Une femme de 80 ans, originaire d’une banlieue aisée du Midwest, aurait fait près de 9000 petits dons totalisant plus de 330.000 dollars à des causes et candidats politiques, en quatre ans, selon les registres électoraux fédéraux.
Or, elle affirme que tel n’est pas le cas.
« Cela ne m’aurait pas échappé », a-t-elle déclaré à Epoch Times. « Si je perdais de l’argent, je le saurais. Ce n’était pas mon argent. »
« Je suis une donatrice assidue et généreuse. J’estime que je donne environ 50 fois par an. Je suis au fait de chaque centime que je donne. »
Cette femme, nommée « donatrice C », a également été surprise d’apprendre que, selon les rapports de la Commission électorale fédérale (CEF), de petits dons auraient été faits à son nom, après qu’elle ait cessé de donner.
« Un mystère quelque part doit être résolu et j’aimerais que cela soit fait. J’aimerais savoir s’il s’agit d’un cas de maltraitance des aînés », a-t-elle déclaré.
Election Watch, un groupe de surveillance de l’intégrité électorale aux États-Unis, s’interroge sur plus de 10.000 donateurs individuels qui figurent dans la base de données de la Commission électorale fédérale (CEF). Chacun aurait fait des milliers de dons en quatre ans.
Ces données font sourciller les enquêteurs, car des sondages montrent [qu’en général] les donateurs politiques américains font beaucoup moins de dons par an.
Dans les exemples suivants, tirés directement de la base de données de la CEF, l’identité des donateurs ne sera pas divulguée.
L’un des nombreux exemples cités par Election Watch est celui d’une femme du Colorado âgée de 77 ans, appelée « donatrice A ». Elle a contribué plus de 59.000 fois dans des dons distincts totalisant plus de 279.000 dollars au cours des cycles électoraux de 2020 et 2022.
Une autre contributrice, la donatrice B, 74 ans, une femme du Kansas, a fait 65.489 dons, donnant plus de 223.000 dollars, au cours de la même période.
Explication de la CEF
Interrogé par Epoch Times sur la situation de la donatrice C et les faits mentionnés ci-dessus, Christian Hilland, porte-parole de la CEF, a répondu dans un courriel : « Je ne serais pas en mesure de spéculer ou de commenter une activité financière spécifique. »
« Toutefois, des contributions en double peuvent apparaître dans notre base de données si elles ont été réalisées par l’intermédiaire d’un comité d’acheminement (conduit committee). »
« La même contribution est déclarée à la fois par le comité qui l’a acheminée et par le comité qui l’a reçue. »
« Il incombe au trésorier d’un comité de vérifier les contributions afin de s’assurer qu’elles respectent les limites légales et les sources de contribution interdites par la loi fédérale sur le financement des campagnes électorales et des règlements de l’agence. »
Christopher Gleason, analyste informatique d’Election Watch, a commenté l’explication de la CEF en déclarant à Epoch Times : « Nous ne voyons pas seulement des doublons. Nous examinons des milliers de transactions enregistrées dans les rapports de la CEF, qui montrent que des donateurs individuels versent de multiples petites contributions, des dizaines de fois par jour, semaine après semaine, au même destinataire. »
Modèles répétitifs
Un autre exemple tiré de l’étude d’Election Watch est celui d’un individu appelé Donateur D. La base de données de la CEF montre que le Donateur D a fait plus de 37.000 petites contributions distinctes au cours des cycles électoraux de 2020 et 2022, y compris quelques-unes au début de 2023, pour un total de plus de 139.000 dollars.
La plupart de ces contributions, de trois à cinq dollars chacune, ont été versées à une poignée de comités d’action politique (CAP). Selon le registre, un CAP en particulier aurait reçu 10 à 15 dons de trois et cinq dollars en une seule journée de la part du donateur D, jour après jour.
Les dossiers de la CEF montrent que bon nombre des contributions quotidiennes multiples du donateur D ont été faites au cours de journées consécutives ou à quelques jours d’intervalle. Ce schéma se répète encore et encore pendant plusieurs années.
Une « collecte de fonds » efficace
Âgé de 84 ans et malentendant, le donateur D a déclaré à Epoch Times qu’il pouvait faire 20 dons par jour parce que « nous devons faire sortir le GOP [Grand Old Party ou Parti républicain] ! »
Le scénario du donateur D est peut-être une illustration classique du phénomène de collecte de fonds sur le Web que certains experts appellent « Fund-Raging ».
Il s’agit d’une technique de sollicitation en ligne qui consiste à envoyer à un seul donateur de nombreux messages politiquement ou socialement incendiaires, suivis d’une demande urgente de don électronique immédiat.
