Chute accidentelle, homicide involontaire, meurtre ? Beaucoup de questions autour de la disparition d’Émile Soleil, il y a neuf mois, au Haut-Vernet.
Si le décès du petit Émile a été confirmé dimanche, neuf mois après sa disparition dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), les enquêteurs étaient de retour sur le terrain lundi, pour tenter de répondre aux questions autour de ce drame.
« On n’est pas certains de découvrir la cause ou les circonstances de la mort », a prévenu la porte-parole de la gendarmerie, Marie-Laure Pezant, sur France Info : « On a une partie des ossements, on n’aura peut-être pas tous les éléments pour définir les circonstances du décès ».
L’objectif des gendarmes, une centaine encore mobilisés lundi sur place, sera d’abord d’essayer de trouver de nouveaux éléments. Pour cela, le minuscule bourg de 25 habitants a été à nouveau coupé du monde dimanche et le restera au moins jusqu’à dimanche, comme l’a décidé un arrêté municipal. Une barrière placée au milieu de l’unique route qui part du village du Vernet pour mener au hameau du Haut-Vernet en bloque l’accès, ont constaté des journalistes de l’AFP. Seuls plusieurs camions de gendarmes sont passés, depuis 7h30.
Des dizaines d’enquêteurs sont en train de passer au crible les environs du hameau. « C’est un travail extrêmement fin, pointu, c’est pour cela qu’on fait venir les meilleurs, ceux qui ont l’expertise la plus haute au niveau international », a averti lors d’une conférence de presse au Vernet le colonel Pierre-Yves Bardy, commandant du groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence, en charge de sécuriser le secteur où travaillent les experts de terrain, dont des anthropologues et des maîtres-chiens.
« Les recherches dureront le temps qu’il sera nécessaire », a averti le gendarme. « Il faut éviter que des randonneurs ou d’autres personnes viennent polluer le site ». Dans le froid et sous un ciel bleu, les enquêteurs vont donc poursuivre leurs recherches, sans doute rendues plus difficile encore en raison des fortes pluies tombées toute la nuit.
Des ossements retrouvés sur une zone déjà inspectée
Seuls quelques ossements, dont le crâne de l’enfant de deux ans et demi, avaient été retrouvés par une randonneuse samedi, non loin du hameau, rattaché au village du Vernet, entre Digne-les-Bains et Gap. « Dans une zone en pleine nature, escarpée et pas toujours facile d’accès » qui avait pourtant été inspectée « plusieurs fois » depuis juillet, a précisé Mme Pezant, en reconnaissant qu’il existe « une chance infime » que les enquêteurs soient passés à côté du corps lors des battues de cet été.
L’objectif sera de déterminer scientifiquement si le corps se trouvait bien à cet endroit dès la disparition de l’enfant : « Quand vous avez un corps qui est déposé sur un sol vous avez des éléments dans le sol qui permettent de savoir que le corps a séjourné un certain temps sur ce sol », a ainsi expliqué la porte-parole de la gendarmerie.
Parmi les experts, des anthropologues vont « essayer d’identifier si ces ossements étaient ou pas sur place, ou s’ils ont pu être ramenés par différents moyens : une personne humaine, un animal qui les aurait transportés ou bien les conditions météo qui auraient modifié le sol et qui les auraient bougés jusqu’ici ».
Ces anthropologues vont travailler de concert sur le terrain avec certains de leurs collègues de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), pendant que les analyses criminalistiques sur les ossements retrouvés vont, elles, se poursuivre dans les laboratoires de l’institut à Pontoise, en banlieue parisienne. Ils bénéficient également de l’appui de deux équipes du centre national cynophile de Gramat (Lot), avec « des chiens spécialisés dans la recherche de restes humains », a précisé le colonel Bardy.
Retour sur cette disparition
Quand il a disparu, le 8 juillet, Émile venait d’arriver pour l’été dans la résidence secondaire de ses grands-parents maternels. Là où la famille passe ses vacances depuis des années. Deux voisins affirment l’avoir vu, dans la rue principale du hameau, mais avec des récits contradictoires.
Le petit garçon y avait été aperçu vers 17h15, alors qu’il portait un haut jaune, un short blanc et des chaussures de randonnée. Ses parents, habitant La Bouilladisse dans les Bouches-du-Rhône, n’étaient pas présents ce jour-là.
Avec la découverte de samedi, la thèse de la chute accidentelle regagne désormais en crédibilité : cette hypothèse avait pourtant semblé s’étioler à la suite des multiples battues infructueuses menées ces derniers mois autour du hameau, à 1200 mètres d’altitude, sur les flancs du massif des Trois-Evêchés.
Un rebondissement
Ce rebondissement dramatique est survenu deux jours après une « mise en situation », une sorte de reconstitution des faits effectuée pour la première fois depuis le lancement de l’enquête. Lors de celle-ci, 17 personnes avaient été convoquées, dont toutes celles présentes le jour de la disparition d’Émile, pour tenter de déterminer leurs faits et gestes dans les derniers instants avant sa disparition.
Les parents, qui avaient laissé l’enfant sous la responsabilité de son grand-père maternel, ont eux indiqué à l’AFP être « en deuil », après « cette nouvelle déchirante redoutée ».
L’enquête s’avère encore longue car « complexe », a insisté dimanche auprès de l’AFP le procureur d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon. « Le mystère se déplace, mais on est toujours dans le mystère », a résumé le maire du Vernet, François Balique.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.