Les muriers rouges sous lesquels ils étaient cachés n’ont pas suffi, la perte est conséquente: les drones azerbaïdjanais ont frappé, de nuit, précis, pour détruire sept canons d’artillerie positionnés dans un champ à Karmir Chouka, dans le sud-est du Nagorny Karabakh.
Les canons tractés des séparatistes arméniens étaient stationnés ici en contrebas de la route, à une vingtaine ou une dizaine de mètres les uns des autres, leur tube à l’horizontale et non en position de tir, accrochés à un camion.
Attaque vers 2H00 dans la nuit de jeudi à vendredi
La frappe a eu lieu vers 2H00 dans la nuit de jeudi à vendredi. « Nous n’étions pas dans une action offensive, nous étions rassemblés et attendions, mais nous avons été attaqués », explique aux journalistes de l’AFP Onik Mnatsakanian, major de l’armée arménienne déployé dans la république autoproclamée du Nagorny Karabakh.
Sur le front du Haut-Karabakh:
– L’armée azérie avance lentement et prudemment.
– Attaque balistique contre la ville de Ganja en Azerbaïdjan.
– La ville de Fizuli est prise par l’armée azérie ce matin en tout cas les quartiers sud.
– Frappes des drones TB-2 azéris très efficace: pic.twitter.com/aUyRoSm7Nz— Restitutor Orientis (@RestitutorOrien) October 17, 2020
Les tirs, puissants et très précis, ont touché les camions, réduits en amas de ferrailles disloquées. Autour de chaque véhicule tout est brulé dans un cercle de cinq mètres de diamètre. L’AFP n’a pas diffusé d’images des canons d’artillerie détruits, sur injonction des autorités du Nagorny Karabakh.
Il n’y a eu ni mort ni blessé « car nous avons vite organisé la dispersion de nos soldats » quand les drones ont été entendus, explique le major.
Autour des impacts, les arbres, dont les fruits produisent une vodka renommée au Karabakh, ne sont plus que moignons, un tronc et quelques branches nues calcinées.
Le champ, d’une surface équivalente à celle d’un terrain de football, est parsemé de débris: des bouts de métal noircis, vrillés, cisaillés, des morceaux de carrosserie, là un piston, ici le reste d’un siège, des obus, entiers ou non…
On y trouve aussi des traces du paquetage des soldats partis précipitamment: une sandale, un bout de baïonnette de fusil Kalachnikov, une gourde éventrée, une boite de conserve, un bonnet kaki…
Utilise des drones turcs et israéliens très précis
« L’ennemi (azerbaïdjanais) utilise des drones turcs et israéliens très précis … Il n’y a aucune trace de missiles et il frappent leurs cibles directement », ajoute le militaire, pour qui c’est un combat « inégal », comparé à l’armement essentiellement russe du camp arménien.
Le village de Karmir Chouka est un carrefour à une vingtaine de kilomètres de Martouni, à l’est, et de Hadrout, au sud-est du Nagorny Karabakh, deux villes sur la ligne de front où les combats sont âpres depuis le début du conflit le 27 septembre.
Vers midi, alors que la rumeur de la présence d’un drone circulait, un officier est arrivé et a rapidement fait partir du champ de muriers deux camions stationnés avec leur canon tracté, intactes, qui avaient échappé aux frappes nocturnes.
Sur la route qui part vers Hadrout, camions militaires, ambulances ou 4X4 filent à grande vitesse.
Sous un soleil de plomb, une cinquantaine de militaires en treillis avec armes reviennent à pied d’Hadrout, par petits groupes. Les visages sont fatigués, la sueur perle sur les fronts, le pas est lent. Ils viennent d’être relevés et vont se reposer au village.
En contrebas, dans le champ de muriers, près des carcasses encore fumantes des pneus et des branches d’arbres qui se consument, une famille de cochons fouille en grognant la terre noircies et retournée.
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