La découverte du crâne et de quelques vêtements du petit Émile donnent certes quelques indications, mais rien ne permet toujours d’expliquer comment ce garçonnet de deux ans et demi a disparu puis trouvé la mort début juillet, dans un minuscule hameau des Alpes-de-Haute-Provence.
« Ces seuls os ne permettent pas de dire quelle est la cause de la mort d’Émile », a concédé le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, lors d’un point presse mardi.
Et « entre la chute, l’homicide involontaire et le meurtre, on ne peut toujours pas privilégier une hypothèse plutôt qu’une autre », a insisté le magistrat, dans sa première intervention face à la presse dans un dossier d’où rien de concret n’avait émergé jusqu’à jeudi, quand les événements se sont précipités.
La semaine dernière, les gendarmes avaient convoqué 17 personnes au Haut-Vernet, la famille, des voisins et des témoins visuels, pour une « mise en situation » destinée à reconstituer les faits et gestes de chacun ce 8 juillet, entre le réveil de l’enfant de sa sieste, puis l’appel aux gendarmes à 18h12 exactement, pour signaler sa disparition.
Émile venait alors d’arriver chez ses grands-parents maternels, pour les vacances d’été.
Témoin clef
Puis 48 heures plus tard, samedi, c’est une promeneuse qui trouvait un crâne et quelques dents, qu’elle mettait « avec précaution » dans un sac plastique avant de rentrer chez elle et d’appeler la gendarmerie, a rapporté le procureur, refusant de donner plus de détails sur le profil de ce témoin clef.
Enfin, lundi, nouvelle découverte : à 150 mètres en contrebas du chemin où les ossements d’Émile ont été aperçus, les gendarmes retrouvent, « éparpillés sur quelques dizaines de mètres », le tee-shirt, les chaussures et la culotte de l’enfant, explique le magistrat.
Autant d’éléments qui sont partis à l’analyse à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) à Pontoise, en banlieue parisienne.
« Aucun traumatisme ante mortem n’a été observé » sur le crâne
Dans les laboratoires de ce même institut, les ossements ont eux commencé à donner quelques indications. Et même s’ils ne peuvent pas expliquer ce décès, il s’agit d’une « étape importante de l’enquête », a insisté le colonel Christophe Berthelin, commandant de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille.
En effet, « aucun traumatisme ante mortem n’a été observé » sur le crâne, qui présente néanmoins « de petites fractures et fissures post mortem » ainsi que « des traces de morsures, probablement causées par un ou des animaux », a détaillé le procureur.
S’agissant du lieu de ces découvertes, il se situe à environ 1,7 kilomètre du hameau, à 25 minutes de marche pour un randonneur adulte. Mais, a précisé M. Blachon, ce sentier se trouve près d’un ruisseau qui descend de la montagne, avec à cet endroit-là une « très forte déclivité », de l’ordre de 30%.
Sous-entendu : personne ne peut affirmer que le crâne d’Émile et ses vêtements étaient à cet endroit depuis le 8 juillet. Ils ont pu être « ramenés par une personne humaine, un animal, ou bien les conditions météo », comme l’expliquait dès lundi la porte-parole de la gendarmerie, Marie-Laure Pezant.
Car la zone avait été fouillée lors des battues organisées juste après la disparition. Des chiens pisteurs, des hélicoptères dotés de caméras thermiques avaient également arpenté et survolé la zone. Seuls les chiens spécialisés dans la recherche de cadavre, déployés autour du 23 juillet, n’avaient pas eux parcouru ce sentier, selon Jean-Luc Blachon.
Des investigations jusqu’à au moins mercredi
Les investigations sur le terrain au Haut-Vernet vont se poursuivre au moins mercredi, toujours selon le procureur. Sur le terrain, ce sont une centaine de gendarmes qui sont déployés depuis dimanche, dont des dizaines d’enquêteurs, avec parmi eux des anthropologues et des équipes cynophiles aidées de chiens spécialisés dans la détection de restes humains.
Le hameau, rattaché au village du Vernet, est lui coupé du monde depuis dimanche, pour les besoins de cette nouvelle phase de l’enquête, et il restera inaccessible à toute personne extérieure au moins jusqu’à la fin de la semaine, selon un arrêté municipal.
Initialement ouverte pour « recherche des causes de disparition inquiétante », l’enquête s’était transformée en information judiciaire le 18 juillet, avec la saisine de deux juges d’instruction d’Aix-en-Provence. Puis, le 21 août, elle avait été élargie aux faits criminels « d’enlèvement » et « séquestration ».
Depuis, près de 1700 signalements ont été vérifiés, 157 auditions effectuées, 18 véhicules fouillées et 500 prélèvement et scellés réalisés, a détaillé le colonel Berthelin, parlant d’un dossier d’un million de pages, avec toutes les données numériques.
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