L’Allemagne doit éviter de répéter avec la Chine les erreurs qu’elle a commises dans ses relations avec la Russie ces dernières années, a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères le 18 octobre.
« Nous devons tout d’abord tirer des leçons des erreurs de notre politique russe de ces dernières décennies », a averti Annalena Baerbock lors d’un forum de politique étrangère organisé à Berlin par le groupe d’experts de la Fondation Koerber. « Je dis très clairement que la dépendance économique unilatérale nous expose au chantage politique. »
L’Allemagne traverse une crise énergétique en raison de sa forte dépendance du gaz russe. Avant la guerre en Ukraine, plus de 55% de sa consommation de gaz provenait de la Russie. Cependant, depuis la fin du mois d’août, la Russie n’a pas livré de gaz à l’Allemagne.
Mme Baerbock a reconnu que son pays a ignoré les avertissements de ses partenaires d’Europe de l’Est concernant sa dépendance énergétique envers la Russie.
« Nous devons nous assurer que nous ne commettrons plus une telle erreur, et cela signifie que nous devrons en tenir compte plus fermement dans notre politique envers la Chine », a-t-elle poursuivi.
« C’est pourquoi une partie de notre Stratégie de sécurité nationale consiste à formuler pour la première fois une stratégie allemande vis-à-vis de la Chine qui sera, bien sûr, intégrée dans la Stratégie européenne vis-à-vis de la Chine. »
Nouvelle politique commerciale envers la Chine
Les remarques de Mme Baerbock suivent les paroles d’autres responsables allemands qui ont exprimé leurs inquiétudes au sujet des liens étroits entre Berlin et Pékin.
« Nous devons reconnaître que nous courons un risque énorme », a mis en garde le ministre des Finances Christian Lindner en mars. « La Chine ne respecte pas notre modèle social, notre conception libérale, notre reconnaissance du droit international. »
« Nos relations commerciales avec la Chine sont presque pareilles à une concentration des risques pour notre économie », a-t-il précisé. « C’est peut-être un partenaire commercial, mais c’est aussi un rival systémique. »
En 2021, l’État-parti chinois a conservé le statut de partenaire commercial le plus important de l’Allemagne – et ce, pendant six années consécutives – avec un volume d’échanges de 246,1 milliards d’euros, selon l’Office fédéral des statistiques.
Pendant ce temps, les entreprises allemandes, notamment les constructeurs automobiles, ont investi massivement en Chine. Il convient de noter que le Premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré au chancelier allemand Olaf Scholz en janvier dernier que les 7.000 sociétés allemandes en Chine et les 2.000 sociétés chinoises en Allemagne pourraient servir de « forces dynamiques » pour rapprocher les deux pays.
Le nouveau gouvernement de coalition de M. Scholz est en train de remodeler sa politique commerciale avec la Chine dans le but de réduire sa dépendance vis-à-vis de Pékin, a déclaré le ministre de l’Économie Robert Habeck.
« Nous ne pouvons pas nous permettre d’être soumis à un chantage », a-t-il lancé dans une interview accordée en septembre à Reuters.
Bien qu’il n’ait pas révélé tous les détails, M. Habeck a expliqué qu’un examen des investissements chinois est prévu. Il a également exprimé son opposition à l’initiative chinoise « Belt and Road Initiative », souvent qualifiée de « nouvelle route de la soie ». Ce titanesque projet vise à renforcer l’influence géopolitique de Pékin par le biais d’investissements dans d’importantes infrastructures à travers le monde entier – un projet qui a plongé de nombreux pays en développement dans des niveaux d’endettement insoutenables.
M. Habeck a également souligné qu’il n’y aurait « plus de naïveté » dans les relations commerciales avec le régime du Parti communiste chinois.
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