Mexico, la mégapole aux multiples visages

novembre 17, 2016 2:06, Last Updated: novembre 17, 2016 2:06
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Quand on découvre Mexico de nuit depuis un hublot, cet immense poudroiement lumineux que l’avion survole durant près d’une demi-heure avant de se poser suggère une fourmilière. Perception confirmée dès qu’on s’engage dans un taxi vers le centre de la ville. Même au cœur de la nuit, Mexico grouille encore d’activités. Les quartiers se succèdent jusqu’à la Zona Rosa, point d’arrivée de nombreux voyageurs pour sa proximité avec le centre historique. Inévitable, la première question surgit : comment organiser sa visite dans une ville qui donne déjà le vertige ?

Apprivoiser la capitale

Les hôtels distribuent des plans du centre qui permettent une première approche entre le cœur historique qui gravite autour du Zócalo, la Zona Rosa qui s’étire autour du Paseo de la Reforma, la butte de Chapultepec, son château et son parc qui surplombent le Paseo, les quartiers résidentiels de la Condesa, de Roma et de Polanco. Plus au sud pointent les quartiers de Coyoacán et de San Angel qui méritent également le détour.

C’est en flânant que tout le centre de la ville se laisse découvrir au mieux d’autant que le peuple de la rue est amical et le spectacle étourdissant. Les autres quartiers, et ils sont nombreux, n’ont guère d’intérêt touristique et certains sont sans aucun doute dangereux pour les touristes, car on y pratiquera plus rapidement le vol à l’arraché. Évitez-les foules, entre autres, le métro aux heures de pointe. Conservez votre sac fermé devant vous et, au restaurant, gardez-le à vue. Pour voyager, prenez le Metrobús qui circule entre des zones à l’air libre sur des voies rapides qui lui sont dédiées. Ou encore des taxis officiels reconnaissables à leurs couleurs blanche et rose avec le logo de CDMX (Ciudad de Mexico) ou faites confiance à votre hôtel qui travaille avec des taxis qui leur sont attachés, même si ceux-ci sont un peu plus chers.

Le centre de Mexico donne aussi une étonnante image de propreté que d’autres capitales pourraient lui envier

Oubliez les clichés qui plombent encore cette ville. Bien sûr, les superlatifs lui vont bien pour la décrire : mégapole, surpeuplée, paralysée par le trafic, trop polluée, très dangereuse… mais la capitale a pris son destin en mains. Le parc automobile a évolué et s’est modernisé. Tous les vieux tacots sont interdits et les colectivos, ces petits combis qui servent de minibus pour joindre les quartiers entre eux à peu de frais sont appelés à disparaître rapidement, car ils ne répondent plus aux normes pour ce qui est d’émission de CO2. De nombreuses voitures de police sillonnent la capitale de jour comme de nuit et cette présence policière semble avoir dissuadé les contrevenants de toutes sortes. Le centre de Mexico donne aussi une étonnante image de propreté que d’autres capitales pourraient lui envier, d’autant que les poubelles ne sont pas légion. Des pistes cyclables ont fait leur apparition et, tout comme dans les grandes villes européennes, les eco-bicis fleurissent au coin des rues.

Le Palais des beaux-arts inauguré en 1934 est la plus grande enceinte consacrée aux arts mexicains et sans aucun doute un écrin offert au talent des artistes nationaux mais aussi internationaux. (Charles Mahaux)

Le Zocalo, témoin de l’histoire de Mexico

En 1519, quand Hernán Cortés franchit pour la première fois le col entre les deux volcans qui dominent le site, il découvre Tenochtitlán, une immense cité construite sur des îlots avec des jardins flottants, des canaux, des tours, des palais et de grands temples de pierre ainsi que de longues chaussées qui relient le tout à la terre ferme. Avec ces      50 000 barques qui circulent sur les canaux, l’opulence de la ville et l’apparat dont s’entoure l’empereur, tout paraît déjà démesuré aux yeux des Espagnols.

Les relations courtoises entre Moctezuma et le fier conquistador seront brèves. Après deux ans de batailles et un long siège de 75 jours, la résistance mexica s’effrite et Tenochtitlán capitule. Une nouvelle ville est alors dessinée par les Espagnols sur les soubassements de l’ancienne enceinte sacrée, les matériaux de construction sont récupérés dans les ruines des temples aztèques et sur l’ancienne place principale sont regroupés la cathédrale et les édifices gouvernementaux. Dans les années 1970, la découverte fortuite d’une statue initie des fouilles archéologiques à deux pas de la cathédrale, et des pans entiers de l’ancienne ville refont surface avec l’apparition de plusieurs temples superposés. Les ruines du Templo Mayor restent aujourd’hui l’ultime souvenir sur site de ce que fut la grande Tenochtitlán.

