Quarante ans de haine entre deux familles et deux morts, déclenchés par le vol du portefeuille du présentateur de télévision Guy Lux, à Lodève (Hérault) : le procès d’Ahmed Bakiri, accusé d’avoir tué le meurtrier de son frère, a débuté lundi à Montpellier.
Les faits reprochés à cet homme de 51 ans remontent à mars 2016 : quand il aperçoit sur le parking d’une clinique montpelliéraine l’homme qui a tué son frère, en 1990, M. Bakiri sort de sa veste un 357 magnum et le blesse grièvement, avant de l’achever d’une balle dans la nuque.
Une « tragédie grecque »
Devant les assises de l’Hérault, c’est une « tragédie grecque » que vont avoir à juger les jurés, jusqu’à jeudi, selon les termes de l’avocat de l’accusé, Me Luc Abratkiewicz. Une tragédie dont l’élément déclencheur aurait été le vol, en 1985, du portefeuille de Guy Lux, de passage à Lodève, où habitent les deux familles rivales, pour préparer sa célèbre émission « Intervilles ».
Pour le patron du restaurant où le larcin a eu lieu, un membre de la famille Bakiri, c’est Mohamed Benameur, un voisin, qui a fait le coup. Kader Bakiri, fils aîné de cette fratrie de 11 enfants, blesse Mohamed Benameur avec une arme à feu.
Cinq ans plus tard, en 1990, les deux hommes se recroisent et Mohamed Benameur tue Kader Bakiri.
Condamné à huit ans de réclusion criminelle, une peine jugée trop légère par la famille Bakiri, Mohamed Benameur va ensuite s’établir à Toulouse. Mais, en mars 2016, les deux familles vont à nouveau se croiser à la clinique Saint-Jean de Montpellier, où elles ont chacune un proche hospitalisé.
Vengeance meurtrière
Huitième de la fratrie, Ahmed Bakiri a gardé en mémoire le visage tuméfié de son frère aîné mort dans ses bras. Alors, lorsqu’il reconnaît plusieurs membres du « clan opposé » devant l’hôpital, ce patron de discothèque, qui se dit menacé de mort dans sa profession, fait usage du 357 magnum qu’il porte toujours sur lui.
Il blesse d’abord grièvement d’une balle Lahcène, un des frères Benameur, qui s’effondre, puis tire sur Mohamed. Il le poursuit entre les voitures du parking et l’achève d’une balle dans la nuque alors qu’il est étendu sur le ventre. Il sera interpellé quelques minutes plus tard.
Lundi, à l’ouverture de l’audience, la tension était encore présente. Quand Ahmed Bakiri, vêtu d’une chemise beige, se présente à la barre, le président demande au service d’ordre de se rapprocher de l’accusé, afin d’assurer sa sécurité « au plus près ».
Deux clans dans la haine depuis 40 ans
L’accusé reconnaît avoir tiré sur Mohamed Benameur. Mais il se serait senti en danger lorsque son adversaire a fait mine de prendre quelque chose dans sa sacoche. Et il nie avoir su que des membres de la famille Benameur seraient présents, ce que celle-ci conteste, affirmant avoir été aperçue à la clinique par l’autre famille les jours précédents les faits.
En janvier 2019, la juge d’instruction avait en tout cas écarté la préméditation, requalifiant la prévention d’assassinat initialement retenue en « meurtre » et « tentative de meurtre ».
Le verdict attendu jeudi
Prévu à l’origine en mars 2020, ce procès avait été reporté en raison de la pandémie de Covid et Ahmed Bakiri a été libéré, après quatre ans de détention provisoire.
Il devrait toutefois rapidement retourner en prison, son avocat, Luc Abratkiewicz, ayant confié à l’AFP s’attendre à une peine de « 15 à 18 ans » de réclusion, voire « de 18 à 22 ans » si le jury se montrait sévère. Épilogue d’une haine qui oppose depuis quarante ans les Bakiri aux Benameur, le verdict est attendu jeudi.
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