Le Premier ministre Édouard Philippe a pour la première fois le 2 avril parlé d’une fin du confinement en France. Pas pour indiquer qu’elle approchait, mais pour prévenir que sa mise en œuvre, le jour venu, serait progressive. Signe que le monde hexagonal commence à envisager « l’après-pandémie », les syndicats qui étaient restés relativement silencieux ces trois dernières semaines s’inquiètent de ce que la crise pourrait remettre en cause des ‘acquis sociaux’ – convaincus semble-t-il que tout devrait reprendre exactement comme avant. D’autres, persuadés qu’arrive une catastrophe économique qui sera bien pire que l’épidémie de Wuhan, annoncent des bouleversements sociaux sans précédent.
Tous les scénarios bâtis par les éditorialistes économiques, les sociologues, les think tanks prennent comme point de départ l’hypothèse que le virus de Wuhan va passer ; qu’il ne subira pas – en plus de ces étranges mutations qui laissent penser qu’il aurait pu s’échapper d’un laboratoire chinois – de nouvelles transformations qui le rendraient plus dangereux. Il n’est pourtant pas exclu, comme pour la grippe espagnole de 1918, qu’une nouvelle forme plus virulente du virus de Wuhan n’apparaisse et ne fasse des ravages bien pires que les 2% de décès actuels. Mais à ce jour, tous préfèrent l’optimisme et se contentent de prévoir une crise économique planétaire.
Tous, ou presque, tentent aussi de réfléchir l’après-crise avec les mêmes outils que ceux qui permettent de gérer les récessions et crises bancaires habituelles : Assurer des liquidités, protéger les banques et les entreprises de la faillite, maintenir des taux directeurs bas… Comme si rien de mieux que ce qui a déjà été fait n’était possible, et alors même que les outils cités, déployés à plein depuis 2008, n’ont plus d’espace pour jouer un rôle de coup de fouet.
L’hypothèse d’un monde « presque » comme avant
Comme l’explique la Harvard Business Review, « il est presque impossible de prédire le chemin devant nous, tant les dimensions multiples de cette crise sont sans précédent et impossibles à connaître. »
Le chemin de pensée que semblent prendre la plupart de nos responsables politiques est pourtant de continuer à faire presque comme avant. « Presque » parce qu’il faudra bien ré-ouvrir une usine ou deux pour la production de matériel médical ou de médicaments, afin de montrer que les leçons ont été tirées … mais sans que cela s’accompagne d’un changement plus fondamental dans nos modes de production, de consommation et dans la définition du « projet » national.
Dans cette réjouissante hypothèse, il faudrait prioritairement « augmenter la demande » et « retrouver la croissance. » Pour cela, consommer plus et, pour avoir les moyens de le faire, acheter moins cher des biens d’utilité variable et produits loin de France. Notre « dépendance » vis-à-vis de la Chine, qui aujourd’hui déjà paralyse l’exécutif français et le rend incapable de toute position ferme à son sujet, continuerait. Nous aurons alors toujours, comme ces dernières semaines, l’ensemble des médias publics pour louer le parti communiste chinois dans sa gestion de l’épidémie et pour le remercier d’envoyer des masques en France – en oubliant que ce parti est responsable de l’épidémie, qu’il s’enrichit et profitant de nos difficultés, et enfin utilise la crise pour augmenter son emprise sur l’Europe.
