Tremblement de terre dans le monde « So British » du snooker: le Belge Luca Brecel est devenu le premier joueur non-issu d’un pays du Commonwealth à remporter les championnats du monde en s’imposant lundi soir face à l’Anglais Mark Selby.
Le « Belgian Bullet » s’est imposé 18 « frames » (parties) à 15 face au quadruple champion du monde et 2e joueur mondial.
Pour devenir l’attraction de ces Mondiaux-2023, disputés au Crucible Theatre, le temple du snooker à Sheffield, le Belge de 28 ans n’a pas fait dans la demi-mesure.
Le plus jeune joueur à disputer le tournoi mondial à 17 ans, en 2012,
Celui qui était devenu à 17 ans, en 2012, le plus jeune joueur à disputer le tournoi mondial – il avait été éliminé au premier tour lors de ces cinq précédentes participations – a d’abord marqué les esprits en disposant en quart de finale du maître Ronnie O’Sullivan, champion du monde sortant et déjà couronné à sept reprises.
Personne ne donnait cher de la peau du N.10 mondial face au N.1 qui a mené 10-6. Mais le duel disputé au meilleur des 25 « frames » a tourné en faveur du Belge qui en a aligné sept d’affilée pour l’emporter 13-10 !
Légende vivante de la discipline, « The Rocket » a rendu un hommage vibrant à son adversaire, expliquant que le prodige belge était « probablement le joueur de snooker le plus talentueux (qu’il ait) jamais vu. Il joue comme le snooker devrait toujours être joué ».
Unbelievable performance and a well-deserved worls title.. Congratulations Luca Brecel ?#snooker #ilovesnooker pic.twitter.com/yJcrrnSC3z
— I ❤️ Snooker (@ILoveSnooker_) May 1, 2023
Dans le milieu feutré du billard, Brecel dénote. Avec son crâne rasé, sa barbe en collier et ses multiples tatouages, il n’a plus rien du gendre idéal qu’il était à 16 ans, quand il est passé pro.
Un côté provocateur assumé
Et il assume un côté provocateur, au point de choquer outre-Manche comme quand il a expliqué avoir été « complètement ivre » à la veille de son affrontement avec O’Sullivan.
« Avant ce Mondial, je me couchais à 06h00 ou 07h00 du matin après avoir joué à Fifa avec mes amis en buvant des verres. Je m’entraînais très peu… Et avant mon quart de finale, je suis sorti en boîte de nuit jusqu’à 07h00 du matin. Je l’avoue: c’était une drôle de préparation mais, finalement, elle a marché », a-t-il raconté.
C’est donc fatigué qu’il a abordé sa demi-finale vendredi face au modeste Chinois Si Jiahui (80e mondial), se retrouvant mené 14 à 5 avant d’effectuer la plus incroyable remontada de l’histoire du tournoi pour s’imposer 17 à 15.
« Je n’ai pas de mots pour décrire ce que j’ai réalisé. J’en ai pleuré. J’ai eu un peu de chance, mais c’est incroyable », commentait-il sur l’antenne de la télévision flamande Sporza après sa qualification pour la finale.
« Je ne m’étais pas entraîné pour ce tournoi, car je souhaitais arriver frais mentalement, a poursuivi le Limbourgeois. Je n’avais pas la moindre attente. Pour être honnête, je m’attendais à perdre au premier tour (…) mais je suis devenu plus fort au fil des matches. »
A Maasmechelen, dans le nord de la Belgique, près de la frontière néerlandaise, le patron du Snooker Sports, le bar de ses débuts, dit devoir « (se) pincer pour réaliser ».
« Luca a commencé le snooker chez nous à Maasmechelen avec mon fils Stephanos. Il avait huit ans, mon fils dix », raconte Georgios Poulios à l’AFP. « J’ai rapidement compris que Luca avait quelque chose à part. Six mois près avoir débuté, il jouait déjà aussi bien que les adultes de la salle », se souvient Stephanos.
« Luca avait la technique pour briller au plus haut niveau mais n’a pas toujours eu les résultats à la hauteur de son potentiel. Cette semaine, il a vraiment franchi un cap mentalement. C’est ce qui lui manquait », ajoute-t-il.
Brecel est resté fidèle à ses racines limbourgeoise. Il se rend encore chaque semaine au Snooker Sports.
« Mais pour y jouer aux fléchettes. Car l’entraînement au snooker, c’est à son domicile, sur sa propre table », raconte Georgios, adossé au comptoir de son bar, devant les photos de la nouvelle star locale.
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