L’ancien auteur chinois de « L’Art de la guerre » (« Méthodes militaires de Maître Sun ») a écrit que « l’excellence suprême consiste à briser la résistance de l’ennemi sans combattre ». Cet avis s’applique au débat politique.
L’idée centrale du progressisme est la conviction que tout changement moralement significatif par rapport au statu quo est nécessairement un progrès. Si vous n’êtes pas d’accord avec le changement, vous êtes moralement « rétrograde ».
La présentation de la moralité comme une évolution historique est puissante car elle met un terme aux débats futurs. Mais le statu quo est-il par nécessité moralement inférieur à une condition future inévitable vers laquelle nous sommes poussés par la force mystérieuse de l’histoire ?
Selon Laurent Fidès, agrégé de philosophie, ancien élève de l’École normale supérieure, l’idéologie progressiste est « multiculturaliste, échangiste, déconstructiviste, elle nous promet un monde sans frontières, sans différences, atomisé, peuplé d’entités négociables et remplaçables ». Pour Olivier Babeau, professeur d’économie à l’université de Bordeaux et président de l’Institut Sapiens le progressisme moderne « est fondé sur une vision manichéenne du monde : il y a d’un côté les gentils, les purs, et de l’autre les suppôts du Mal. »
Le progressisme se base ainsi sur un relativisme absolu (toutes les civilisations, les cultures et les œuvres se valent) et considère l’égalitarisme comme l’aboutissement unique de l’histoire morale humaine. Et tous ceux qui s’opposent à cette vision manichéenne sont alors considérés comme les « méchants », moralement méprisables.
La République en Marche et le gouvernement Macron, leaders du progressisme en France et en Europe
La République en marche (LREM) s’était réunie en octobre 2018 à Issy-les-Moulineaux pour « revisiter l’identité du progressisme et développer son corpus idéologique ». Il fallait, selon les mots de Christophe Castaner« proposer une alternative progressiste face aux nationalistes obscurantistes et démagogues. » « Notre progressisme, c’est revenir à la conception initiale de la gauche sociale», avait-il détaillé, en abordant l’élaboration d’« une plate-forme du progressisme européen » en prévision des élections européennes de mai 2019.
Marlène Schiappa, ministre de l’Égalité des hommes et des femmes, est un des bras armé du progressisme. Sa vision du féminisme décrète que, parce que les femmes et les hommes sont égaux, ils doivent être aussi rigoureusement identiques en tout – d’où la négation de leur différence biologique. L’égalité entre les femmes et les hommes est selon elle la grande cause du quinquennat du Président de la République et fait partie intégrante du progressisme pour « défendre le progrès social face aux réactionnaires et aux obscurantistes« .
On peut lire sur le site de LREM, les valeurs défendues par le parti: « Nous sommes plus de 400 000 rassemblés autour d’un socle de valeurs et d’un projet pour notre pays. Une chose est sûre, ce socle commun porte le sceau du progressisme » citant la Charte des valeurs de La République En Marche ! disant vouloir se battre « contre tous les conservatismes ».
Emmanuel Macron revendique ouvertement ce nouveau clivage «progressistes contre conservateurs» notamment pour les Européennes. Il veut renvoyer les conservateurs (ou les ‘nationalistes’) dans le camp des obscurantistes et imposer ainsi la « supériorité morale des progressistes ».
Être du « bon côté de l’histoire » chez les démocrates américains
Aux États-Unis, on retrouve les mêmes doxa pendant la présidence des Clinton et Obama. Tout au long de sa présidence, Bill Clinton a employé 45 fois une version de l’expression « le bon côté de l’histoire » dans des discours publics. Le président Barack Obama l’a utilisée 37 fois. Ils l’utilisaient de cette façon : pour défendre les soins de santé Obamacare, Barak Obama a déclaré : « Rien ne nous empêchera d’y arriver, car nous sommes du bon côté de l’histoire. C’est la bonne chose à faire. »
Cette phrase implique qu’il y ait un esprit moral qui passe par l’histoire, et ses décisions sont décisives. La logique de cette idée imprègne le progressisme. Bien qu’il s’agisse en fait d’un mouvement qui s’éloigne de la rationalité, ce mythe du progrès est véhiculé comme le bon sens.
