Mme Harris peine à convaincre certains électeurs masculins noirs, un bloc électoral clé pour les démocrates

La candidate démocrate doit faire face à une bataille difficile auprès des électeurs noirs de sexe masculin, ce qui pourrait avoir une incidence sur le sort de sa campagne en novembre

Par Emel Akan, Arjun Singh & Nathan Worcester
2 octobre 2024 20:48 Mis à jour: 2 octobre 2024 23:14

Sherman Younger, un électeur inscrit dans la petite ville de Chatham en Virginie, a voté pour Joe Biden en 2020. Cette année, cependant, il ne sait pas s’il soutiendra la vice-présidente Kamala Harris.

M. Younger fait partie des électeurs indécis qui pèseront lourd dans la balance lors des prochaines élections présidentielles, alors que Mme Harris et l’ancien président Donald Trump se disputent leur soutien.

« Le coût de la vie est trop élevé », a déclaré ce mécanicien automobile de 59 ans à Epoch Times.

Selon lui, Mme Harris a du mal à convaincre les électeurs noirs de sexe masculin, notamment lui-même. Bien que M. Younger n’exclue pas de voter pour Mme Harris, il note que certains hommes de sa communauté expriment des doutes quant à la nomination d’une femme à la tête du pays, en invoquant des barrières culturelles.

En raison de son travail, M. Younger se rend quotidiennement à Greensboro, en Caroline du Nord, un champ de bataille clé où Mme Harris a tenu un meeting de campagne il y a quelques semaines.

« Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que la majorité était des femmes », a souligné M. Younger à propos des participants au rassemblement, évoquant un écart flagrant entre les hommes et les femmes qui soutiennent Mme Harris.

La candidate démocrate à la présidence et vice-présidente Kamala Harris s’exprime lors d’un meeting de campagne au centre Alliant Energy à Madison (Wisconsin), le 20 septembre 2024. (Scott Olson/Getty Images)

La candidate démocrate est consciente du défi que représentent les hommes noirs, un groupe d’électeurs important qui pourrait avoir un impact considérable sur ses perspectives électorales au mois de novembre.

Dans une récente interview, la vice-présidente a admis qu’elle devait faire davantage pour gagner le soutien de ce bloc électoral démocrate clé.

« Je pense qu’il est très important de ne pas partir du principe que les hommes noirs sont dans la poche de quiconque », a-t-elle déclaré lors d’une interview organisée par l’Association nationale des journalistes noirs à Philadelphie le 17 septembre.

« Les hommes noirs sont comme n’importe quel groupe d’électeurs. Il faut mériter leur vote. »

Soixante-sept pour cent des femmes noires soutiennent Mme Harris, contre moins de 50 % des hommes noirs, selon des sondages récents.

Des sondages récents soulignent le défi que doit relever Mme Harris. Un sondage réalisé par l’Association nationale pour la promotion des personnes de couleur (NAACP : National Association for the Advancement of Colored People) a montré que 63 % des électeurs noirs soutiennent Mme Harris, tandis que 13 % d’entre eux sont favorables à Trump.

« Si Trump remporte un grand nombre d’électeurs noirs – s’il obtient plus de 15 ou 16 % du vote noir -, c’est fini. Il gagnera le Michigan, la Pennsylvanie, le Wisconsin et la Géorgie », estime le stratège républicain Brian Seitchik.

Selon le sondage de la NAACP, qui a interrogé 1000 électeurs noirs inscrits à travers le pays entre le 6 et le 12 août, la disparité dans le soutien est particulièrement significative entre les hommes et les femmes.

Soixante-sept pour cent des femmes noires soutiennent Mme Harris. Cependant, parmi les hommes noirs de moins de 50 ans, par exemple, son soutien tombe à 49 %, tandis que la popularité de Trump grimpe à 26 %.

Depuis longtemps, les électeurs noirs soutiennent massivement le parti démocrate. En 2020, Biden a obtenu 92 % de leurs suffrages, selon Pew Research. En 2008, Barack Obama a récolté 95 % du vote des Noirs, contribuant ainsi à sa victoire décisive.

Je pense aux impôts

Mark Martin, un Afro-Américain de Grand Rapids, dans le Michigan, a confié à Epoch Times qu’il voterait pour Donald Trump.

M. Martin est propriétaire d’une petite entreprise qui assure le transport de pièces détachées pour General Motors et Ford.

« Je pense aux impôts », a avoué l’homme de 47 ans.

Il n’est pas non plus satisfait des infrastructures du pays. « On a l’impression que rien n’est jamais fait », a-t-il déploré.

Pour l’entrepreneur, la race ou le sexe ne sont pas des préoccupations majeures. Selon lui, les hommes politiques nationaux « ne tiennent pas leurs promesses ».

Al Smith, 34 ans, propriétaire d’un atelier de réparation de carrosseries à Greensboro, en Caroline du Nord, partage le même sentiment.

M. Smith, qui est afro-américain et partisan de Donald Trump, a exprimé son scepticisme quant à la capacité de Mme Harris à s’attaquer efficacement aux problèmes du pays.

Il n’est pas surpris du faible soutien dont bénéficie Mme Harris parmi les électeurs noirs de sexe masculin.