L’ancien lac de Texcoco a été comblé et asséché, les canaux sont devenus des rues et aujourd’hui la zone métropolitaine a largement dépassé les limites de la ville qui a englobé de nombreuses municipalités. Cette poussée démographique dans une cuvette dont la nappe phréatique est surexploitée amène la ville à s’enfoncer chaque année de quelques centimètres et il n’est pas rare de découvrir des immeubles penchés ou descendus par rapport au niveau du sol. C’est le cas pour la cathédrale, mais aussi pour certains édifices du vieux quartier colonial qui prolonge le zocalo vers l’est. Certains y voient une revanche des Aztèques…

La Zona Rosa et le Paseo de la Reforma

Cœur de la finance, des hôtels, des restaurants et des boîtes de nuit, la Zona Rosa est née dans les années 1950 quand le boom démographique de la ville entraîna un processus d’urbanisation effréné. Pour y remédier, on traça des avenues, dessina des parcs et des statues en réservant aux touristes une zone où tout resterait ouvert tard le soir. Aujourd’hui, c’est un lieu de rencontres qui réunit des bureaucrates, des étudiants, des touristes et des mères de famille sur le même espace, entre bancs publics – dont certains ont un design audacieux – et margelles de fontaines.

Les rues pavées de San Angel mènent à la découverte de la petite église de San Jacinto derrière de hauts murs et face à un atrium converti en jardin habité par les oiseaux. (Charles Mahaux)

Le Paseo de la Reforma est une large artère arborée tracée sur les ordres de l’empereur Maximilien afin de relier son palais de Chapultepec au centre de la ville. Achevée au début du XXe siècle par le dictateur Porfirio Diaz qui rêvait d’en faire les Champs-Élysées de la capitale, elle lui doit plusieurs ronds-points ornés de monuments symboliques comme celui dédié à Christophe Colomb, ou encore à l’Ange de l’Indépendance inauguré pour le 100e anniversaire de l’indépendance. Arborée de jacarandas, de frênes et de palmiers, cette avenue est particulièrement attrayante le dimanche matin quand elle se ferme au trafic et devient le centre de jeux des familles, des cyclistes, des piétons et autres sportifs de tout poil.

En se baladant ainsi, on finit par oublier que l’on se trouve dans une mégapole. C’est comme si Mexico avait encore ses villages

La Condesa, Roma et Polanco

Ces quartiers au sud de la Zona Rosa sont en passe de devenir les espaces où il fait bon vivre. La Condesa a été créée au début du XXe siècle pour y construire un hippodrome, mais la révolution changea la donne et le gouvernement en fit une zone résidentielle qui a accueilli écrivains et artistes. Aujourd’hui, on y rencontre la jeunesse branchée de la ville et pas mal d’expatriés qui apprécient s’y promener en levant le nez vers les façades Art déco des maisons souvent cachées par de hauts arbres qui font du quartier un des plus verts de la ville. Il n’existe pas, dit-on, de meilleur endroit pour pratiquer le sport local : voir et être vu. Roma a aussi été créé à la même époque et accueille des galeries d’art, des écoles et de nombreuses librairies.

Le Bosque de Chapultepec est une des plus grandes oasis de Mexico à découvrir à pied avec ses lacs, son jardin botanique, son zoo, ses expositions culturelles et sa vue unique sur la mégapole. (Charles Mahaux)

À Polanco qui regroupe les boutiques de luxe internationales, on pourrait se croire dans n’importe quelle grande ville européenne si ce n’est que Polanco abrite aussi le musée d’anthropologie, le château de Chapultepec et le musée d’art moderne, des lieux incontournables pour ceux qui veulent mieux appréhender l’histoire mexicaine. Le premier décode les civilisations précolombiennes qui n’ont pas survécu à la conquête espagnole, le second plonge le visiteur dans l’histoire plus contemporaine des XIX e et XXe siècles, le dernier offre une synthèse représentative de l’art moderne mexicain.

Coyoacán et San Ángel

En se baladant ainsi, on finit par oublier que l’on se trouve dans une mégapole. C’est comme si Mexico avait encore ses villages. C’est particulièrement vrai à Coyoacán où on se croirait dans une bourgade provinciale, bien loin de la vie trépidante du centre de la capitale. Ruelles pavées paisibles, maisons basses et colorées, façades envahies par des bougainvillées, fenêtres protégées par des ferronneries, grandes portes en bois sculpté, terrasses et bancs publics à l’ombre de grands arbres, on a l’impression que le temps s’est arrêté au siècle dernier. L’ombre de Frida Kahlo plane encore sur le quartier où elle avait sa maison, la Casa Azul où elle naquit, vécut et mourut.

Couleurs chatoyantes des anciennes maisons coloniales dans les quartiers de San Angel et de Coyoacan, loin de la cohue du centre-ville. (Charles Mahaux)

Même magie à San Ángel, une colonia plus paisible, car plus résidentielle avec des demeures cossues cachées par de hautes façades colorées. De riches galeries d’art occupent d’anciennes maisons coloniales aux jolis patios. Le samedi, un marché d’artisanat traditionnel envahit la place principale, des peintres s’y regroupent pour vendre leurs toiles aux badauds qui affluent de toutes parts pour profiter de cette ambiance bohème.

 

Infos pratiques : Pour tout renseignement complémentaire, www.visitmexico.com/fr ou www.destinationmexique.com

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