Environ 5000 personnes ont entamé samedi à Châteauroux une marche blanche en hommage au jeune Matisse, 15 ans, tué par un adolescent du même âge le 27 avril, à l’appel de la famille qui refuse toute récupération politique, a constaté une correspondante de l’AFP.
Sous une éclaircie, la place La Fayette dans le centre-ville était noire de monde, avec, parmi les nombreuses personnes présentes, des élus, portant des roses blanches ou roses. Certaines personnes avaient revêtu des tee-shirts avec des loutres, une réfèrence au surnom de Matisse donné par son père Christophe Marchais.
Les parents de Matisse se tenaient en tête du cortège silencieux, derrière une banderole à l’image de leur fils.
— Benjamin Abgrall (@BenjiAbgrall) May 4, 2024
Les commerces étaient quasiment tous fermés et beaucoup avaient sur leur vitrine une photo de l’adolescent ou d’une loutre. Le besoin de faire « quelque chose » s’est imposé pour les professionnels de la restauration de Châteauroux, explique Delphine Chambonneau, propriétaire du Albert Coffee shop, installé dans le centre-ville.
« Repose en paix Matisse »
Matisse était apprenti cuisinier au CFA de l’Indre et son père est propriétaire d’un restaurant. « On se connaît tous. On a tous un lien avec cette famille », explique Mme Chambonneau, alors qu’un tee-shirt avec la mention « restaurateurs et cafetiers unis dans la douleur – Repose en paix Matisse » a été confectionné. La journée du dimanche 28 avril, au lendemain du drame, avait été particulièrement difficile, poursuit Mme Chambonneau. « Tous les clients se mettaient à pleurer ».
🔴 Le cortège continue sa marche dans les rues piétonnes 🔽 pic.twitter.com/lC5PPZ6NYh
— Benjamin Abgrall (@BenjiAbgrall) May 4, 2024
Malgré l’appel notamment du père de Matisse à se garder de toute récupération politique, vendredi soir, un groupuscule a déployé devant la mairie des banderoles : « Justice pour Matisse », « Français réveille-toi ». Selon le préfet de l’Indre, Thibault Lanxade, l’opération a été « très rapide ». « Ils étaient une dizaine. Ils ont déroulé leurs banderoles et sont repartis ». L’action a été revendiquée par le groupuscule « Animus Fortis » sur son compte X.
L’adolescent a succombé à ses blessures le 27 avril, après plusieurs coups de couteau dans le quartier Saint-Denis, selon la procureure de la République de Bourges. Son agresseur présumé a été mis en examen lundi soir pour « meurtre » et placé en détention provisoire, et sa mère, âgée de 37 ans et soupçonnée d’avoir « asséné des gifles à la victime » blessée, a été mise en examen pour « violences volontaires » sur « personne vulnérable ».
Sur les réseaux sociaux et dans des boucles de messagerie cryptée, les photos du suspect, de ses parents, et des liens vers ses comptes personnels sont partagés, a constaté l’AFP.
Une compagnie de CRS renforcée
Compte tenu de « pressions » et de la présence de « très jeunes enfants » au sein de cette famille, le préfet de l’Indre a assuré à l’AFP que « des moyens ont été mis en œuvre pour les sécuriser dès jeudi soir ».
Depuis plusieurs jours, Christophe Marchais ne cesse pourtant de mettre en garde : « Ne mélangeons pas tout. Faites attention à tous les bords de droite ou d’ailleurs qui s’approprient ce genre de chose », a-t-il déclaré au micro de RTL.
Pour éviter tout débordement lors de l’hommage, la préfecture a décidé du « renfort d’une compagnie de CRS » aux côtés des gendarmes et policiers du département, de la tenue de « contrôles sur les sorties d’autoroute et sur les entrées de l’agglomération de Châteauroux ».
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