Appels au calme d’un côté, à l’auto-défense de l’autre : à quelques jours d’une nouvelle mobilisation d’ampleur d’opposants aux « méga-bassines » dans le Poitou, la tension s’accroît entre adversaires et partisans de ces retenues d’eau pour l’irrigation agricole. La préfecture des Deux-Sèvres fustige l’absence de dialogue des organisations animatrices.
Au moins 10.000 personnes sont attendues par les organisateurs, entre mardi et dimanche prochain, au « Village de l’eau » installé à Melle (Deux-Sèvres), à quelque kilomètres seulement de Sainte-Soline, où de violent affrontements en mars 2023 avaient opposé certains manifestants et forces de l’ordre.
Environ 200 élus de différents bords politiques, dont la députée écologiste des Deux-Sèvres Delphine Batho, se sont rassemblés vendredi en fin de journée à Melle pour exprimer leur « inquiétude » face à « l’intention assumée et explicite » de mener « des actions de désobéissance civile ».
Les 19 et 20 juillet, les organisateurs, dont le collectif Bassines Non Merci, les Soulèvements de la Terre, Attac ou l’union Solidaires, ont prévu des « occupations, blocages ou désarmements » d’installations dans le but « d’arracher un moratoire » sur la construction des « méga-bassines ». Pour la présidente DVD du département des Deux-Sèvres, Coralie Dénoues, l’événement « porte en lui les germes des violences que nous avons vécues l’an dernier ».
Dissimulation délibérée d’informations essentielles ?
La préfète Emmanuelle Dubée avait invité les organisations animatrices du Village de l’eau pour dialoguer « afin de prévoir ces rassemblements au vu des risques élevés qu’ils présentent », rapporte la Nouvelle République. Néanmoins, seuls le maire de Melle et un représentant de Solidaires 79 s’étant déplacé, la préfète regrette « qu’encore une fois, une partie des organisateurs de ces manifestations dissimule délibérément des informations essentielles pour assurer la sécurité des personnes et des biens, alors que les rassemblements annoncés à Melle, comme dans d’autres lieux à proximité, sont susceptibles de dégénérer et que le partage des informations est un gage de prise en charge rapide pour les éventuels blessés ».
Ainsi, la préfecture des Deux-Sèvres a « rappelé » leurs responsabilités aux organisateurs du Village de l’eau et des actions revendicatives prévues « au vu des risques élevés qu’ils présentent », soulignant qu’elle prenait « dès à présent des mesures administratives pour appuyer les actions de la gendarmerie ».
Les syndicats agricoles divisés
Les syndicats agricoles ont affiché leurs divergences à l’approche de l’événement. La Confédération paysanne, qui fait partie des organisateurs, appelle les pouvoirs publics à « œuvrer pour qu’un dialogue soit enfin mis en œuvre » sur le partage de l’eau, plutôt que « de jouer les pompiers pyromanes ou les oiseaux de mauvais augure ». La Coordination rurale du Lot-et-Garonne, de son côté, condamne les « écologistes intégristes » et appelle les agriculteurs à « aller soutenir et défendre nos amis paysans » dans les Deux-Sèvres, assurant que « les agriculteurs se tiendront aux côtés des forces de l’ordre ». Le premier syndicat agricole, la FNSEA, estime pour sa part que « tout est réuni pour que le pire arrive » et appelle au calme, exhortant les agriculteurs « à ne pas céder aux intimidations et provocations ».
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