Le cinéaste tchèque Milos Forman, mort samedi à 86 ans, était l’un des auteurs-phare d’une « Nouvelle Vague » porteuse de liberté et de contestation, avant de fuir son pays après la répression du Printemps de Prague en 1968 et d’obtenir la consécration à Hollywood.
Naturalisé Américain en 1977, il a remporté à deux reprises l’Oscar du meilleur réalisateur pour « Vol au-dessus d’un nid de coucou » (1976) et « Amadeus » (1985). Son œuvre immense et singulière s’est concentrée sur des personnages insoumis en butte avec toutes formes d’oppression.
Né le 18 février 1932 à Caslav, une petite ville à une centaine de kilomètres de Prague, il devient orphelin après la déportation et la mort de ses parents, résistants tchèques contre l’occupant nazi, dans les camps de concentration Buchenwald et Auschwitz.
Après avoir fréquenté un internat pour l’élite de la jeunesse communiste à Podebrady près de Prague où il rencontre Vaclav Havel, futur dramaturge, dissident et président, il poursuit ses études à la prestigieuse Ecole du cinéma de Prague FAMU.
Peu de temps avant l’occupation de la Tchécoslovaquie par les forces du Pacte de Varsovie en 1968 qui met fin à la période libérale du « Printemps de Prague », Milos Forman opte pour l’exil, d’abord en France puis aux États-Unis.
New-Yorkais d’adoption naturalisé Américain en 1977, il obtient la consécration internationale grâce à une kyrielle de films au succès flamboyant.
« Vol au-dessus d’un nid de coucou », grand film culte
Il tourne « Vol au-dessus d’un nid de coucou » (1975), film quasi documentaire sur les hôpitaux psychiatriques avec Jack Nicholson et Louise Fletcher, puis la version cinématographique de la célèbre comédie musicale « Hair » (1979) et « Ragtime » en 1981.
« J’ai connu la pression politique et idéologique d’un pays communiste, et celle, commerciale, qui pèse sur les réalisateurs aux États-Unis. Je préfère de loin la pression commerciale où vous dépendez du public, à la pression idéologique où vous êtes à la merci de n’importe quel imbécile », dira-t-il à l’Agence France Presse (AFP).
Le gigantesque film « Amadeus »
Peu avant la chute du communisme, il retourne dans son pays natal pour tourner dans le décor naturel de Prague son chef-d’œuvre « Amadeus », avec ses fidèles collaborateurs tchèques dont le directeur de la photo Miroslav Ondricek.
Une fresque sur la rivalité des compositeurs Wolfgang Amadeus Mozart et Antonio Salieri est récompensée en 1985 de huit Oscars, dont celui du meilleur film.
Sa filmographie inclut aussi « Valmont » (1989), une variation sur les « Liaisons dangereuses » de Pierre Choderlos de Laclos, « Larry Flynt » (1996) réflexion sur la liberté d’expression à travers la vie du pornographe, « Man on the Moon » (1999) avec Jim Carrey, inspiré de la vie du comique Andy Kaufman, et les « Fantômes de Goya » (2006).
D.S avec AFP
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