« Mission accomplie! »: Donald Trump clame que les frappes en Syrie sont un succès

14 avril 2018 16:53 Mis à jour: 14 avril 2018 19:02

Ce samedi, Donald Trump a affirmé que les bombardements menés par Washington, Paris et Londres contre le régime de Damas avaient été une réussite. Il a également réitéré ses menaces de frapper de nouveau si la ligne rouge du recours aux armes chimiques était encore franchie.

La Russie, soutien politique et militaire du pouvoir de Bachar al-Assad, a répliqué sur le terrain diplomatique. Aux Nations unies, elle a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité et appelé à un vote sur une résolution condamnant « l’agression » armée contre Damas.

« J’ai parlé au président (Trump) ce matin, il a dit que si le régime syrien continue d’utiliser ce gaz toxique, les Etats-Unis sont prêts à dégainer de nouveau », a répondu l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley dans une nouvelle joute entre Washington et Moscou qui symbolise l’extrême tension entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide.

Les raids, dont la menace planait depuis plusieurs jours et qui ont donné lieu à une intense coordination entre les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont été lancés dans la nuit de vendredi à samedi en riposte à l’attaque chimique du 7 avril à Douma imputée au régime Assad.

Les frappes ont visé trois sites liés au programme d’armement chimique syrien près de la capitale et dans le centre du pays.

Cette opération semble avoir été ciblée pour éviter une escalade de la guerre en Syrie, plus complexe que jamais après sept années de conflit et la présence sur le terrain de plusieurs forces étrangères, dont les armées américaine, russe et iranienne.

Le président américain a salué d’un tweet matinal une frappe « parfaitement exécutée » dont « le résultat n’aurait pu être meilleur ». « Mission accomplie! », a lancé Donald Trump — comme son prédécesseur George W. Bush en 2003, annonçant, de manière prématurée, la fin de la guerre en Irak.

De fait, il s’est agi d’une opération très limitée dans le temps et par son ampleur. Elle est terminée, a confirmé samedi le Pentagone.

Les raids n’ont fait « aucune victime au sein de la population civile ou de l’armée syrienne », d’après l’armée russe, dont les installations sur place ont été soigneusement évitées.

Toujours selon l’armée russe, la défense antiaérienne syrienne a intercepté 71 missiles de croisière sur 103. « La campagne de désinformation russe a déjà commencé », a réagi le Pentagone à Washington en niant ces affirmations.

« Nous avons frappé avec succès chaque cible », a assuré le Pentagone, estimant que le programme chimique syrien « mettra des années à s’en remettre » mais sans pouvoir garantir que le régime Assad « ne sera pas en mesure de le reconstituer ».

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a aussi estimé qu’une « bonne partie de l’arsenal chimique » avait été « détruite ».

La porte-parole du ministère américain de la Défense Dana White a réaffirmé que les Etats-Unis ne cherchaient « pas à intervenir » dans la guerre civile syrienne. La seule mission de l’armée américaine en Syrie reste le combat contre le groupe Etat islamique (EI), considérablement affaibli, et Donald Trump plaide désormais pour un désengagement le plus rapide possible.

Il était 04H00 à Damas (01H00 GMT) samedi matin quand le président américain annonçait, depuis la Maison Blanche, le lancement de « frappes de précision » près d’une semaine après l’attaque chimique attribuée par les Occidentaux au régime syrien.

Au même moment, de lourdes détonations résonnaient dans la capitale syrienne et des colonnes de fumée émergeaient depuis le nord-est de la ville, selon une journaliste de l’AFP. Les frappes ont duré environ 45 minutes.

Le président Assad a dénoncé une « agression » qui ne fait que « renforcer » sa « détermination à continuer de lutter et d’écraser le terrorisme », terme par lequel il désigne les rebelles. Moscou a évoqué une « insulte » au président Vladimir Poutine, tandis qu’en Iran, le guide suprême Ali Khamenei a qualifié les dirigeants américain, français et britannique de « criminels ».

A Damas, les frappes ont galvanisé les partisans du régime. Au lever du soleil, plusieurs dizaines d’entre eux se sont rassemblés sur l’emblématique place des Omeyyades, au son de klaxons et de musiques patriotiques, arborant des drapeaux syriens, chantant et dansant à la gloire de Bachar al-Assad.

« L’histoire retiendra que la Syrie a abattu des missiles, mais pas seulement. Elle a abattu l’arrogance américaine », lançait fièrement Nedher Hammoud, 48 ans.

A la mi-journée, les médias d’Etat ont annoncé l’entrée de forces de sécurité du régime à Douma, l’ultime bastion rebelle dans la Ghouta, près de Damas.

Une mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) doit entamer samedi son enquête sur l’attaque chimique présumée, qui a fait au moins 40 morts dans la ville de Douma, selon des secouristes sur place mais a été qualifiée de « fabrication » des rebelles par le régime et son allié russe.

Malgré les frappes, les enquêteurs vont « poursuivre leur déploiement » en Syrie « afin d’établir les faits relatifs aux allégations d’utilisation d’armes chimiques à Douma », a assuré l’OIAC, qui n’est toutefois pas en mesure de désigner l’auteur d’une telle attaque.

Avant les frappes, Washington avait assuré avoir « la preuve » de l’utilisation d’armes chimiques par le régime, tandis que la Première ministre britannique Theresa May a assuré que l’intervention occidentale était « juste et légale ».

Les trois puissances occidentales ont reçu le soutien de l’Arabie saoudite mais aussi de la Turquie, autre acteur de l’échiquier syrien, dont le président Recep Tayyip Erdogan a salué une réponse « appropriée » aux « attaques inhumaines » de Damas.

 

D.V avec AFP

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