Derrière le bouillant Donald Trump, le flegmatique vice-président Mike Pence, ultra conservateur et fervent chrétien, pourrait convaincre les électeurs religieux indispensables pour remporter un second mandat mardi.
Façade lisse, sourire discret, chevelure blanche soigneusement coiffée, le style de Mike Pence, 61 ans, s’oppose en tout point depuis quatre ans à celui plus polémique et haut en couleur de Donald Trump.
Quand M. Trump se déchaîne régulièrement contre ses adversaires ou les grands médias, lui reste courtois et n’élève pas la voix. Alors que le président, divorcé deux fois, s’affirme croyant mais va peu à l’église, Mike Pence n’a de cesse de montrer sa foi et est connu pour refuser de rester seul dans une pièce avec une femme qui n’est pas Karen, son épouse.
THANK YOU, FLAGSTAFF! #MAGA ?? pic.twitter.com/ZNw3jRu6gr
— Mike Pence (@Mike_Pence) October 30, 2020
Travaille dans l’ombre
Mike Pence laisse volontiers au président la lumière des projecteurs pour travailler dans l’ombre avec le Congrès et les responsables républicains ou effectuer des missions diplomatiques sensibles.
Nommé par Donald Trump à la tête de la cellule de crise sur le coronavirus en mars, il s’en est tenu sur le sujet à des propos mesurés, loin des dérapages, approximations et provocations de l’hôte de la Maison Blanche. Tout en prenant soin de ne jamais contredire frontalement ce dernier.
Les partisans de M. Trump saluent sa loyauté, ses critiques dénoncent une flagornerie lui ayant permis de rester à son poste.
Face à Kamala Harris lors du débat vice présidentiel, il s’est montré un orateur discipliné mais de sa performance, il restera surtout la mouche qui s’est posée dans ses cheveux blancs pendant deux minutes.
Avocat de formation, ancien animateur de radio, il connaît bien les arcanes de Washington et y est apprécié des républicains après avoir été membre de la Chambre des représentants de 2001 à 2013 et numéro 3 du parti de 2009 à 2011.
Fait notoire, Mike Pence et Donald Trump n’étaient au départ pas particulièrement proches avant que celui-ci le désigne comme son colistier en 2016.
Solide comme un roc
Mais le président a misé sur ses liens étroits avec les électeurs blancs chrétiens, plutôt âgés, qui ont joué un rôle-clé dans sa victoire il y a quatre ans.
« Il est solide comme un roc. Il a été un vice-président fantastique », avait lancé le milliardaire républicain en août. « Il est respecté par tous les groupes religieux. Que ce soient les évangéliques ou les autres ».
Très actif en campagne, en particulier dans le Midwest, l’ancien gouverneur de l’Indiana se décrit comme « un chrétien, un conservateur et un républicain, dans cet ordre ».
En tant que gouverneur, il s’est illustré comme un héraut des valeurs familiales traditionnelles, anti-avortement, anti-mariage pour tous, et hostile à l’installation de réfugiés syriens dans son Etat.
Mike Pence a notamment signé des lois rendant plus difficile l’avortement dans l’Indiana. Et il avait été très critiqué pour avoir défendu en 2015 une loi sur la « liberté religieuse », vue par ses détracteurs comme une façon de discriminer la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres).
Rassure les conservateurs traditionnels
Des positions qui ont pu rassurer les conservateurs traditionnels et notamment les évangéliques, au départ réticents face à la personnalité de l’imprévisible milliardaire.
En 2017, l’ancien conseiller présidentiel Steve Bannon soulignait son rôle déterminant dans l’élection. « Trump a eu le vote des nationalistes populistes », disait-il au magazine New Yorker. « Mais Pence, c’est la base. Sans Pence, on ne gagne pas ».
L’appui de cet électorat religieux pourrait encore une fois se révéler décisif pour un second mandat.
Un Américain sur quatre est évangélique, selon l’institut Pew. C’est la forme dominante du protestantisme américain, et la première famille religieuse du pays, devant les catholiques et les protestants traditionnels.
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