probablement découpé et mis dans des caisses avant d’être transféré par avion hors du pays ». Le 10, le journal avance qu’Ankara aurait affirmé à Washington détenir des enregistrements montrant comment Khashoggi a été « interrogé, torturé puis tué ».
Selon le New York Times, l’un des hommes soupçonnés d’avoir participé à l’assassinat appartient à l’entourage de MBS, trois autres aux services de sécurité rattachés au prince. Le 18 octobre, Donald Trump admet que Khashoggi est très probablement mort et menace Ryad de « très graves » conséquences si sa responsabilité est confirmée.
Le 20, Ryad admet que le journaliste a été tué dans le consulat lors d’une « rixe à coups de poing ». Le roi demande au prince de restructurer les services des renseignement. Quatre responsables sont limogés. Khashoggi a été victime d’un « meurtre », déclare le lendemain le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, évoquant une « opération non autorisée », dont MBS n’était « pas informé ».
Le 23, le président turc Recep Tayyip Erdogan décrit un « assassinat politique » « planifié », mis à exécution par une équipe de « quinze agents ». Le 24, Mohammed ben Salmane réagit pour la première fois publiquement: « C’est un incident hideux et totalement injustifiable ».
Fin octobre, le parquet turc indique que Khashoggi a été tué par « strangulation » et son corps « démembré ». Le 2 novembre, Erdogan accuse les « plus hauts niveaux du gouvernement saoudien » d’avoir commandité le meurtre, tout en excluant le roi. Son conseiller affirme que le corps a été démembré pour pouvoir être « dissous » plus facilement.
Le 15, Washington annonce des sanctions contre des responsables saoudiens. L’Allemagne, la France et le Canada ont pris de telles mesures. Le 16 novembre, le Washington Post rapporte que la CIA a conclu que MBS avait commandité l’assassinat.
Le 20, Donald Trump n’exclut pas que le prince ait été au courant, mais affirme que « les Etats-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l’Arabie saoudite ». La CIA n’a « rien trouvé d’absolument certain », dit-il.
Mais le 4 décembre, des sénateurs républicains affirment, après avoir été informés des conclusions de la CIA, n’avoir « aucun doute » sur le fait que le prince avait « ordonné » le meurtre. Le 13, le Sénat adopte une résolution tenant MBS pour « responsable ». Le 3 janvier 2019, le procureur général requiert la peine de mort contre cinq des onze suspects accusés du meurtre, à leur procès à Ryad.
Le 7 février, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires Agnès Callamard affirme détenir des « preuves » montrant que le « meurtre » avait été « planifié et perpétré par des représentants de l’Etat d’Arabie saoudite ». Le 8, le ministre d’Etat saoudien aux Affaires étrangères Adel al-Jubeir affirme que le prince « n’est pas impliqué dans le meurtre » et s’en prendre à lui « est une ligne rouge ».
Le 19 juin, Agnès Callamard indique avoir « déterminé qu’il existe des éléments de preuve crédibles, justifiant une enquête supplémentaire sur la responsabilité individuelle de hauts responsables saoudiens, y compris celle du prince héritier ». Elle appelle l’ONU à lancer une enquête internationale, réclamant des sanctions contre les biens personnels du prince.
D.C avec AFP
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