À propos de ces solliciteurs en ligne, le donateur D déclare : « Ils m’aiment. »
Le fils du donateur D a déclaré à Epoch Times lors d’un entretien téléphonique : « Je savais que mon père était un donateur actif, mais je ne me doutais pas que c’était aussi souvent et à ce point. Il clique sur n’importe quoi ».
Plusieurs versions du même nom
La base de données de la CEF montre plusieurs cas où des dizaines de dons sont attribués à un nom ou à une adresse très similaires aux informations personnelles du donateur D.
« Lorsque des milliers de noms, donnant des milliers de fois par an, figurent dans les registres officiels de la CEF, cela soulève des questions. Il en va de même pour les [noms et adresses] clairement dérivés de ces noms originaux », a déclaré M. Gleason.
Les « listes dérivées » sont des listes de dons entièrement distinctes des listes principales, présentant des noms et des adresses qui diffèrent légèrement par l’orthographe, l’utilisation d’une deuxième initiale, l’emploi d’un surnom, le numéro de porte, ou l’orthographe de la rue ou de l’employeur.
Un contributeur individuel appelé Donateur E, 72 ans, de Louisiane, est enregistré à la CEF comme ayant fait 6554 dons au cours des cycles électoraux de 2020 et 2022, avec des dons totalisant 421.112 $.
Les chercheurs d’Election Watch ont découvert des dons présentant 24 variations différentes d’informations personnelles liées au Donateur E.
« Les différences semblent être délibérées. Il ne s’agit pas d’erreurs découvertes puis corrigées dans le rapport de l’année suivante. Elles demeurent année après année. »
« L’oeil humain voit ces permutations comme étant de légères variantes d’un original. Or, un ordinateur lit et traite ces données comme des entrées complètement différentes », a déclaré Draza Smith, ingénieure diplômée et spécialiste du monitoring informatique à l’emploi d’Election Watch.
« Nous observons le même phénomène sur les listes électorales de Floride. »
Draza Smith précise n’avoir identifié aucune violation des plafonds maximaux des contributions pour les campagnes électorales.
« Peut-être ces noms et adresses dérivés sont-ils un moyen de maintenir les donateurs en dessous des plafonds de contributions ? »
Par ordinateur ?
M. Gleason a déclaré : « La fréquence et le volume des transactions réalisées au fil des ans m’incite à penser qu’il ne s’agit pas d’une personne âgée qui clique 50.000 fois sur le bouton de paiement de son ordinateur. »
« À mon avis, il est impossible, du point de vue comportemental, que des milliers d’Américains fassent chacun des milliers de dons par an. [Le schéma est] tellement méthodique et structuré que cela semble être le fait d’un programme informatique. »
« La beauté de notre étude est qu’elle est basée sur les propres données de la CEF. Lorsque je leur ai demandé une explication, ils n’ont rien su répondre. Que peuvent-ils dire ? »
Profil des donateurs
M. Gleason a déclaré que l’équipe d’Election Watch et lui-même avaient établi le profil de centaines de donateurs parmi les plus assidus du pays. L’étude révèle que la plupart sont « des chômeurs, des personnes âgées, des blancs, des libéraux enflammés qui détestent Trump » et vivent dans des quartiers plutôt aisés.
Les cinq donateurs mentionnés ci-dessus habitent des quartiers où la valeur des maisons varie entre 240.000 et 800.000 dollars.
« Ce sont de bonnes cibles pour les agents malfaiteurs, car ces personnes ne sont pas forcément connaissantes de l’informatique ni très vigilantes sur le plan financier, et ont déjà l’habitude de faire de nombreux dons en ligne. »
Election Watch encourage les donateurs individuels et les membres de leur famille à consulter la base de données en ligne de la CEF et à vérifier les dons enregistrés à leur nom. Les listes sont entièrement publiques.
Paiements numériques
« Certains des plus grands services de cartes de crédit responsables de la collecte et distribution de contributions politiques ne vérifient pas les cartes de crédit. Et certains facturent des frais dérisoires par transaction », a déclaré Peter Bernegger, enquêteur d’Election Watch.
Deux organisations majeures sont ActBlue, responsable de la collecte de fonds pour les démocrates, et WinRed pour les républicains.
ActBlue n’a pas donné suite à un courriel d’Epoch Times. WinRed n’a pu être joint pour commentaires.
Walter Charlton, avocat du Maryland, expert-comptable et célèbre défenseur de l’intégrité électorale, a déclaré à Epoch Times avoir engagé des enquêteurs privés pour contacter les petits donateurs les plus assidus de son État afin de déterminer si leurs noms sont utilisés à des fins de contributions politiques à leur insu.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.