Meurtre de Victorine en Isère : la réclusion à perpétuité a été requise contre son « prédateur »

Par Epoch Times avec AFP
6 décembre 2024 08:37 Mis à jour: 6 décembre 2024 08:38

Une « personnalité dominatrice » en « mode prédateur » : la réclusion criminelle à perpétuité a été requise jeudi à Grenoble à l’encontre de Ludovic Bertin pour le meurtre en 2020 d’une étudiante de 18 ans, Victorine Dartois, qu’il reconnaît avoir étranglée et noyée mais nie avoir tenté de violer.

L’accusé de 29 ans n’a pas tué la jeune femme sur un « coup de tête », mais selon un « scénario soigneusement calculé », a lancé l’avocate générale Françoise Benezech, demandant que la peine soit assortie d’une période de sûreté de 25 ans.

Ludovic Bertin cherchait une « proie à violer » et c’est pour cela qu’il s’en est pris à Victorine Dartois, une « mise à mort qu’il termine en la noyant vivante », a-t-elle assené dans un réquisitoire implacable. « Oui, c’est un meurtrier ! », a rétorqué l’avocat de l’accusé, Me Arnaud Adelise, tout en insistant sur l’absence de preuves de la tentative du viol. Dénonçant la « charge émotionnelle qui pèse sur ce dossier », il a appelé les jurés à s’en tenir « au Droit ». Le verdict est attendu vendredi.

Rappel des faits

Le 26 septembre 2020, Victorine Dartois, qui entamait à l’époque un BTS en communication, avait disparu en rentrant à pied au domicile familial à Villefontaine, dans le nord de l’Isère, après un après-midi de shopping. Le surlendemain, son corps avait été retrouvé dans un ruisseau, son pantalon à ses côtés. Le crime avait suscité une forte émotion dans la région et au-delà, et une marche blanche avait rassemblé des milliers de personnes.

Des roses blanches ont été déposées à l’endroit où le corps de Victorine a été retrouvé lundi après-midi. (PHILIPPE DESMAZES/AFP via Getty Images)

Vingt jours plus tard, la police avait interpellé Ludovic Bertin, dénoncé par un ami à qui il s’était confié. Ce père d’un jeune enfant, alors âgé de 25 ans et gérant d’une entreprise de transport, avait déjà un lourd casier mais pas de passage en prison. Il avait rapidement reconnu le meurtre, affirmant avoir croisé la jeune femme lors d’un footing et avoir « paniqué » après une altercation avec elle, et sous l’effet de la « cocaïne ». Mais il a nié toute tentative de viol, une ligne qu’il a maintenue tout au long du procès, sans convaincre.

Quand on l’interroge, « on n’obtient pas grand chose de M. Bertin et on n’obtient plus rien quand on le met face à ces incohérences », a souligné l’avocate générale. Pour Mme Benezech, les éléments matériels sont toutefois « incontestables » : cette « personnalité dominatrice » a agi « sur un mode de prédateur, en repérant sa victime » avant d’agir avec « froideur et détermination ».

Quant au viol commis deux ans plus tôt, dans le département du Rhône, sur une jeune femme prénommée « Vicky », dont est également accusé Ludovic Bertin, il « permet d’éclairer les faits commis au préjudice de Victorine Dartois », estime la magistrate. Et s’il nie là encore, c’est parce qu’« on touche à l’intouchable, pour lui c’est psychiquement impossible » d’avouer un viol, souligne l’avocate générale, dont le ton monte à plusieurs reprises face à cet homme qui demeure impassible.

Ses réquisitions ont été saluées par l’avocate de la famille Dartois. Elles « sont à la hauteur des faits reprochés et de leur gravité, mais aussi de l’attitude de M. Bertin depuis le 14 octobre 2020 », a déclaré à la presse Me Kelly Monteiro lors d’une suspension d’audience.

Les proches de Victorine attendent au palais de justice de Grenoble, le 25 novembre 2024. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP via Getty Images)

« Un monstre qui tue par plaisir »

« Nous avons bien tous compris ce qu’il a essayé de lui faire, mais Victorine a résisté au prix de sa vie », avait-elle plaidé auparavant, en reprochant à l’accusé d’accorder plus d’importance aux « médias, à sa famille, à son image », qu’aux proches de Victorine.

Entendu à la barre des témoins, le père de la jeune fille a lui aussi dénoncé l’attitude de l’accusé. « Il a demandé pardon à sa famille, pas à nous », a regretté James Dartois, le visage fermé, contenant mal son émotion. « C’est un manipulateur, un monstre qui tue par plaisir », « j’espère que la justice sera exemplaire ».

En fin de journée, il s’est dit « vidé ». « On n’a eu que des mensonges, on ne pourra pas pardonner », a-t-il confié à quelques journalistes. Mais « on va essayer de se reconstruire, d’avancer et de faire notre deuil ».

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