Le cauchemar d’une domination mondiale par le parti communiste chinois
Certains analystes pensent à une offensive chinoise sur l’Europe et les Etats-Unis impossible aujourd’hui, justifiant du fait que la Chine va, elle aussi, subir le contre-coup de la crise économique à venir. Confiant, le New-York Times rappelle par exemple que « durant les dix dernières années la dette des entreprises chinoises a été multipliée par 4 pour atteindre 20 trilliards de dollars – la pire du monde. Le Fonds Monétaire International estime que 10% de cette dette vient d’entreprises zombies qui ne survivent que par les aides gouvernementales. »
Cary Huang, éditorialiste du South China Morning Post, n’est pas loin de penser la même chose : « Le plan de relance proposé par Pékin ne fera qu’accroître la colossale dette chinoise, qui a atteint 310% du PIB fin d’année dernière d’après l’Institut international de finance. De nombreuses économies avec de tels niveaux de dette ont subi un crash financier ou une crise économique. La Chine représente maintenant 60% de la dette internationale. »
Plus loin, l’analyste anticipe que la Chine prendra de face les conséquences de la crise économique en Europe et aux États-Unis : « La chute de la demande étrangère créera une seconde onde de choc qui affectera l’économie chinoise, orientée vers l’export, au moment où elle se remet tout juste de la période de confinement. »
Cette interprétation est vigoureusement contredite par le think tank Foreign Affairs, qui rappelle que « le premier marché pour la Chine est la Chine » : « Puisque l’économie chinoise est moins dépendante aujourd’hui des exportations pour sa croissance – ils représentent 19,5% du PIB en 2018 contre 32,6% en 2008 – la croissance chinoise pourrait ne pas être autant affectée que certains l’espèrent. »
L’attitude du régime communiste chinois plaide pour cette hypothèse. Pékin ré-écrit l’histoire de l’épidémie et déploie des efforts considérables pour se positionner comme un acteur incontournable de la « post-crise. » « Ils ont une stratégie pour l’après-virus, et elle a déjà commencé », explique Nate Picarsic, co-fondateur d’Horizon Advisory, une firme experte dans le suivi de l’activité du gouvernement chinois. Cité par le Washington Post, Horizon dissèque la stratégie du parti communiste pour exploiter l’affaiblissement des économies occidentales à son bénéfice : attirer des investissements étrangers, prendre des positions fortes au capital d’entreprises européennes et américaines stratégiques, et bloquer toutes les critiques en augmentant son contrôle sur les médias internationaux. « La Chine a un plan stratégique de long-terme qui est centré sur le fait de prendre de leviers de contrôle pour exercer un pouvoir coercitif sur les Etats Unis et les systèmes internationaux », commente l’analyste Emily de La Bruyere. « Maintenant que le monde est figé, la Chine voit cela comme une opportunité pour avancer plus vite et plus agressivement. »
Une troisième voie ?
Comme premier point d’attaque dans cette stratégie, pointe Foreign Policy, « Pékin utilise tous les moyens possibles pendant cette crise pour créer la zizanie entre les membres de l’Union Européenne, qu’il voit comme un rival protégeant les intérêts et les valeurs européennes contre les tentatives chinoises de prendre le pouvoir sur le continent. »
Serons-nous alors nécessairement vassalisés par le régime communiste chinois ? Une autre voie est possible, qui commence par le politique comme par l’opinion publique. Si était posé comme principe que seuls les produits non essentiels et non-productibles en France pouvaient être importés ; si tous rappelaient que c’est à cause d’une confiance mal placée dans le régime chinois que l’épidémie est devenue mondiale ; si, sans faire l’erreur d’une décroissance radicale, nous apprenions à consommer mieux et à retrouver le sens des choses – quel levier resterait-il alors au parti communiste chinois pour tenter de nous gouverner ? Ces masques qui ne valaient rien il y a six semaines et qui maintenant se vendent à prix d’or nous l’apprennent : la vraie valeur des biens se révèle dans les moments de tension. Dans les supermarchés récemment, les gens effrayés se sont battus pour des pâtes et de l’huile… pas pour des smartphones ou des consoles de jeux vidéos.
La France pourrait, si la prise de conscience grandit, comprendre que le progrès n’est pas une ligne droite : lorsqu’on réalise avoir pris le mauvais chemin, avec les mauvais partenaires, c’est en reculant qu’il se manifeste. Notre pays dispose d’une grande agriculture, a tout ce qui est nécessaire pour produire de quoi garantir la santé de sa population. Sauf à vouloir renier son histoire, elle ne devrait être assujettie à personne, et moins encore à la pire des dictatures. Le chemin vers un renouveau du génie français, nous le croyons, se trouve peut-être dans le motto de notre journal : Vérité et tradition.
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