Musharraf : homme fort déchu du Pakistan aux prises avec la justice

31 août 2017 17:00 Mis à jour: 31 août 2017 16:33

L’ex-président pakistanais Pervez Musharraf, déclaré jeudi « fugitif » dans l’homicide de sa rivale politique Benazir Bhutto, est un septuagénaire exilé à Dubaï aux prises depuis des années avec la justice de son pays.

Arrivé au pouvoir par un coup d’État sans effusion de sang en octobre 1999, le général Musharraf s’autoproclame président en juin 2001, avant de remporter en avril 2002 un référendum controversé, et reste à la tête du Pakistan jusqu’en 2008.

Il a été déclaré jeudi « fugitif » dans l’affaire de l’assassinat de l’ex-Premier ministre Benazir Bhutto en 2007, dans laquelle il avait été inculpé en 2013. Ses biens ont également été confisqués, selon le verdict du tribunal.

M. Musharraf avait quitté son pays en mars 2016 pour des soins médicaux à la colonne vertébrale, promettant de revenir ensuite affronter ses juges.

Épaules droites, moustache blanches, tempes grisonnantes et lunettes inamovibles, cet ancien commando d’élite devenu chef d’état-major des armés avait renversé en octobre 1999 le gouvernement civil de Nawaz Sharif sans violence.

Illégitimité et poursuites judiciaires

En quête de légitimité internationale, il s’était rapidement aligné sur les États-Unis après les attentats du 11-Septembre pour se présenter comme le grand rempart régional contre Al-Qaïda qui avait, avec ses alliés talibans, trouvé refuge dans les zones tribales pakistanaises frontalières de l’Afghanistan.

Sous le règne de ce stratège connu pour son franc-parler, admirateur de Napoléon Bonaparte et amateur de cigares, le Pakistan a vu sa croissance économique décoller, sa classe moyenne se développer, les médias se libéraliser et l’armée jouer la carte de l’apaisement face à l’Inde rivale.

Mais ses opposants n’ont eu cesse de dénoncer sa mainmise « dictatoriale » sur le pouvoir, le renvoi « illégal » de juges de la Cour suprême qui s’opposaient à lui, l’imposition de l’état d’urgence et l’assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés réfugiés dans la mosquée Rouge d’Islamabad à l’été 2007.

En août 2008, au sommet de son impopularité et face à la pression croissante de l’opposition et de la justice, ce nationaliste avait démissionné, pour ensuite amorcer un luxueux exil volontaire entre Londres et Dubaï, financé en partie par de généreuses rétributions pour ses conférences à travers le monde.

Nostalgique, M. Musharraf avait plusieurs fois ces dernières années annoncé son retour au pays avant de se raviser par crainte d’être incarcéré à son arrivée.

En exil, Pervez Musharraf avait fondé son propre parti politique, l’APML (All Pakistan Muslim League), une petite formation nationaliste soutenue par des hommes d’affaires de l’importante diaspora pakistanaise restée très minoritaire.

Pervez Musharraf avait mis fin en mars 2013 à ses années d’exil afin de participer aux élections pakistanaises et « sauver » le pays de son marasme économique et du péril taliban. Mais ses ambitions de retour en politique avaient vite été brisées par de multiples poursuites judiciaires.

Il avait été acquitté en janvier 2016 du meurtre d’un chef rebelle de la province gazière du Baloutchistan (sud-ouest), tué en 2006 dans une opération militaire, Nawab Akbar Bugti.

Mais il demeure poursuivi dans quatre autres affaires, toutes datant de l’année 2007: haute trahison pour avoir imposé l’état d’urgence en 2007 alors qu’il était au pouvoir; pour son rôle présumé dans l’assassinat de Mme Bhutto; pour la mise à pied illégale de magistrats; et pour l’assaut meurtrier de l’armée contre des islamistes retranchés dans la mosquée Rouge d’Islamabad.

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