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Meuse : des pilleurs s’en prennent à des chênes centenaires, un véritable « crève-coeur »

novembre 28, 2024 10:36, Last Updated: novembre 28, 2024 10:39
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« Ils laissent derrière eux la désolation » : des voleurs de bois ciblent, depuis le début de l’année, des parcelles où s’épanouissaient des chênes centenaires, causant un préjudice moral et financier important dans la Meuse, où ces faits sont nouveaux.

Le vol de bois « existe depuis la nuit des temps », rappelle François Godinot, président du Syndicat des propriétaires forestiers de la Meuse (Fransylva 55). Il peut venir d’un exploitant qui dépasse « à droite, à gauche de sa parcelle » ou bien se caractériser par un vol de bûches déjà coupées. « On sait gérer ça », balaie-t-il.

Mais ces vols de chênes, dont le prix est élevé, sont « bien plus graves » et « nouveaux » dans le département : concrètement, « des indics repèrent que telle parcelle est assez discrètement placée », pas trop loin de la route nationale, avec « de beaux chênes », et en un ou deux jours, ces arbres, souvent centenaires, sont coupés et emmenés. Les petites parcelles privées sont les plus prisées, selon lui. Il y a plus de 20.000 propriétaires en Meuse.

C’est ce qui est arrivé à Éric Berton, dans le secteur de Louppy-le-Château. Ce propriétaire forestier a été informé, fin mars, par un représentant de la chambre d’agriculture de la Meuse que sa parcelle avait été pillée. Sans son autorisation, évidement.

Les malfaiteurs « avaient comme but de ramasser un maximum de grumes (ndlt : bois abattu) en allant en ligne droite », explique-t-il. Dans sa parcelle et autour, il y avait de nombreux chênes, qui ont été ciblés par les malfrats. « Ils ont agi en bande organisée, c’est sûr », pense le propriétaire forestier, qui souligne l’immensité de la tâche à accomplir : « Il faut non seulement le couper, mais aussi étêter l’arbre : ça ne prend pas cinq minutes ! »

Selon lui, même si la plupart des vols ont eu lieu à l’hiver dernier, lorsque la forêt était moins fréquentée, les « pilleurs » faisaient tout pour être discrets : ils « devaient sortir le bois au fur et à mesure, le chargeaient sur un camion, et l’expédition se faisait immédiatement », estime-t-il.

Une perte financière et morale

La perte est d’abord financière. M. Berton estime ses pertes à « 5000, 6000 euros », mais « des voisins de parcelle ont perdu le double » au moins, souligne-t-il. Mais c’est aussi « un crève-coeur » pour Éric Berton. « Ceux qui ont été abattus, c’est des chênes qui avaient entre 120 et 150 ans », regrette-t-il.

Il faut aussi remettre en état le terrain, que les malfaiteurs ont abîmé, en faisant des trous profonds avec leurs engins, qui n’ont pas été rebouchés et « pénalisent aujourd’hui la régénération de la forêt comme elle devrait se faire ». « Ils n’ont aucun scrupule », peste-t-il. « Ils laissent derrière eux la désolation », résume M. Godinot.

Mi-septembre, sept procédures liées à des plaintes pour vol de bois étaient recensées à la compagnie de gendarmerie de Commercy, a indiqué à l’AFP le procureur de la République de Bar-le-Duc, Sofian Saboulard. Mais « à ce stade des investigations, aucun élément ne confirme la thèse (…) d’une bande organisée ou de réseaux mafieux », précise le magistrat, qui explique que la « quasi-totalité des procédures » porte sur « des coupes de bois illégales perpétrées en dépassement des limites des parcelles autorisées initialement aux sociétés » de débardage ou de coupe de bois.

Cinq victimes à Louppy-le-Château

Toutefois, à Louppy-le-Château, une procédure recensant cinq victimes « est liée à un fait de vol au sens propre du terme », où « aucune autorisation ou contrat n’aurait été délivré par les victimes » à des entreprises « non identifiées à ce jour » qui ont abattu et emporté des arbres. La Brigade de recherche de Commercy est saisie de l’enquête sur ces faits « occasionnant des préjudices économiques non négligeables », rappelle le procureur.

Les investigations se poursuivent, a-t-il ajouté. Elles sont « complexes », « les différentes procédures ne présentant pas toutes des éléments objectifs permettant de faire un lien évident ». En outre, « les témoignages et les éléments de police technique et scientifique se font rares sur ce type de dossiers ».

La chambre d’agriculture de la Meuse a elle appelé les riverains à la vigilance, à effectuer des relevés de plaques d’immatriculation des véhicules ou encore à prendre des photos. Des aides « précieuses » qui pourraient permettre la mise en place d’« un réseau de surveillance ».

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