Quatre Espagnols membres de l’ETA ont été condamnés mercredi en appel à Paris à des peines allant de 14 à 25 ans de prison pour un braquage et le meurtre d’un policier français en 2010, dernière victime de l’organisation séparatiste basque.
Ces peines prononcées par la cour d’assises spéciale de Paris, composée uniquement de magistrats professionnels comme c’est la règle pour les crimes terroristes, sont les mêmes qu’en première instance.
La cour n’a pas suivi l’avocate générale qui avait demandé, outre les peines de prison, une période de sûreté des deux tiers.
Mais elle a prononcé, comme requis, une exclusion définitive du territoire français à l’encontre des quatre Espagnols.
Ce procès s’est tenu sans le dernier grand chef de l’appareil militaire de l’ETA, Mikel Carrera Sarobe, alias « Ata », qui a renoncé à faire appel de sa condamnation à la prison à vie. Son ADN avait été retrouvé sur une douille sur les lieux de la fusillade. Un autre etarra, condamné à 16 ans de réclusion criminelle, avait également renoncé à son appel.
Pendant quatre semaines, ils n’étaient donc que quatre – trois hommes et une femme – dans le box des accusés. Ils se sont présentés comme des « militants de l’ETA » et n’ont pris la parole que pour de brèves déclarations politiques.
Mercredi, ils ont à nouveau déploré que « les États (français et espagnol) s’obstinent à perpétuer le conflit politique » et demandé à Paris de se démarquer des « positions antidémocratiques » de Madrid, alors que « l’ETA a renoncé définitivement à la lutte armée » depuis six ans.
Ils ont été condamnés pour avoir fait partie d’un commando armé qui, le 16 mars 2010, a braqué un dépôt-vente de voitures, séquestré son employé avant de s’enfuir avec plusieurs véhicules, puis déclenché la fusillade mortelle en réponse à un contrôle de police en région parisienne.
La victime, le brigadier chef Jean-Charles Nérin, 52 ans, est le seul policier français à être tombé sous les balles de l’ETA et la dernière des 829 personnes tuées au nom de la lutte pour l’indépendance du Pays basque et de la Navarre.
Côté accusés, Arkaitz Aguirregabiria del Barrio, 34 ans, a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle. Présenté comme l’ex-lieutenant de Carrera Sarobe, il avait été formellement reconnu par l’employé du garage où les voitures ont été volées. Il est aussi celui qui a déclenché la fusillade, selon l’accusation.
Josu Urbieta Alcorta, 39 ans, a été condamné à 16 ans de réclusion pour avoir participé à la fusillade.
Xabier Goyenechea Iragorri, 37 ans, a été condamné à 14 ans de réclusion criminelle pour sa participation au braquage qui a précédé la fusillade, tout comme Izaskun Lesaca Arguelles, 42 ans – la « voix » qui interrogeait l’employé du garage, selon l’accusation.
Les quatre condamnés disposent de cinq jours pour former un éventuel pourvoi en cassation.
L’ETA, un groupe créé en 1959 pour résister à la dictature franquiste avant de devenir une organisation paramilitaire indépendantiste, avait admis être l’auteur de la fusillade, accusant la police française d’avoir tiré la première.
A l’époque du premier procès, l’organisation avait déjà renoncé à la lutte armée (en 2011). Un pas de plus a été franchi depuis, avec la remise le 8 avril dernier d’une liste de huit caches d’armes en France, dans les Pyrénées-Atlantiques. Un geste salué par Paris, mais jugé insuffisant par Madrid, qui a appelé l’organisation à se dissoudre.
I.M. avec AFP
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