ANALYSES

Meurtres en série, corruption, crise du lait, etc. : les dernières actualités en Chine

décembre 6, 2024 7:21, Last Updated: décembre 6, 2024 14:22
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Alors que, dans la compétition internationale, le régime chinois est le premier adversaire des démocraties occidentales et déplace méthodiquement ses pions sur l’échiquier mondial, son actualité intérieure est révélatrice de ses propres maux, dans un Empire du Milieu étroitement contrôlé par le Parti communiste chinois (PCC).

Voici une vue d’ensemble des dernières actualités de la Chine, au mois de novembre 2024.

Un journaliste condamné à sept ans de prison pour espionnage

Un tribunal de Pékin a condamné le 29 novembre un journaliste chinois, qui travaillait pour un média d’État tout en conservant une certaine liberté de ton, à sept ans de prison pour espionnage, a indiqué sa famille dans un communiqué.

Dong Yuyu, 62 ans, écrivait des éditoriaux dans le journal Quotidien de la Clarté (Guangming Ribao), propriété du Parti communiste au pouvoir. Il avait été arrêté en février 2022 alors qu’il déjeunait à Pékin avec un diplomate japonais.

« Le Tribunal populaire intermédiaire n° 2 de Pékin a condamné Yuyu pour espionnage, un crime qui exige que l’accusation prouve que l’accusé a sciemment agi pour le compte d’organisations d’espionnage et de leurs agents », a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Nous sommes choqués que les autorités chinoises considèrent ouvertement une ambassade étrangère comme une organisation d’espionnage et accusent l’ex-ambassadeur japonais et ses collègues diplomates d’être des espions », souligne le texte.

Des articles de Dong Yuyu avaient également été publiés dans les éditions en chinois des quotidiens américain New York Times et britannique Financial Times. 

Les autorités contrôlent étroitement le contenu des médias et les ressortissants chinois qui travaillent pour des médias étrangers font parfois l’objet de pressions. Un total de 44 journalistes ou journalistes citoyens sont derrière les barreaux en Chine, selon un décompte établi en décembre 2023 par le Comité de protection des journalistes (CPJ), une organisation basée aux États-Unis.

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Le ministre de la Défense visé par une enquête pour corruption

Le ministre chinois de la Défense, Dong Jun, fait l’objet d’une enquête pour corruption, a rapporté le Financial Times le 27 novembre. Le quotidien britannique a affirmé que l’enquête visant M. Dong s’inscrivait dans le cadre d’investigations plus larges sur la corruption au sein de l’armée.

Xi Jinping mène depuis son arrivée au pouvoir il y a un peu plus de dix ans une vaste campagne de répression de la corruption chez les fonctionnaires, qui s’est élargie à l’armée. Ses détracteurs estiment qu’elle lui sert à éliminer ses rivaux sur le plan politique.

Début novembre, le président Xi Jinping a ordonné à l’armée d’ « enquêter sur la corruption et les tendances malsaines parmi les officiers et les soldats et [d’y] remédier ».

Un ancien patron de Bank of China condamné à mort avec sursis pour corruption

L’ancien patron de l’une des principales banques chinoises a été condamné le 26 novembre à la peine de mort avec sursis pour corruption, selon des médias d’État.

Liu Liange, ex-président de la Bank of China, a été condamné à mort avec un sursis de deux ans pour avoir accepté des pots-de-vin « extrêmement importants » s’élevant à 121 millions de yuans (16,7 millions de dollars), a rapporté la télévision d’État CCTV.

Ces derniers mois, d’autres hauts responsables du secteur financier ont été lourdement condamnés : Fan Yifei, ex-vice-gouverneur de la banque centrale, s’est vu infliger la prison à vie en octobre pour avoir reçu illégalement 386 millions de yuans de biens. En mai, Bai Tianhui, ancien dirigeant d’une grande société publique de gestion d’actifs, avait déjà été condamné à mort.

Après 8 ans de torture dans une prison chinoise, une enseignante à la retraite est à nouveau condamnée pour sa foi

Une enseignante chinoise à la retraite, qui a enduré plus de huit ans de brutalité en détention pour sa foi dans le Falun Gong, a été condamnée à trois ans de prison pour avoir pratiqué cette discipline méditative.

La dernière condamnation de Wei Shuyuan a été confirmée par Minghui, un site web qui fait état de la persécution du Falun Gong, dans un rapport daté du 25 novembre. Cette condamnation intervient plus d’un an après son arrestation, le 14 août 2023, alors qu’elle faisait ses courses dans sa ville natale de Xuchang, dans le centre de la Chine.

Bien qu’elle ait été libérée sous caution le jour suivant, en raison d’un diagnostic d’anémie sévère, Mme Wei a dû faire face à un harcèlement incessant au cours des mois qui ont suivi.

Elle a été soumise à des examens médicaux au moins trois fois. Les centres de détention locaux l’ont refusée à chaque fois en raison de son état de santé fragile. La situation a changé le 24 juin, lorsque la police a fait irruption chez elle, traînant cette femme de 61 ans au centre de détention de la ville de Xuchang.

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Le PCC compte sur ses médiateurs pour éviter les litiges meurtriers

Le régime chinois va renforcer la surveillance des litiges « courants », comme les divorces et les conflits de propriété, a déclaré la presse officielle le 24 novembre.

Ces derniers mois, la Chine a été le théâtre d’une série de rares attaques meurtrières, à l’arme blanche ou à la voiture bélier. Au début du mois, un divorcé a tué 35 personnes en fonçant avec sa voiture sur une foule dans le sud du pays, l’attentat le plus meurtrier depuis dix ans en Chine. L’attaque aurait été « déclenchée par un mécontentement concernant le partage des biens à la suite de son divorce », selon la police locale.