Dans son tristement célèbre discours de 2016, dans lequel elle a qualifié la moitié des partisans de Donald Trump de « déplorables », Hillary Clinton a fait deux autres déclarations éloquentes dans le cadre de son argument selon lequel les partisans de M. Trump étaient moralement « irrémédiables ». Elle a affirmé que « l’idée de notre pays est tellement enracinée dans le progrès continu », et elle a insisté sur le fait que « nous devons continuer la marche en avant du progrès ».
Encore une fois, dans un discours prononcé en Inde en 2018, Mme Clinton a répété cette logique historique pour dénoncer la majorité de ceux qui ont voté pour Donald Trump. « J’ai remporté les places qui sont optimistes, diversifiées, dynamiques, qui vont de l’avant », a-t-elle soutenu, et toute la campagne de[Trump] -‘Make America Great Again’ – était tournée vers le passé. Pour elle, « résister à l’histoire n’était pas seulement inintelligent, c’était moralement méprisable. »
Cette rhétorique est courante de nos jours, surtout chez ceux qui s’identifient comme progressistes.
« L’importance profonde du choix humain »
En opposition à l’idée qu’un esprit quelconque dans l’histoire détermine ce qui est moral est la croyance que la moralité dépend de quelque chose en dehors du temps et est quelque chose que la raison humaine peut discerner.
Sur cette idée, Leo Strauss, éminent philosophe politique du XXe siècle, a écrit : « Toute action politique vise soit la préservation, soit le changement. Lorsque nous voulons préserver, nous voulons empêcher le changement pour le pire ; lorsque nous voulons changer, nous voulons apporter quelque chose de mieux. Toute action politique est donc guidée par une pensée du meilleur ou du pire. Mais penser au meilleur ou au pire implique penser au bien. »
Si la préservation et le changement dépendent tous deux du bien, alors c’est l’effort humain suprême de chercher à comprendre ce qui est bon et la gloire d’un être humain de faire des choix en accord avec cela. Il n’est pas possible d’échapper à la tâche souvent difficile de faire preuve de prudence pour se frayer un chemin à travers les dilemmes moraux de la vie. Cette tâche ne peut pas être confiée à une vague notion de l’histoire.
Les horreurs du XXe siècle contredisent facilement l’idée que l’histoire est la longue histoire du progrès moral de l’humanité. Winston Churchill, par la force de son leadership, a eu une influence profonde sur la limitation de la propagation de ces horreurs. Il était bien conscient de la domination croissante que les forces de la technologie et de la mondialisation auraient sur la portée de l’action humaine. Néanmoins, ses réflexions l’ont amené à garder espoir dans le rôle vital que l’habileté politique et le choix ont joué pour influencer les événements mondiaux. Il a loué « la signification profonde du choix humain et la sublime responsabilité des hommes ».
Les citoyens d’une république comme la nôtre ont la responsabilité sublime et l’importance primordiale de choisir leurs propres dirigeants. D’abord nos choix, puis les leurs – et non l’esprit de l’histoire – façonneront notre avenir, pour le meilleur ou pour le pire.
En dépit de ce que les politiciens progressistes peuvent présumer, tous les changements ne sont pas des progrès. L’auteur C. S. Lewis l’a bien exprimé lorsqu’il a écrit : « Nous voulons tous le progrès, mais si vous êtes sur la mauvaise voie, le progrès signifie faire demi-tour et revenir sur la bonne voie ; dans ce cas, l’homme qui fait retour arrière le plus tôt est le plus progressiste ».
Références:
https://www.theepochtimes.com/the-myth-of-change-as-progress-in-progressivism_2800152.html
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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