ACTUALITé CHINE

Miss Monde Canada « persona non grata » en Chine

novembre 27, 2015 13:10, Last Updated: novembre 30, 2015 16:42
By

Anastasia Lin, Miss Monde Canada, était à mi-chemin au-dessus de l’océan Pacifique, lorsque l’ambassade de Chine à Ottawa a décidé de dire à un journaliste qu’elle n’était pas la bienvenue en Chine.

La reine de beauté avait gardé les détails de son voyage strictement confidentiels. Un petit groupe de sympathisants avait fait un dernier effort pour qu’elle se rende à la compétition Miss Monde 2015 à Sanya, en Chine.

Anastasia Lin avait fait sa campagne pour la couronne de Miss World Canada sous le signe des droits de l’homme et de la liberté de religion. Et ce sont ces valeurs qui lui ont bientôt créé des ennuis. Après que d’autres candidates aient reçu leurs lettres d’invitation du gouvernement chinois local, nécessaires pour l’obtention de visa, Anastasia Lin s’est rendue compte qu’elle avait été laissée de côté.

Elle a alors décidé qu’elle devait essayer d’y aller. Anastasia Lin et ses amis ont réduit au minimum leurs échanges par e-mail et par téléphone, en étant bien conscients du vaste réseau de piratage du régime chinois et de ses tentatives pour surveiller les dissidents chinois habitant dans des pays comme le Canada et les États-Unis.

Ils ont trouvé une lacune dans les règlements d’obtention de visa chinois, autorisant aux citoyens canadiens d’obtenir un visa d’atterrissage de 15 jours à l’arrivée à Sanya. Cela ne suffirait pas pour que Anastasia Lin puisse participer dans le concours, mais elle pourrait demander une prolongation.

Ils ne m’ont jamais disqualifiée. Ils m’ont dit que ma place reste vacante. Si je peux obtenir un visa, je suis toujours admissible.

– Anastasia Lin

Avant de partir, Anastasia Lin a donné une interview pour expliquer ses raisons.

Il ne reste pas beaucoup de temps, a-t-elle dit. Mais le concours Miss Monde la laisserait assister à cet événement si elle pouvait y arriver quelques jours avant la cérémonie d’ouverture.

« Ils ne m’ont jamais disqualifiée. Ils m’ont dit que ma place reste vacante. Si je peux obtenir un visa, je suis toujours admissible, c’est pour cela que j’y suis allée », a-t-elle expliqué.

Mais tout a changé lorsque Anastasia Lin était en route dans l’avion, privée de moyens de  communication et ignorant que l’ambassade chinoise à Ottawa avait dit à un journaliste du Globe and Mail qu’elle était « persona non grata » et indésirable en Chine.

En tant qu’actrice, Anastasia Lin a joué dans plusieurs films illustrant les violations des droits de l’homme en Chine. Elle s’est prononcée publiquement contre la persécution du Falun Gong et des autres groupes persécutés en Chine par le Parti communiste chinois (PCC). Elle joue d’ailleurs le rôle d’une pratiquante de Falun Gong soumise à la persécution dans le film canadien « The Bleeding Edge » qui sortira bientôt sur les écrans.

Anastasia Lin de Toronto nommée Miss Monde Canada lors d’une cérémonie à Vancouver le 16 mai 2015. (Andrew Chin)

Un ami de Toronto qui l’a aidé à organiser son voyage en préférant rester anonyme, a confié à Epoch Times qu’après l’annonce de cette nouvelle, il y avait encore une certaine incertitude : « Le visa d’Anastasia n’a jamais été formellement refusé par les autorités et elle restait toujours une  participante admissible au concours. »

« Anastasia pensait que puisqu’elle n’avait jamais reçu une réponse définitive au sujet de son visa, elle devait essayer tout ce qu’elle pouvait pour y aller, au lieu de simplement attendre que le temps s’expire. »

L’intention était de suivre le plan suivant : arriver à Hong Kong, essayer d’aller à Sanya et demander un visa d’atterrissage. Ils espéraient encore qu’Anastasia Lin puisse y arriver et participer au concours.

« Ce n’était pas un tour de force », a précisé l’ami.

Mais les compagnies aériennes ne sont parfois pas au courant des visas d’atterrissage et ne veulent pas admettre à bord les gens sans document de voyage approprié par crainte qu’ils soient refoulés par les douaniers chinois. Lorsque cela se produit, la compagnie aérienne doit payer pour le retour de la personne à ses propres frais.

Cela a marché pour la première partie du voyage de Toronto à Hong Kong après quelques explications données à la compagnie Cathay Pacific.

LIRE AUSSI :

Mais à Hong Kong, un fonctionnaire chinois nommé M. Chen a interrogé Anastasia Lin avant qu’elle puisse prendre l’avion à destination de Sanya. Après avoir noté sa date et son lieu de naissance, ainsi que son nom chinois et en avoir informé ses supérieurs, il est retourné pour annoncer à Anastasia qu’elle n’était pas admissible sur le territoire chinois.

Le 27 novembre à 10 heures locales, Anastasia Lin a donné une conférence de presse au Regal Airport Hôtel de Hong Kong .

Elle a souligné que le fonctionnaire chinois M. Chen ne lui a donné « aucune raison » pour son refus d’admission. Toutefois, le porte-parole de l’ambassade de Chine à Ottawa a dit à Craig Offman, journaliste de Globe and Mail, que « la Chine ne permet à aucune persona non grata d’entrer en Chine ».

Le moment de cette annonce a eu l’air d’être bien planifié. Il est venu après des semaines de  suspense et seulement quelques heures après qu’Anastasia Lin ait pris l’avion pour Hong Kong. Elle voulait ensuite se rendre dans la ville de Sanya à Hainan, une île et province tropicale chinoise où la finale du concours de Miss Monde se tiendra le 19 décembre prochain.

Avant son départ, Anastasia Lin avait préparé deux déclarations pour la presse. L’une était au cas où elle arriverait à Sanya, l’autre au cas où elle serait bloquée, ou même arrêtée à l’aéroport de Hong Kong et forcée de retourner au Canada.

« Quand nous avons eu cette idée lundi soir, on a vu qu’elle pensait ‘Oui, c’est ça !’. Elle voulait absolument y aller, mais ne savait pas comment », a confié son ami de Toronto qui a aidé à organiser le voyage. « Elle n’a presque pas dormi, mais je pense qu’elle est très contente d’avoir essayé tout ce qu’elle pouvait. »

Version anglaise : Inside Miss World Canada’s Secret Plan to Get Into China

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER