À Riantec dans le Morbihan, plusieurs dizaines de personnes se sont mobilisées samedi dernier aux côtés des lavandières pour manifester contre le projet de destruction du lavoir de Kerberenne, prévue afin de respecter la loi sur l’eau, au nom de l’écologie.
« Nous venons au lavoir depuis 43 ans, deux à trois fois par semaine, et même en hiver », expliquent à Ouest-France Aimée, Denise et Claudine. Les trois lavandières disposent pourtant toutes d’une machine à laver. « Mais ici, ça fait un bon bol d’air, du bien à la tête et on discute dans un cadre agréable et reposant. » L’une d’elles ajoute, en entrevue au Télégramme, que « c’est incomparable pour le linge ».
La loi sur l’eau et les milieux aquatiques, qui date de 2006, vise à préserver les ressources en eau et les milieux aquatiques. Elle oblige les collectivités à supprimer tout obstacle à la libre circulation des poissons. C’est pour respecter cette loi que ce lavoir de Riantec risque d’être démoli dans un futur proche. Le maire, Jean-Michel Bonhomme, indique que « l’équipe municipale n’est pas favorable à la suppression du lavoir, mais que les élus se doivent de respecter les règles du code de l’environnement et du Sage Blavet ».
A #Riantec, manifestation contre la destruction programmée du lavoir ou une dizaine de lavandières viennent encore laver leur linge chaque semaine #morbihan pic.twitter.com/4Ai5rxzHKW
— Isa Rettig (@isa_rettig) June 12, 2021
Cette loi parle d’écologie, mais aucun élu n’a l’air de faire peser dans la balance le nombre de fois où le lavoir a permis d’économiser des ressources en eau et en électricité avec tout ce linge lavé à la main plutôt qu’en machine. D’autres personnes viennent y rincer leurs combinaisons de plongée ou encore remplir quelques bidons afin d’arroser leur jardin, ce qui économise l’eau potable traitée par la commune.
70 personnes ont manifesté à Riantec contre le projet de destruction du lavoir de Kerberennehttps://t.co/4c0ulJgHbm pic.twitter.com/6G2DNbEwGR
— Le Télégramme Lorient (@TelegLorient) June 14, 2021
Détruit pour être remplacé par une route ?
Les manifestants s’interrogent sur l’utilité de détruire le lavoir de Kerberenne. S’agit-il du seul obstacle à la circulation des poissons migrateurs ? « Il suffirait peut-être d’adapter le contournement en réalisant une passe à poissons. Il nous semble que la continuité écologique ne veut pas dire destruction des ouvrages », assurent des manifestants.
Les personnes opposées au projet de destruction se préoccupent de savoir ce qui fera place au lavoir dans ce lieu bucolique, où des habitants locaux aussi bien que des touristes viennent pique-niquer. Claudie Pesquer, de l’opposition municipale, pense qu’il sera remplacé par une route menant à un futur développement dans le champ voisin. Sur le groupe Facebook Bienvenue à Port-Louis, Riantec, Gâvres et Locmiquélic, nombre d’internautes craignent que le lavoir ne soit remplacé par des lotissements.
Le maire de Riantec indique de son côté que le lavoir de Kerberenne n’est pas si ancien. Il date des années 1930, l’ouvrage n’est « pas en pierres, mais en béton », et il « n’a pas d’existence légale ». Pour Jean-Michel Bonhomme, les « bruits qui circulent sur la création d’une route en lieu et place du lavoir, ils dénotent une méconnaissance totale des règles (zone humide), et sont sans aucun fondement. Si une route devait se faire, ce serait bien au-delà de ce site ».
Il évoque aussi la possibilité de ne pas détruire le lavoir, mais d’arrêter uniquement de l’alimenter en eau, ce qui serait une solution alternative.
« Toutes nos grands-mères y sont allées ! »
« Non, non et non », s’exclame une utilisatrice de Facebook. « Ce lavoir est là depuis tellement d’années, il fait partie du patrimoine et de l’environnement de Riantec. Sans lui, notre village perd une belle partie de son âme ! »
« Toutes nos grands-mères y sont allées, à ce lavoir ! C’est un peu de l’histoire de nos familles qu’on veut nous enlever », ajoute une autre internaute.
Une réunion publique aura lieu en septembre ou en octobre prochain, indique le maire de la commune de près de 6 000 habitants, « quand nous aurons plus d’éléments sur les aspects financiers de ce dossier que la commune devra en partie prendre en charge et un éventuel calendrier ». Sur le groupe local de Facebook, les personnes mobilisées craignent que cette réunion ait lieu une fois que les décisions finales auront été prises.
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