Migrants : de Calais aux villes et villages français ?

26 septembre 2016 09:52 Mis à jour: 26 septembre 2016 09:52

L’État affiche sa volonté de reprendre la main sur la question et veut offrir des solutions d’hébergements temporaires aux migrants.

Erythréens, Syriens, Irakiens, Soudanais… Ils seraient environ 7 000 à s’entasser sur la lande calaisienne, dernier bastion avant le Royaume-Uni, illusoire eldorado qui leur ferait oublier la guerre et la misère. Une foule anonyme qui, après Bernard Cazeneuve puis Nicolas Sarkozy, a reçu samedi dernier la visite du chef de l’État qui a déclaré, pour l’occasion, que la France ne serait pas « un pays où on trouve des campements de migrants ».

Affichant sa fermeté, François Hollande a assuré vouloir se ressaisir de ce dossier sensible. L’année dernière, le gouvernement était critiqué, notamment pour avoir accumulé les retards dans le relogement d’urgence des migrants, laissant ainsi la formation de camps à même la rue. Ce qui a, à Paris, incité Anne Hidalgo à créer des camps humanitaires. Table rase, donc. Selon un proche du président, « l’idée est de démontrer que l’on traite et que l’on va continuer à traiter le problème dans sa globalité ».

Engagement de l’État

Un peu plus tôt ce mois, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, et Emmanuel Cosse, ministre du Logement, rencontraient le comité de suivi des Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO). Ils ont fait appel à la « nécessité de la solidarité nationale » et signé quatre engagements : délivrer une information claire et complète à chaque migrant en amont de l’opération ; établir un diagnostic partagé entre les services de l’État et les associations sur le comptage ; la situation personnelle et les besoins de chaque migrant (avec prise en compte particulière des publics vulnérables) ; une proposition de mise à l’abri et un accompagnement vers la demande d’asile pour chaque migrant.

48% des migrants sont issus de classes sociales aisées dans leur société d’origine.

Parallèlement, le ministre de l’Intérieur a reçu les responsables des principales communautés religieuses en France et a ainsi tenu à souligner « le caractère humanitaire » d’une évacuation qui doit se dérouler « avant que l’hiver n’arrive ». La prise en charge des personnes migrantes dans les CAO est définie comme un tremplin, un temps de répit afin d’engager, si elles le souhaitent, une démarche de demande d’asile. La recherche de ces CAO, disponibles pour un temps limité, s’effectue par les préfets de chaque région réquisitionnée. La carte de la répartition, dévoilée par Le Figaro il y a quelques semaines, a révélé les villes et villages d’accueil, déclenchant, dans la classe politique de nombreuses réactions.

Vers une meilleure intégration ?

Ainsi, quelque 10 000 à 12 000 migrants seront accueillis dans les centres de 11 régions pour une durée de 3 à 4 mois, actant au passage le démantèlement de la « jungle » de Calais. Ce plan de répartition suscite, depuis son annonce, de nombreuses oppositions, au sein des villages concernés par le dispositif ou au sein de la classe politique.

Nombreux sont ceux qui dénoncent un manque de concertation de l’État avec les élus locaux, certains évoquant la création de « mini-Calais ». Étant donné le climat actuel avec les risques de terrorisme avérés en France et les événements à l’étranger comme ceux de décembre dernier à Cologne, la peur de l’immigré refait surface. Selon un sondage Elabe/ BFMTV, 57% des Français ne sont pas favorables à l’accueil des personnes migrantes sur leur territoire et ils sont 76% à estimer « justifié » le démantèlement de la « jungle » de Calais.

Une étude approfondie a été menée en 2015 par des associations humanitaires sur les profils des migrants de Calais, révélant que 48% d’entre eux sont, contrairement aux idées reçues, issus de classes sociales aisées dans leur société d’origine et que 20% appartiennent aux classes moyennes. Chefs d’entreprises, banquiers, scientifiques, on est là bien loin du stéréotype du migrant économique issu de milieux défavorisés.

Comment accueillir au mieux ces compétences dans l’Hexagone ? Pour faciliter les possibles intégrations, Arnaud Richard, député UDI des Yvelines, remettra un rapport sur l’accueil des migrants à Emmanuelle Cosse en octobre. Il préconise l’enseignement du français par le biais d’enseignants à la retraite et plaide pour le développement d’un hébergement dans des familles d’accueil volontaires, avec les avantages fiscaux correspondants.

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