John Bufalini se souvient clairement de la première fois où il a été témoin des effets de la musique alors qu’il était étudiant en première année de médecine au Penn State College of Medicine.
Il a vu la salle d’une résidence offrant de l’assistance se transformer lorsqu’une femme âgée a dansé sur la musique de sa jeunesse. Lorsque, plus tard, son mari lui a pris la main et s’est joint à elle dans une danse en deux temps autour de la salle, M. Bufalini a vu avec admiration la joie du couple remplir la pièce de l’unité de soins infirmiers spécialisés.
« C’est alors que j’ai été témoin pour la première fois du véritable pouvoir de la musique », a dit M. Bufalini, qui est maintenant résident en médecine interne au Centre médical du Penn State Health Milton S. Hershey.
« J’ai vu une femme silencieuse passer de l’état d’une femme assise sur une chaise, interagissant passivement avec son monde, à celui d’une femme pleine de vie dansant dans la pièce. J’ai également vu son mari apprécier chaque étape de cette transformation. »
M. Bufalini a observé ce moment alors qu’il recueillait des données dans le cadre d’une étude de recherche supervisée par Daniel George, professeur associé de sciences humaines et de santé publique, et Paul Eslinger, professeur de neurologie et neuropsychologue. M. Bufalini a travaillé avec les professeurs George et Eslinger pour évaluer les effets des interventions musicales personnalisées sur les personnes atteintes de démence et leurs aides-soignants.
Si des études antérieures montraient que les interventions musicales pouvaient améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de troubles connexes, les chercheurs estiment que leur étude est l’une des premières à étudier comment la musique peut également bénéficier aux aides-soignants, qui sont souvent les conjoints, les enfants adultes ainsi que les frères et sœurs. Ils ont constaté que les aides-soignants se sentaient moins accablés après avoir participé aux séances de musique.
« Les aides-soignants éprouvent de grandes joies, mais aussi des difficultés à s’occuper de leurs proches et sont négligés dans de nombreuses études », a ajouté le professeur George. « Le nombre d’aides-soignants, souvent des membres de la famille, continue de croître à mesure que le monde vieillit et que l’incidence de la démence augmente. »
« Nous avons émis l’hypothèse que la musique personnalisée entraînerait une augmentation des interactions interpersonnelles entre les résidents et leurs aides-soignants et qu’elle favoriserait un plus grand sens de bien-être. »
Selon les chercheurs, la maladie d’Alzheimer et les formes connexes de démence – qui touchent 6 millions d’Américains chaque année et 25 millions de personnes dans le monde – peuvent affecter de manière significative non seulement la cognition individuelle, mais aussi les relations familiales. Ils affirment que le fait de pouvoir rester connecté personnellement et émotionnellement par la musique pourrait compléter le traitement médical actuel au fur et à mesure que la maladie progresse.
« Les souvenirs musicaux d’une personne peuvent s’étendre sur plusieurs décennies et être associés à des expériences et des souvenirs clés de leur vie », a dit le professeur Eslinger. « La musique peut déclencher ces souvenirs et ces expériences plus automatiquement que les paroles, puisqu’ils ont été associés de manière émotionnelle. »
« Ces types de souvenirs basés sur l’émotion sont plus résistants à la pathologie d’Alzheimer, c’est pourquoi la musique peut encore les susciter. »
Sept résidents d’un établissement de soins spécialisés (âgés de 76 à 92 ans) et leurs aides-soignants (âgés de 53 à 84 ans) ont participé à huit séances d’intervention musicale au cours desquelles ils ont écouté des listes de lecture personnalisées pendant environ 15 minutes. Avant et après chaque séance, les aides-soignants ont répondu à des questions visant à déterminer s’ils se sentaient dépassés ou utiles pour le résident, ainsi que leur perception des soins et de l’état du résident. Pendant les sessions, M. Bufalini a observé le résident et l’aide-soignant pour le contact visuel, le toucher physique, le sourire, la respiration, la posture détendue et la communication verbale positive.
Même si l’échantillon était de petite taille, l’analyse des données a révélé que les aides-soignants ont dit se sentir nettement moins accablés après les séances d’intervention musicale. Les chercheurs ont noté qu’il y avait encore des tendances dans les données qui pourraient avoir des implications cliniques. Les aides-soignants ont mentionné se sentir plus positifs et optimistes et apprécier davantage leur relation avec le résident. Les chercheurs ont observé une augmentation des liens entre les paires. Les résultats de l’étude ont été publiés dans le Journal of Alzheimer’s Disease Reports en février.
« Compte tenu des défis considérables que pose la mise au point de médicaments contre la démence, les approches qui font appel aux sens et qui établissent un lien avec quelque chose d’essentiellement humain sont nos meilleurs outils pour soutenir la qualité de vie des personnes atteintes de démence », a expliqué le professeur George.
Bien que les chercheurs n’aient pas l’intention d’étendre leur étude dans l’immédiat, ils espèrent que d’autres pourront continuer à explorer l’utilisation de la musique pour améliorer la qualité de vie des aides-soignants et des patients, étant donné la forte justification neurologique et socio-émotionnelle de cette activité. Ils notent que l’intervention personnalisée pourrait avoir lieu aussi bien dans des maisons privées qu’au niveau institutionnel. Compte tenu du faible coût du concept, ils estiment qu’il peut être mis en œuvre partout, y compris dans les établissements disposant de ressources limitées.
« Les interventions personnalisées basées sur la musique pourraient aider les aides-soignants à assister leur proche qui souffre de perte de mémoire », a ajouté M. Bufalini. « Elles pourraient aussi améliorer l’expérience des aides-soignants en réduisant leur stress et leur fardeau. »
Les chercheurs n’ont signalé aucun conflit d’intérêts.
Le projet était soutenu par le Penn State Clinical and Translational Science Institute, par le National Center for Advancing Translational Sciences des National Institutes of Health et par le Joseph and Mary Caputo Research Award du Penn State College of Medicine Doctors Kienle Center for Humanistic Medicine. Le contenu de cet article relève de la seule responsabilité des auteurs et ne représente pas nécessairement le point de vue officiel des bailleurs de fonds.
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