FAITS DIVERS

Mort d’un adolescent à Viry-Châtillon: quatre jeunes mis en examen pour assassinat

avril 8, 2024 7:40, Last Updated: avril 8, 2024 8:52
By

Quatre jeunes hommes ont été mis en examen pour assassinat dans la nuit de dimanche à lundi après la mort de Shemseddine, 15 ans, tabassé jeudi devant son collège de Viry-Châtillon pour un différend impliquant la sœur de deux d’entre eux, a annoncé le parquet d’Évry.

Deux des mis en cause – un majeur de 20 ans et un mineur – ont été écroués tandis que deux autres mineurs sont incarcérés provisoirement avant un débat contradictoire mercredi, explique le procureur d’Évry Grégoire Dulin dans un communiqué.

En début de soirée, le parquet avait indiqué que ces quatre jeunes étaient poursuivis pour avoir roué de coups l’adolescent jeudi après-midi, devant le collège des Sablons. Pris en charge par les urgences et hospitalisé à l’hôpital Necker à Paris, l’adolescent est mort vendredi en fin d’après-midi des suites de ses blessures.

Violente attaque « entrainant la chute de la victime »

Selon les premiers éléments de l’enquête et les déclarations des mis en cause, cités par le procureur, les deux frères ont appris, plusieurs jours auparavant, que « leur sœur correspondait avec des personnes de son âge sur des sujets relatifs à la sexualité ».

« Craignant pour sa réputation et celle de leur famille, ils avaient enjoint à plusieurs garçons de ne plus entrer en contact avec elle. Ils avaient ensuite appris que la victime se vantait de pouvoir librement parler avec leur sœur, n’ayant pas encore eu à subir de pression de leur part », a ajouté M. Dulin.

Les deux frères, accompagnés de deux connaissances, se sont alors rendus jeudi au collège des Sablons, où ils ont croisé « de manière fortuite » Shemseddine, selon leurs dires cités par le magistrat. Ils auraient demandé à l’adolescent de les suivre dans un hall d’immeuble pour avoir « une explication au sujet des propos qu’il tenait à l’égard de la jeune fille ». « Le ton était monté et des coups avaient été portés, entraînant la chute de la victime », poursuit le procureur.

Trois agresseurs connus de la justice

Le frère âgé de 20 ans aurait contacté les secours mais, « pour assurer leur fuite », affirme le parquet, il aurait donné « de fausses indications aux services de police en expliquant notamment qu’il avait vu plusieurs jeunes cagoulés s’enfuir à pied ».

Le ministère public a requis le placement en détention provisoire de ces quatre jeunes, dont trois sont connus de la justice, à cause, a-t-il dit, des « risques de concertation et de pression sur les témoins, ainsi que du trouble majeur à l’ordre public suscité par l’extrême gravité des faits ».

« Ce n’est pas un assassinat mais des coups mortels sans intention de la donner », a contesté devant la presse l’avocat d’un des quatre jeunes, Me Jacques Bourdais, assurant que son client s’était « spontanément rendu au commissariat » pour y être entendu.

« L’enjeu de l’instruction judiciaire sera de déterminer, dans le calme et la sérénité, les circonstances exactes dans lesquelles les faits se sont déroulés, l’élément déclencheur de cette tragédie et la responsabilité de chacun dans ce drame », a déclaré à l’AFP le conseil d’un autre mis en cause, Me Arnaud Simonard.

Toujours selon le procureur, l’enquête a permis d’établir que la sœur, 15 ans, n’était pas présente au moment des faits mais elle a été mise en examen du chef d’abstention volontaire d’empêcher un crime ». Comme le parquet l’avait requis, « une mesure éducative judiciaire provisoire a été ordonnée à son égard, avec un placement dans un établissement éducatif et l’interdiction de paraître dans l’Essonne ».

« C’était pas un enfant à problème »

Le décès, quatre jours après une autre attaque violente contre une collégienne à Montpellier, a provoqué l’émoi dans le pays, jusqu’au sommet de l’État. « La nation toute entière est endeuillée », a écrit la ministre de l’Éducation Nicole Belloubet sur X vendredi. À Viry-Châtillon, une ville calme à une vingtaine de kilomètres au sud de la capitale, l’émotion était encore palpable samedi.

Des résidents locaux regardent les fleurs déposées devant l’entrée du collège Les Sablons à Viry-Chatillon, le 7 avril 2024. (Photo EMMANUEL DUNAND/AFP via Getty Images)

« C’était pas un enfant à problème », s’est étonnée auprès de l’AFP Élodie, une auxiliaire de vie de 34 ans, venue rendre hommage à Shemseddine devant son collège, où des habitants ont continué à déposer des roses blanches et des messages de soutien à la famille de l’adolescent. Les enfants d’Élodie ont été scolarisés dans les mêmes établissements que lui. Comme de nombreux autres habitants, elle a décrit un jeune « souriant, très gentil aussi ».

La Maison des jeunes et de la culture (MJC) la plus proche du collège des Sablons a ouvert exceptionnellement ses portes dimanche pour accueillir quelques familles du quartier venues parler au personnel, a constaté un journaliste de l’AFP.

« C’est tout un quartier qui porte le deuil. C’est difficile, il y en a qu’on a connus depuis le collège ou tout petit. On ne sait pas encore comment on va gérer ça nous mêmes », a déclaré à l’AFP une éducatrice, Fabienne Seban. « Il y a beaucoup d’émotion qui passe dans l’esprit des gens. Le plus important, c’est de montrer notre soutien à la famille », a souligné pour sa part le maire centriste de la ville, Jean-Marie Vilain.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER