Au moins douze migrants, selon un bilan encore provisoire, sont morts mardi quand l’embarcation sur laquelle ils tentaient de gagner l’Angleterre s’est disloquée, un drame qui fait de 2024 l’année la plus meurtrière depuis le début des traversées de la Manche sur des bateaux de fortune.
Le canot s’est trouvé en difficulté au large du Cap Gris Nez en fin de matinée avec plus de 60 personnes à bord, a rapporté la préfecture maritime de la Manche (Premar). Un navire affrété par l’État, le Minck, qui l’avait repéré, s’est porté à son secours dès qu’il s’est disloqué, selon le lieutenant de vaisseau Étienne Baggio à l’AFP.
D’après le ministre démissionnaire de l’Intérieur Gérald Darmanin, le bilan atteint 12 morts, deux disparus et « plusieurs blessés ». Le ministre est attendu sur place mardi après-midi.
Terrible naufrage dans le Pas-de-Calais, au large de Wimereux. Le bilan provisoire s’élève à 12 personnes décédées, 2 disparus et plusieurs blessés. Tous les services de l’État sont mobilisés pour retrouver les disparus et prendre en charge les victimes. Je me rends auprès des…
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) September 3, 2024
À Londres, le gouvernement britannique a qualifié d’« affreuse et profondément tragique » la mort de ces migrants.
Les recherches, toujours en cours
La Premar a indiqué avoir pris en charge 65 naufragés, dont 12 ont été déclarés décédés en mer, et plusieurs autres hospitalisés dans un état grave à terre. Outre le Minck, des hélicoptères des pompiers et de la Marine, deux bateaux de pêcheurs et des navires militaires sont mobilisés pour les recherches, toujours en cours. Un poste médical avancé a été déployé au port de Boulogne-sur-Mer où d’importants moyens de secours étaient mobilisés, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Charlotte Kwantes, de l’association d’aide aux migrants Utopia 56, a dénoncé auprès de l’AFP une politique de répression policière sur le littoral français « complètement inefficace (….) qui conduit à des incidents et à des drames (…) à répétition ».
Les drames se sont succédé
Avec le naufrage de mardi, au moins 37 personnes ont perdu la vie dans ces traversées depuis janvier 2024, ce qui en fait l’année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des bateaux de fortune sur la Manche. Les drames se sont succédé depuis le début de l’été. Entre le 12 et le 19 juillet, six migrants sont morts dans trois naufrages distincts : quatre le 12 juillet, une femme érythréenne le 17 puis un homme le 19. Fin juillet, une jeune femme de 21 ans est morte écrasée sous le poids d’autres passagers d’un canot surchargé, et deux autres migrants sont décédés dans un naufrage le 11 août.
Sur les six premiers mois de l’année 2024, les traversées illégales de la Manche vers le Royaume-Uni ont atteint un nombre record, selon les autorités britanniques, qui décomptent mardi l’arrivée par ce moyen de 21.615 migrants depuis janvier.
Arrivé au pouvoir début juillet, le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé vouloir accélérer le traitement des dossiers de demandeurs d’asile tout en durcissant la lutte contre les passeurs.
Le Royaume-Uni a été secoué cet été par de violentes émeutes anti-immigration après le meurtre de trois fillettes le 29 juillet, sur fond de rumeurs en partie démenties décrivant le suspect comme un demandeur d’asile musulman. Le gouvernement britannique a promis la semaine passée de fortement augmenter le renvoi dans leur pays d’origine de demandeurs d’asile déboutés et de personnes demeurant illégalement au Royaume-Uni.
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