Le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadrice des États-Unis le 24 juin pour lui faire part de la conviction de Moscou quant à la participation de facto des États-Unis au conflit en Ukraine.
Cette décision intervient deux jours après une attaque de missiles ATACMS (Army Tactical Missile Systems) fournis par les États-Unis sur la ville de Sébastopol, en Crimée, qui a tué quatre civils russes.
Selon le ministère des Affaires étrangères, l’ambassadrice américaine Lynne Tracy a été informée que les États-Unis sont devenus un acteur du conflit en fournissant à Kiev des armes de pointe, « notamment des missiles ATACMS équipés d’ogives à fragmentation ».
Affirmant que l’ATACMS ne pouvait être opéré que par des « spécialistes américains », le ministère a déclaré à Mme Tracy que Washington était « tout aussi responsable » de ce qu’il a décrit comme « un autre crime du régime de Kiev ».
Selon le compte rendu de la conversation établi par le ministère des Affaires étrangères, l’envoyée américaine a également été informée que « de telles actions de Washington […] ne resteront pas sans réponse ».
Interrogé sur le déroulement de la rencontre, le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré que Mme Tracy avait dit à ses interlocuteurs russes que les États-Unis « déploraient toute perte de vie civile dans cette guerre ».
« Nous fournissons des armes à l’Ukraine pour qu’elle puisse défendre son territoire souverain contre une agression armée », a souligné M. Miller à la presse le 24 juin.
« La Crimée en fait partie », a-t-il ajouté, « elle fait, bien sûr, partie de l’Ukraine ».
La Russie a effectivement annexé la Crimée en 2014 après avoir organisé un référendum controversé à l’échelle régionale. Depuis lors, Moscou considère la région stratégique de la mer Noire comme un territoire relevant de la Fédération de Russie.
Soutenue par ses alliés occidentaux, l’Ukraine rejette cette annexion qu’elle considère comme un accaparement illégal de terres et s’est engagée à reprendre la totalité de la Crimée par les armes.
« La Russie pourrait mettre fin à cette guerre dès aujourd’hui […] si elle renonçait à occuper le territoire ukrainien souverain et cessait de lancer des attaques contre les civils », a ajouté M. Miller.
Kiev, quant à elle, s’est abstenue de tout commentaire sur l’attaque de missiles contre la Crimée, tout en niant que son armée prenne des civils pour cible.
Le Kremlin met en garde contre les répercussions
Le 23 juin, l’Ukraine aurait tiré plusieurs missiles ATACMS à longue portée, équipés d’armes à sous-munitions, sur des cibles en Crimée.
Fabriqués et fournis par les États-Unis, les missiles ATACMS ont une portée d’environ 300 km.
Selon le ministère russe de la Défense, quatre des missiles ont été abattus par les défenses aériennes russes, tandis qu’un cinquième a explosé au-dessus de la ville de Sébastopol, en Crimée.
Située sur la côte sud-ouest de la péninsule, la ville portuaire de Sébastopol abrite la redoutable flotte russe de la mer Noire.
Quatre civils, dont deux enfants, ont été tués par la chute de débris de missiles sur une plage publique de Sébastopol, tandis que 150 autres ont été blessés, selon les autorités locales.
Moscou n’a pas tardé à accuser Kiev — et Washington — d’être à l’origine de l’attaque aux missiles ATACMS.
« L’implication des États-Unis dans ce crime odieux ne fait aucun doute », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué daté du 24 juin.
« Des missiles tactiques américains ATACMS, équipés d’ogives à fragmentation pour infliger un maximum de dégâts, ont été utilisés lors de l’attaque », a ajouté le ministère.
Il a en outre affirmé que les cibles avaient été désignées par des spécialistes américains « selon des données américaines de reconnaissance par satellite ».
Le ministère des Affaires étrangères a également affirmé qu’un drone de reconnaissance américain Global Hawk opérait en attente « dans le ciel près de la Crimée » au moment de l’attaque.
Au moment de la publication, le département d’État américain n’avait pas encore répondu à la demande de commentaire formulée par Epoch Times sur les allégations russes.
Un porte-parole du Kremlin a quant à lui déclaré aux journalistes que « l’implication directe des États-Unis dans les combats, entraînant la mort de civils russes, aura certainement des répercussions ».
Réaction en sourdine des États-Unis
Ce n’est pas la première fois que des missiles ATACMS auraient été utilisés pour cibler des positions russes en Crimée.
Fin avril, le ministère russe de la Défense a affirmé que ses forces avaient abattu au moins six missiles ATACMS près de la Crimée avant qu’ils n’atteignent leur cible.
Kiev a ensuite confirmé que ses forces avaient tiré des missiles à longue portée sur deux bases aériennes russes situées dans la péninsule.
Aucune victime ni aucun dégât n’ont toutefois été signalés.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré précédemment que l’utilisation par Kiev d’ATACMS fournis par les États-Unis « ne changerait pas radicalement la situation sur le champ de bataille ».
Entre-temps, les accusations russes et les menaces de représailles ont suscité une réaction discrète de la part des responsables américains.
Un porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison-Blanche a reconnu que toute perte de vie civile constituait une tragédie.
« Je pense notamment aux milliers d’Ukrainiens innocents qui ont été tués par les forces russes depuis le début de cette guerre d’agression russe », a déclaré le porte-parole à l’agence Reuters.
Quant à l’implication présumée de « spécialistes américains » dans l’exécution de la frappe, un porte-parole du Pentagone a insisté sur le fait que l’Ukraine « prend ses propres décisions quant au ciblage et mène ses propres opérations militaires ».
Avec Reuters
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