Quelques jours plus tard, huit personnes ont été tuées lors d’une attaque au couteau dans une école de l’est de la Chine. Le suspect était un ancien élève qui devait obtenir son diplôme cette année mais avait échoué à ses examens, selon la police. Ensuite, une voiture s’est écrasée près d’une école primaire dans le centre de la Chine et a blessé plusieurs enfants. De nombreuses vidéos semblent avoir été retirées des plateformes des médias sociaux.

En Chine, les producteurs de lait boivent la tasse

Les producteurs de lait sont aujourd’hui à court de liquidités en Chine, victime d’une crise du secteur emblématique des tourments économiques du géant asiatique.

Si les produits laitiers ne font pas partie de l’alimentation traditionnelle chinoise, ils sont appréciés par la clientèle urbaine et le gouvernement incite régulièrement à en consommer, en invoquant ses bienfaits pour la santé.

Pendant des années, la Chine a fortement augmenté ses capacités de production de lait et importé un grand nombre de vaches, avec la volonté de sécuriser ses approvisionnements alimentaires.

Mais la consommation reste modérée. Une situation qui entraîne une surabondance de lait sur le marché. Résultat: une chute des prix qui pousse désormais les agriculteurs au bord du gouffre financier.

Quelque 300.000 animaux devraient peut-être être abattus pour réduire les surcapacités, a indiqué en juillet un haut responsable de l’association de l’industrie laitière, cité par les médias chinois.

Attaque au couteau dans une école en Chine, huit morts et 17 blessés

Une attaque au couteau dans une école de l’est de la Chine, perpétrée par un ancien élève, a fait le 16 novembre huit morts et 17 blessés, ont annoncé les autorités, ajoutant que son auteur avait été arrêté.

D’après les premiers éléments de l’enquête, cités dans le communiqué, le suspect est un homme de 21 ans, un étudiant de la promotion 2024.

« Parce qu’il n’a pas obtenu son diplôme après son échec aux examens et parce qu’il était mécontent de sa rémunération pendant son stage, il est revenu à l’école pour exprimer sa colère et commettre ces meurtres », a dit la police de Yixing. Aucune vidéo du drame n’était à première vue visible sur les réseaux sociaux, signe d’un possible retrait des contenus par les plateformes.

Mais de nombreux internautes se disaient abasourdis par cet enchaînement de deux tueries dans la même semaine. « Dans quel état de désespoir doivent être ces gens pour en arriver à ces extrémités ? », commentait un utilisateur du réseau social Weibo.

« C’est le combientième cas de ce type cette année ? […] L’écart de richesse est de plus en plus grand, tout le monde doit vraiment trimer aujourd’hui pour vivre », déplorait un utilisateur de la plateforme, qui tentait un début d’analyse.

Une censure des commentaires semblait à l’œuvre sur Weibo, notamment sous les messages des médias officiels qui évoquaient le drame. Celui de la télévision étatique CCTV déclare ainsi avoir généré 6357 commentaires, mais seuls une vingtaine, très convenus, restaient visibles.

Comment le régime a censuré une attaque à la voiture-bélier meurtrière

Il a fallu près de 24 heures aux autorités de Zhuhai pour révéler un bilan de l’attaque à la voiture-bélier qui a fait 35 morts le 11 novembre dans cette ville du sud de la Chine, un délai révélateur des efforts de Pékin pour empêcher la diffusion d’informations sensibles.

Des images montrant des corps gisant sur la chaussée ont été diffusées sur les réseaux sociaux dans les heures qui ont suivi l’accident, mais elles avaient disparu tôt le 12 novembre au matin, alors que la police locale ne faisait état que de « blessures ».

Les autorités ont également fait retirer le lendemain les fleurs et les bougies déposées près de l’endroit où s’est déroulé le drame.

Le régime chinois surveille étroitement ses plateformes nationales de réseaux sociaux, où il est courant que des mots-clés ou contenus jugés sensibles soient supprimés, parfois en l’espace de quelques minutes.

Le PCC a une longue tradition de contrôle de la diffusion de l’information, ce qui entraîne parfois des retards coûteux dans les réponses aux catastrophes. En 2008, les autorités ont tenté d’étouffer une nouvelle concernant du lait contaminé qui a empoisonné près de 300.000 enfants quelques jours avant les jeux Olympiques de Pékin. En 2019, les autorités chinoises ont retardé la réponse au Covid-19 en pénalisant les agents de santé locaux qui alertaient qu’un coronavirus se propageait rapidement.

​​Les autorités chinoises tentent d’arrêter un événement de cyclisme nocturne face à l’ampleur du phénomène viral

Le cyclisme nocturne est devenu une activité populaire auprès des étudiants universitaires en Chine, attirant l’attention de milliers d’entre eux à un moment où leur moral est au plus bas du fait des sombres perspectives d’emploi dans le pays communiste.

Le 8 novembre, la participation dans la ville de Kaifeng, dans la province du Henan, a frôlé les 200.000 personnes, selon certains décomptes sur les médias sociaux chinois, provoquant une réaction du Parti communiste chinois, la police tentant d’urgence de mettre fin à l’activité.

À la suite de cette participation record, la police a annoncé que l’autoroute Zhengkai à six voies serait fermée les 9 et 10 novembre, et trois applications de partage de vélos ont annoncé qu’elles verrouilleraient automatiquement les vélos à proximité de la zone.

Quelques jours avant l’incident viral du 8 novembre, les médias d’État chinois ont publié des articles favorables aux promenades nocturnes, les présentant comme une activité nationaliste faisant l’éloge du PCC. Depuis, les médias ont changé de ton et fustigé les étudiants.

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