Mt. Gox : accusation de corruption généralisée sur la plateforme d’échange de Bitcoins

Par David Vives
5 août 2015 14:20 Mis à jour: 16 mars 2021 01:17

 

En février 2014, MtGox, la plus grosse plateforme d’échange de bitcoins du monde, fermait ses portes et l’équivalent de 500 millions de dollars sous forme de bitcoins s’évaporaient dans la nature. Cette énorme perte fut attribuée à un « défaut de conception » exploité par des pirates informatiques. Sauf que des preuves recueillies accusent certains employés de l’entreprise.

Le fondateur de MtGox, Mark Karpelès, 30 ans, a été arrêté par la police japonaise le samedi 1er août sur des soupçons de détournement de fonds des usagers de l’entreprise. L’ancienne PDG, Ashley Barr, a participé à une interview Ask Me Anything (AMA) sur Reddit. Au cours de cette session, elle a passé en revue toutes les négligences et la corruption qui minait l’entreprise en coulisse.

En janvier 2012, Karpelès l’avait nommée PDG de MtGox et elle a immédiatement fait un audit financier de la société. Elle a découvert que la société dépensait beaucoup plus d’argent qu’elle n’en gagnait. Ashley Barr a tenté à plusieurs reprises d’obtenir de Karpelès des réponses sur l’origine des sommes dépensées. En vain.

Ashley Barr raconte : « il exigeait des autres salariés aussi de trouver des investisseurs. C’est tout a fait impossible, puisque nous ignorons le statut financier de l’entreprise ».

Karpelès finançait probablement l’entreprise en « empruntant » l’argent de ses utilisateurs, comme Ashley Barr l’a découvert. Karpelès avait placé les dépôts de la clientèle sur son compte bancaire personnel, une infraction flagrante des méthodes comptables. Cela expliquerait aussi l’argent manquant de MtGox.

Ashley Barr a été licencié en mai 2012 pour n’avoir pas réussi à trouver des investisseurs extérieurs pour la société et a été contrainte de signer un accord de non-divulgation (NDA). Ce dernier lui interdisait d’évoquer les pratiques commerciales illégales de Karpelès.

Elle a immédiatement revendu son indemnité de départ versée en bitcoins. Mais peu de temps après, la valeur du bitcoin a explosé de manière astronomique et elle a eu peur de devoir rembourser une somme plus importante si elle était poursuivie pour violation de NDA.

Pour Ashley Barr, même si « [Le NDA] s’applique encore, Mark a d’autres chats à fouetter pour l’instant ». C’est pourquoi, elle a choisi de répondre aux questions de l’interview de l’AMA maintenant, plutôt que par le passé.

Des antécédents de corruption

Avant même de se lancer dans le commerce de bitcoins, Karpelès avait déjà eu des démêlés avec la justice. Ashley Barr s’est souvenue que Karpelès, né en France, lui avait raconté avoir fui en Israël lorsqu’il était adolescent, car les autorités françaises le recherchaient pour fraude à la carte bancaire. Il a fini par s’installer au Japon où il a fondé MtGox.

Karpelès vérifiait les opérations de l’entreprise de manière très stricte, en gardant un accès exclusif tant à la base de données opérationnelle du site d’échange, qu’au « portefeuille froid », qui contenaient les bitcoins gardés hors ligne – pour plus de sécurité et une meilleure protection contre le vol. Les participants de l’AMA, estiment que Karpelès a donc eu la possibilité de stocker ailleurs les bitcoins déclarés perdus.

Pendant que plus de la moitié des employés de l’entreprise gagnaient moins de 2 000 $ par mois, Karpelès ne se privait de rien ; il vivait dans un luxueux appartement de grand standing, rempli de gadgets comme NAO, le robot à 5 000 dollars, ou encore une imprimante 3D Makerbot.

« Je me souviens à quel point il manquait d’organisation, et à quel point il faisait peu de cas de ses dépenses », écrit Ashley Barr. « C’est moi qui ai due le convaincre de renoncer à s’acheter une Lamborghini comme première voiture », se souvient-elle.

En Novembre 2013, les allégations d’inflation artificielle des prix ont commencé à surgir au sujet de la plateforme d’échange MtGox. La manipulation aurait pour but d’induire en erreur les investisseurs et les analystes. Le rapport Willy, un document contenant des preuves de manipulation des prix sur la plateforme, semblable à ceux opérés par des robots dans les modèles d’achats, a été publié. Des faits corroborées par Ashley Barr.

« On m’a présenté un compte apparemment automatisé d’achat de bitcoin, à un prix supérieur à celui du marché », se remémore Ashley Barr. « Lorsque j’ai vu le rapport Willy, cela me semblait correspondre précisément ».

Au delà des agissements d’une entreprise criminelle, l’infrastructure technique du Mt.Gox laissait à désirer. Il n’y avait aucune pré-production du code de gestion du site. Chaque fois qu’il fallait apporter une modification à la base de données, il fallait l’implémenter « en direct » sans possibilité de tester avant.

C’est suite à sa déclaration, croit Ashley Barr, et à celles d’autres ex-salariés que Karpelès a pu être arrêté récemment. Le fondateur de la plate forme est actuellement poursuivi pour détournement et « falsification de documents comptables ».

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.