« Elle devrait comprendre qu’un homme noir ne peut faire confiance à personne, pas même à une femme noire », a souligné M. Smith à Epoch Times.

Bien que M. Smith apprécie la capacité de Trump à tenir ses promesses, il reconnaît que certaines des propositions de l’ancien président, en particulier en matière d’immigration, peuvent être extrêmes.

Dante White, un employé de Chick-fil-A, estime que les soins de santé et les bons d’alimentation seront les principaux enjeux électoraux pour lui, à Greensboro, en Caroline du Nord, le 19 septembre 2024. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

À l’inverse, Dante White, un employé de Chick-fil-A âgé de 37 ans et originaire de la même ville, a exprimé son soutien à Mme Harris.

« Je pense qu’elle sera une bonne présidente », a-t-il assuré à Epoch Times.

Pour lui, les questions clés sont les soins de santé et les bons d’alimentation. « Je ne veux pas qu’ils me soient retirés », a déclaré M. White, qui dépend de Medicaid.

Le sondage de la NAACP a révélé que 40 % des personnes interrogées donnaient la priorité aux préoccupations économiques, tandis que 53 % soulignaient l’importance de la protection des droits et des libertés.

Il estime que le pays devrait investir davantage dans l’éducation et pense que Mme Harris plaiderait en ce sens.

Le sondage de la NAACP a révélé que 40 % des personnes interrogées donnaient la priorité aux préoccupations économiques, tandis que 53 % soulignaient l’importance de la protection des droits et des libertés.

Un partisan de Sanders penche vers Trump

Jérôme, qui a préféré ne pas divulguer son nom de famille, prévoit de voter pour Trump lors des prochaines élections.

Ce chauffeur Uber de 43 ans, originaire d’Annandale, en Virginie, considère l’économie comme son principal problème.

« Le coût de la vie dans la région de Washington est scandaleux », a-t-il souligné à Epoch Times.

La force du dollar face aux autres devises est importante pour lui, car il voyage souvent à l’étranger. Il soutient la volonté de Trump de maintenir le dollar comme devise de réserve mondiale.

Jérôme était un supporter de Bernie Sanders en 2016 mais a voté pour Trump en 2020.

De nombreux électeurs, comme Jérôme, continuent de préférer Trump à Mme Harris sur la gestion de l’économie. Toutefois, ces dernières semaines, la vice-présidente a réduit l’avance de longue date de son adversaire républicain sur cette question.

Les sondages menés à l’échelle nationale et dans les États fédérés montrent toujours une course serrée entre Mme Harris et Trump, à moins de six semaines de l’élection.

Le candidat républicain à la présidence et ancien président Donald Trump arrive à un événement de campagne dans une usine de fabrication à Walker, Michigan, le 27 septembre 2024. (Scott Olson/Getty Images)
La candidate démocrate à la présidence et vice-présidente Kamala Harris parle de son programme politique à Raleigh, en Caroline du Nord, le 16 août 2024. (Grant Baldwin/Getty Images)

La campagne de Mme Harris a intensifié ses efforts pour augmenter la participation des hommes noirs et latinos dans les États clés de l’échiquier politique. Dans le cadre de cette stratégie, la campagne investit dans des publicités ciblant les jeunes hommes lors des matchs de la ligue de baseball, des retransmissions de football universitaire et des matchs de football dans les États clés de l’échiquier politique.

La campagne a également acheté récemment un espace publicitaire sur IGN, un site d’information de premier plan sur les jeux vidéo.

La campagne de Mme Harris évite toutefois de souligner le caractère historique de sa candidature comme candidate féminine dans cette course.

Christopher Bruce, stratège démocrate, insiste sur la nécessité pour Mme Harris de présenter ses politiques plus efficacement afin de trouver un écho auprès des électeurs noirs de sexe masculin.

« Ce ne sont pas les sondages qui décident du vote. Ce sont les gens qui votent », a-t-il déclaré, se montrant optimiste quant à la capacité de Mme Harris à se rapprocher de ce groupe cible.

Trump doit susciter l’intérêt des électrices, tandis que Mme Harris doit s’efforcer d’attirer les cols bleus, estime M. Seitchik.

« Je pense qu’elle a un bilan solide et un programme politique fort », a estimé M. Bruce.

M. Seitchik est conscient des enjeux pour les deux candidats.

« Nous constatons un écart assez important entre les hommes et les femmes », a-t-il souligné à Epoch Times, ajoutant que les femmes penchaient pour Mme Harris tandis que les hommes préféraient Donald Trump.

« Il y a toujours eu un écart entre les hommes et les femmes, mais cet écart semble particulièrement prononcé dans ce cycle. »

Pour M. Seitchik, Trump doit séduire les électrices dans la dernière ligne droite, en particulier les femmes qui ont fait des études supérieures dans les banlieues de Phoenix, Milwaukee, Pittsburgh, Philadelphie et Atlanta.

À l’inverse, Mme Harris doit se concentrer davantage sur l’engagement des hommes en col bleu et veiller à mobiliser efficacement le soutien de la communauté noire, a-t-il fait remarquer.

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