« Missiles? Quels missiles? »: la Chine nie déployer un arsenal sur la frontière russe

28 janvier 2017 11:52 Mis à jour: 10 février 2017 18:21

Selon le Ministère des Affaires étrangères chinois,la Chine maintient avec la Russie des relations du « partenariat stratégique global » de haut niveau, et les récentes informations sur le déploiement des missiles balistiques intercontinentaux « DF-41 » à la frontière russe ne seraient que « fictions et suggestions ».

« Actuellement, les relations du partenariat stratégique et de la coopération global entre la Chine et la Russie sont maintenues à un haut niveau, les actions réciproques stratégiques entre les deux parties s’approfondissent constamment, la coopération entre les deux pays dans différents domaines s’approfondit également. Quant à la soi-disant présence militaire – ce ne sont que des fictions et suggestions  diffusées sur Internet », avait expliqué ce Ministère, cité par l’agence d’informations russe RIA Novosti.

Le 24 janvier, le journal semi-officiel chinois Global Times a rapporté que les photos des missiles balistiques intercontinentaux « Dongfeng-41 » (DF-41) transportés dans la province du Heilongjiang, près de la frontière russe, avaient été publiées sur la toile. Le journal suggérait que la publication des informations sur ce déploiement avait été associée à l’inauguration de Donald Trump et à ses « déclarations provocatrices sur la Chine ».

À son tour, le journal Apple Daily de Hong Kong a annoncé que des brigades de DF-41 seront déployées dans trois régions de la Chine. L’une est déjà déployée dans la province du Heilongjiang, la seconde – dans la province du Henan et la troisième sera déployée dans la région autonome du Xinjiang. Selon les analystes, les missiles DF-41 pourraient être utilisés par la Chine comme un « moyen de dissuasion stratégique » obligeant ses voisins, États-Unis compris, à respecter la Chine.

Réaction de la Russie

Dmitri Peskov, secrétaire de presse du président Vladimir Poutine, a déclaré que les autorités russes ne considèrent pas le déploiement de missiles à leur frontière comme une « menace pour notre pays ». « La Chine est notre allié stratégique et notre partenaire dans le domaine politique, économique et commercial, nous apprécions nos relations », a-t-il souligné.

La BBC a cité Vladimir Dvorkin, principal chercheur de l’Institut d’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie des sciences de Russie : « Cette démonstration du potentiel nucléaire et militaire de la Chine est adressé à l’auditoire interne aux États-Unis. Les forces nucléaires chinoises sont destinées à dissuader les États-Unis et l’Inde. » Il a précisé également que « Moscou ne va pas se disputer avec Pékin sur des questions mineures ».

Alexander Konovalov, président de l’Institut des analyses stratégiques à Moscou, évolue la situation différemment : « En tenant compte de l’équilibre actuel des forces, lorsque des relations de partenariat sont établies entre Moscou et Pékin, les missiles chinois ne menacent pas la Russie. Des problèmes peuvent surgir plus tard. » Il a souligné que la Russie n’a pas conclu avec la Chine un accord sur les armements stratégiques offensifs et les mécanismes de leur contrôle, un accord qui existe dans les relations russo-américaines. En cas d’accroissement rapide des forces nucléaires chinoises, il sera difficile pour la Russie de réagir immédiatement.

Le politicien russe Dmitri Goudkov a une vision critique de la position du gouvernement russe : «  Ainsi nous avons peur de l’OTAN à l’autre côté de nos frontières, bien que nous ne l’avons jamais combattu. Mais nous n’avons toujours pas peur de la Chine, qui a déployé ses missiles balistiques en face de notre Extrême-Orient. Que faut-il en penser : est-ce une stupidité ou une trahison ? » Toutefois, le politicien pense que ces missiles ne sont pas adaptés à la guerre avec la Russie. « Mais est-ce que nous voulons définitivement avoir des complications avec les États-Unis au bénéfice de la Chine ? Et avoir en échange l’autorisation de cette dernière de lui livrer nos hydrocarbures à nos propres frais par le gazoduc ‘Force de la Sibérie’ ? », a-t-il martelé, ajoutant qu’après cela la Russie « pourra être rendue à la Chine ».

La réaction d’un représentant de la Douma d’État (chambre basse du Parlement de Russie) a suscité un grand nombre de commentaires d’internautes russes. Vladimir Gutenev, président d’un des comités de la Douma, a déclaré que le déploiement de missiles chinois à la frontière russe témoigne d’un « très haut degré de confiance de la part de la Chine envers la politique étrangère de la Russie ». Les internautes suggèrent avec humour que Gutenev fait apparemment allusion à l’habitude russe de « voler tout ce qui est atteignable, et qu’ils pourraient aussi s’emparer des missiles. Mais la Chine croit quand-même que cette fois-ci, les mains des pickpockets russes resteront dans leurs poches ».

Version russe : МИД Китая назвал «домыслами» размещение своих ракет на границе с РФ

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