Danse de guerre servant à l’origine à préparer les guerriers maoris au combat, le haka a été progressivement adopté vers la fin du XXe siècle par les All Blacks néo-zélandais : une manière de venir défier leurs adversaires avant leurs matchs de rugby.
C’est maintenant une tradition incontournable : à quelques minutes du coup d’envoi du match d’ouverture de la Coupe du monde entre la France et la Nouvelle-Zélande le 8 septembre, les yeux du public du stade de France et de millions de téléspectateurs seront rivés sur la chorégraphie des hommes en noir.
Pour le demi d’ouverture néo-zélandais Beauden Barrett, le haka est un élément important de la préparation d’avant-match. « C’est un moment pour nous rassembler et être unis », a-t-il déclaré à l’AFP. « Pour moi, c’est notre héritage, ce qui a été fait avant nous. Être dans l’instant, et se préparer à la bataille », explique l’aîné des frères Barrett.
???? Le haka des All Blacks avant la rencontre face à l’Afrique du Sud
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Avant chaque rencontre, les All Blacks interprètent une des deux versions du haka. Soit le Kapa O Pango, spécialement créé pour eux et exécuté pour la première fois en 2005, soit le traditionnel Ka Mate, qui reste le plus connu.
Dans la loi néo-zélandaise, la tribu maori Ngati Toa, basée à proximité de Wellington, est reconnue comme gardienne culturelle du Ka Mate. Le Ka Mate a été composé par le chef guerrier Te Rauparaha vers 1820. Il visait alors à célébrer sa fuite d’une tribu rivale qui le poursuivait.
« En signe de profond respect »
Pour les Néo-zélandais, le Ka Mate est réalisé « en signe de profond respect, que ce soit lors de funérailles, d’anniversaires ou de mariages », explique Taku Parai, membre de la tribu maori Ngati Toa. « Il s’agit de maintenir le ‘mana’ (prestige) d’un évènement. »
Mais les rugbymen néozélandais n’ont pas toujours su scander la danse guerrière, ponctuée de grands coups sur la poitrine ou sur les cuisses, avec le même coordination et la même rage qu’aujourd’hui. À l’origine, les All Blacks ne faisaient le haka que lorsqu’ils jouaient à l’extérieur et avec des résultats parfois mitigés: les joueurs n’étant pas d’origine maori étaient loin d’y être aussi à l’aise qu’avec le ballon ovale.
La vidéo d’un haka particulièrement médiocre, réalisé à Cardiff lors d’une tournée en 1973, rappelle qu’à l’exception du demi de mêlée maori de l’époque Sid Going, peu de joueurs néo-zélandais semblaient connaître la chorégraphie.
Ce n’est que lorsque Sir Wayne « Buck » Shelford est entré dans l’équipe des All Blacks au milieu des années 1980 que le haka a commencé à ressembler à la danse féroce que l’on connaît aujourd’hui. « Jusqu’à Buck, ils agitaient leurs doigts comme des clochettes », plaisante Taku Parai. « J’étais déçu de voir qu’ils n’arrivaient pas se coordonner, à se présenter comme des guerriers, plutôt que comme des pantins qui balancent les bras et tapent du pied », a raconté à l’AFP Shelford, ancien troisième ligne centre.
« Tout à coup, ils se sont mis à aimer ça »
Alors pendant une tournée en Argentine, Shelford et le joueur maori Hika Reid ont décidé que le haka devait être exécuté correctement ou ne pas être exécuté du tout. « Nous avons insisté pour que les joueurs et le staff adhèrent à 100% au projet. Je ne voulais pas faire partie d’une équipe qui interprétait mal le haka », se remémore Shelford. « Ça aurait été un manque de respect pour nos concitoyens. »
Shelford a insisté pour que chaque joueur apprenne par cœur les paroles et les gestes du haka. « Tout à coup, ils se sont mis à aimer ça parce que c’était bien exécuté, et parce que nous le faisions pour une bonne raison », se souvient Shelford.
Avec le troisième ligne à la baguette, le haka est devenu, à partir de 1987, un élément incontournable des matches des All Blacks. Cette même année, les Néo-zélandais ont remporté à domicile la première Coupe du monde de rugby.
Dans les années qui ont suivi le dernier match de Shelford avec les All Blacks en 1990, d’autres joueurs maori comme Piri Weepu, TJ Perenara et l’actuel demi de mêlée Aaron Smith, on dirigé le haka avec la même passion. »Je suis très fier de ce que c’est devenu. En tant que ‘Kiwi’, cela fait partie de notre culture et les gens le respecte », se félicite Shelford.
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