Mort d’un cycliste à Paris : l’automobiliste mis en examen pour meurtre et écroué

Par Epoch Times avec AFP
18 octobre 2024 17:34 Mis à jour: 19 octobre 2024 14:39

« Je n’ai jamais voulu l’écraser », a assuré vendredi l’automobiliste de 52 ans mis en examen pour meurtre et écroué, soupçonné d’avoir volontairement écrasé un cycliste de 27 ans mardi en plein Paris.

« Je suis désolé de ce qu’il s’est passé. Je n’ai jamais été un voyou, je n’ai jamais fréquenté des voyous », a assuré Ariel M. lors d’une audience devant un juge des libertés et de la détention, à laquelle l’AFP a assisté.

Après avoir pleuré à plusieurs reprises au cours des débats, l’homme aux cheveux grisonnants est resté coi quand le magistrat a ordonné son incarcération.

Le parquet avait requis la détention provisoire, insistant sur « le trouble à l’ordre public ». « Quelqu’un est mort, en pleine rue, et cela émeut le peuple français ».

Le procureur s’est alarmé de la « dangerosité » du conducteur et d’un « risque de renouvellement pas forcément de meurtre, mais d’une commission d’infraction assez grave ».

« Le trouble à l’ordre public est évident, mais c’est un homicide involontaire », a estimé l’avocat de l’automobiliste, Franck Cohen.

« C’est un dossier dramatiquement simple », avec « ce qui semble être une erreur de manœuvre ou une perte de contrôle du véhicule dans le stress et l’angoisse d’une situation conflictuelle dont il cherchait à se dépêtrer », a-t-il plaidé.

Le profil dangereux esquissé par le procureur

Me Cohen a balayé le profil dangereux esquissé par le procureur. « C’est un père de famille tranquille, de quatre enfants dont deux à charge, qui amenait sa fille de 17 ans à un rendez-vous chez l’ophtalmo ».

Il a relaté la version des faits de son client, technico-commercial vivant en région parisienne.

« Monsieur a fait l’erreur de prendre la piste cyclable car l’ophtalmo l’attend pour sa fille et là, la victime malheureusement est là. Il a baissé sa vitre de voiture pour lui demander de se déplacer mais la victime s’est immédiatement mise en colère, à juste titre. La victime a frappé très fort sur le capot, puis lui a dit qu’il roulait sur son pied ».

« Et là, mon client recule ! Des témoignages semblent dire qu’il aurait reculé pour prendre de l’élan, mais avec son véhicule (un SUV), on a aucunement besoin de reculer si on veut prendre de l’élan. Reculer est la preuve qu’il n’a pas l’intention de tuer », a avancé l’avocat.

Enfin, son client « s’est arrêté » quand il a vu « dans le rétro » qu’un attroupement s’était formé. « Il a essayé de réanimer » le jeune homme à terre, « il n’y a aucun délit de fuite. Il ne se serait jamais sauvé, c’est un homme très croyant », a souligné Me Cohen.

La version du suspect « catégoriquement démentie par l’enquête »

La version du suspect « est catégoriquement démentie par l’enquête », a réagi Yassine Bouzrou, avocat de la famille du cycliste, Paul Varry.

« Mes clients sont soulagés par la décision du juge, car ils estiment que le meurtrier est un véritable danger public. Il n’a pas hésité à tuer un homme froidement sur la voie publique devant des dizaines de témoins », a-t-il affirmé.

À ce stade de l’enquête, sept témoignages mettent à mal la version du conducteur sur ce drame, qui a eu lieu mardi à 17H45, sur le boulevard Malesherbes, dans le 8e arrondissement.

Selon ces témoignages et l’exploitation de la vidéosurveillance, « le conducteur du véhicule remontait la piste cyclable sur 200 mètres et aurait roulé sur le pied du cycliste qui se trouvait à sa gauche », avait relaté le parquet à l’issue de sa garde à vue.

Paul Varry « avait donné un coup sur le capot pour alerter le conducteur, qui aurait dans un premier temps reculé, dégageant le pied », poursuit le ministère public.

« Le cycliste avait lâché son vélo pour se positionner à l’avant gauche de la voiture, manifestant son mécontentement. Le conducteur avait alors tourné ses roues en direction du piéton et repris une marche avant en sa direction », a-t-il ajouté.

« L’autopsie a confirmé les marques d’un franchissement du corps par le véhicule » et « la vidéosurveillance montre une surélévation de l’avant, puis de l’arrière du côté gauche du véhicule », a précisé le parquet.

L’accident a suscité de vives réactions parmi les élus de la capitale, où les « mobilités douces », en particulier les vélos, ont pris ces dernières années une place de plus en plus prépondérante.

Vendredi, la mairie de Paris a indiqué souhaiter « qu’un lieu de Paris puisse porter le nom » du jeune cycliste. Une minute de silence sera également observée en son hommage à l’ouverture du prochain Conseil de Paris, le 19 novembre.

Des manifestations de cyclistes sont prévues samedi en France.

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