Nadia, mère de 2 fillettes tuées dans un accident de la route, raconte comment sa vie a basculé

Par Emmanuelle Bourdy
19 septembre 2019 13:12 Mis à jour: 19 septembre 2019 13:28

Ce jeudi, à Laon, dans l’Aisne, s’ouvre le procès d’un conducteur qui a provoqué un tragique accident en avril 2018, tuant deux enfants de Nadia Karmel.

Le 3 avril 2018, Nadia se trouvait au volant de sa Renault Espace, sur la route départementale 1044 entre Laon et Reims (Marne). Elle connaissait très bien la route, quotidiennement empruntée, raconte-t-elle dans un témoignage au journal Le Parisien. Mais ce jour-là, la visibilité était épouvantable en raison de fortes pluies. C’est dans ses conditions météorologiques déplorables qu’une Maserati noire, roulant excessivement vite, a perdu le contrôle, percutant de manière frontale la voiture de Nadia. Elle précisera plus tard au Parisien : «Le temps que je réalise, la voiture était déjà encastrée dans la mienne ».

Les enfants de Nadia, Lila (3 ans et demi), Adélaïde (26 mois) et Isaac (qui n’avait qu’un mois) se trouvaient tous dans la voiture au moment du drame. Mais des trois enfants, seul Isaac survivra miraculeusement d’un traumatisme crânien et d’une fracture du fémur gauche.

L’aînée des fillettes était déjà décédée lorsque les secours sont arrivés, la deuxième a été transportée par hélicoptère à l’hôpital américain de Reims. Mais elle cessera de vivre le lendemain.

Nadia explique : «Elles ont été victimes du coup du lapin. À leur âge, les muscles du cou ne sont pas assez puissants pour résister à un choc aussi violent».

Lorsque Nadia a appris le décès de ses fillettes, elle a eu une réaction de dissociation traumatique, ses pensées, jugements et sentiments étaient comme inhibés. Elle raconte au Parisien : «Je n’étais plus vraiment là». Elle décrit son retour chez elle : «Vous retrouvez les courses sur la table, telles qu’elles avaient été laissées juste avant l’accident. Les petits manteaux, les jouets éparpillés et les pyjamas », mais le pire a été ce silence, «cauchemardesque».

Nadia et Isaac ne sont pas sortis indemnes d’un traumatisme aussi violent. Isaac a des séquelles, il souffre de crises d’épilepsie et demande une surveillance quotidienne accrue. Son avenir sera peut-être marqué de troubles au niveau de son développement (moteurs, du comportement et de l’apprentissage du langage). Nadia quant à elle, a même failli attenter à ses jours. Ayant avalé des médicaments, elle s’est retrouvée à l’hôpital et «c’est ce jour-là que j’ai décidé de me battre. Pour Isaac, qui tient le coup, lui, sans se plaindre. Je suis morte avec mes filles, mais je dois désormais reconstruire une vie parallèle, pour lui», explique-t-elle.

Le conducteur de la Maserati, lui, se dit amnésique concernant l’accident. Même si sa compagne le décrit comme un homme «sensé et responsable», les gendarmes de Sissonne, eux, ont un autre avis sur l’homme, multirécidiviste des infractions du code de la route.

L’avocat du conducteur de la Maserati, Me Chemla, s’exprime : «Il n’y a pas de traces physiques qui permettent de savoir à quelle vitesse roulait mon client lorsqu’il a perdu le contrôle. La seule chose que l’on peut déterminer, c’est la vitesse des deux véhicules lors de l’impact. Tout le reste, c’est de la divination».

Même si personne n’arrive à la même conclusion sur la question de la vitesse de la Maserati au moment de la sortie de route, les experts, eux sont d’accord sur la vitesse au moment du choc. Ils estiment que la Maserati roulait à 60 km/h et le monospace à 50 km/h.

Le conducteur de la Maserati a été placé sous contrôle judiciaire le 2 octobre 2018 et il a interdiction de conduire tout véhicule motorisé. Pourtant, le 6 décembre 2018, il a malgré tout obtenu l’autorisation de conduire des véhicules sans permis. Selon Me Philippe Courtois, l’avocat de Nadia, des témoins l’ont cependant vu rouler à 70 km/h au volant d’une voiture sans permis, au lieu de 45 km/h. L’avocat de Nadia s’attriste que «cet homme, qui a provoqué la mort de deux personnes, n’a tiré aucune leçon du drame».

Mener le combat pour que les choses avancent

Nadia a notamment écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron à la fin de son livre intitulé Elles s’aimaient très très fort, paru aux éditions Hugo Doc. «Je veux donner du sens au départ de mes filles», précise-t-elle.

Elle fait plusieurs propositions et s’exprime par ailleurs sur la question de la mise en place d’un suivi psychiatrique pour les récidivistes afin de vérifier s’ils sont aptes ou non à reconduire. Elle souhaite que les chauffards ne puissent plus mettre en danger d’autres usagers de la route : «Notre système est perfectible. Nous pouvons réussir à nous sentir, un jour, beaucoup plus en sécurité sur les routes».

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