Le président du Monténégro Milo Djukanovic s’est dit prêt confier un nouveau gouvernement à l’opposition si celle-ci parvenait à s’unir, ce qui représenterait un séisme politique dans le petit pays des Balkans dominé pendant trois décennies par la formation du chef de l’Etat.
Le Parti des démocrates socialistes (DPS) n’a jamais perdu une élection depuis le démantèlement au début des années 1990 de la Yougoslavie, dont le Monténégro faisait partie.
Mais il a réalisé le pire score électoral de son histoire aux législatives dimanche, qui ont octroyé à trois coalitions de l’opposition un léger avantage.
Son camp a « subi un avertissement »
Milo Djukanovic, 58 ans, a admis mardi soir sur la chaîne régionale Newsmax Adria que son camp avait « subi un avertissement ».
Même si le DPS est arrivé en tête du scrutin, avec 35% des voix, devant la liste pro-serbe nationaliste « Pour l’avenir du Monténégro » (32,5%), les trois principales listes d’opposition devraient disposer d’une petite majorité de 41 sur 81 sièges au Parlement.
Possibilité de former le nouveau gouvernement
« En ce qui concerne la formation du nouveau gouvernement, nous respecterons, les règles démocratiques . Celui qui a 41 sièges au Parlement monténégrin obtiendra la possibilité de former le nouveau gouvernement », a déclaré le chef de l’Etat.
Les trois coalitions, réunion hétéroclite d’une alliance pro-serbe de droite, d’un groupe plus centriste et d’un groupement libéral, ont promis de dépasser leurs divergences pour former rapidement un gouvernement d’experts et chasser le DPS du pouvoir.
Si les partisans de la démocratie se sont réjouis de la perspective de faire basculer le gouvernement, d’autres s’inquiètent de la poussée des forces anti-pluralistes.
Camp pro-serbe rassemblés par milliers
Depuis le scrutin, des partisans du camp pro-serbe se sont rassemblés par milliers pour fêter les résultats en agitant des drapeaux serbes et en chantant des chants nationalistes.
River of light, sea of freedom.
Prayers can be heard throughout #Montenegro
These are not just random elections, this is a fight for the survival of Orthodox Christianity and Serbian nation.
We will NEVER give our holy shrines!
One family. One love. ☦️❤️?? pic.twitter.com/HEuuifDQPM
— Богиња пролећа ?? (@boginjaproleca) August 28, 2020
Des membres de la minorité musulmane du Monténégro ont signalé des attaques, y compris contre des bâtiments de la communauté islamique de Pljevlja, dans le nord du pays.
« Cette folie doit prendre fin », s’est insurgé sur Facebook le principal imam de la ville Sarmi Kadribasic, en décrivant les dégâts. Deux musulmans de la ville ont déclaré avoir subi des agressions physiques.
Les leaders de l’opposition pro-serbe, de même que la puissante Eglise orthodoxe serbe (SPC), dominante au Monténégro et dont le siège est à Belgrade, ont condamné les violences et appelé au calme.
Milo Djukanovic, qui a présidé à la séparation du Monténégro de la Serbie en 2006, à son entrée dans l’Otan et à son rapprochement avec l’Union européenne, a dénoncé une résurgence du « nationalisme des années 1990 » et accusé Belgrade d’avoir soufflé sur les braises en amont du scrutin.
Ces accusations sont réfutées par les autorités serbes.
Le camp pro-serbe a été renforcé cette année par la controverse religieuse qui fait rage au Monténégro depuis l’adoption en décembre d’une loi sur la liberté de religion. Le texte ouvre la voie à ce que des centaines d’églises et de monastères gérés par la SPC deviennent propriété de l’Etat monténégrin.
L’opposition a bénéficié d’un large soutien de la SPC durant la campagne électorale.
Selon le recensement de 2011, près de 30% des 620.000 habitants du Monténégro se déclarent serbes. Une partie d’entre eux sont remontés contre la volonté du président, lui-même élu jusqu’en 2023, de consolider l’identité nationale du Monténégro.
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