La présidente de la Chambre des représentants américains, Nancy Pelosi, a entamé lundi sa tournée asiatique avec une première étape à Singapour, entretenant le flou autour d’une escale à Taïwan qui pourrait envenimer encore plus les relations déjà tendues entre Pékin et Washington.
La responsable s’est arrêtée à Singapour, où le Premier ministre Lee Hsien Loong l’a appelée à œuvrer pour des relations « stables » avec Pékin. Une rencontre avec le président de la cité-Etat est aussi prévue.
Après avoir longtemps entretenu le flou autour de son programme en Asie, Mme Pelosi a annoncé dimanche conduire « une délégation du Congrès dans la région indo- pacifique pour réaffirmer l’engagement inébranlable de l’Amérique envers ses alliés et amis dans la région ».
« Promouvoir nos valeurs et nos intérêts communs »
« A Singapour, en Malaisie, en Corée du Sud et au Japon, nous tiendrons des réunions de haut niveau pour discuter de la manière dont nous pouvons promouvoir nos valeurs et nos intérêts communs », a-t-elle ajouté, sans mentionner Taïwan dans son itinéraire.
Depuis des semaines, les tensions entre les Etats-Unis et la Chine se sont accrues à la suite d’informations selon lesquelles elle pourrait se rendre sur l’île autonome, que la Chine considère comme faisant partie de son territoire.
#Taiwan La présidente de la Chambre des représentants #US Nancy Pelosi en route vers l’Asie, sans mentionner d’étape à Taiwan.??Le porte-avions USS Ronald Reagan redéployé en mer de #Chine. Pekin lance un important exercice militaire à munitions réelles face à Taïwan. Ambiance… pic.twitter.com/TwlWcWBDpR
— Ulysse Paris (@ulyssepariser) July 31, 2022
Pékin verrait un passage, même bref, de la présidente de la Chambre des représentants sur l’île comme une provocation.
Le Global Times, tabloïd d’État hyper- nationaliste chinois, a avancé que Mme Pelosi pourrait invoquer des « excuses d’urgence comme une panne d’avion ou un ravitaillement en carburant » pour atterrir dans un aéroport taïwanais pendant sa tournée.
« Si elle ose s’arrêter à Taïwan, ce sera le moment d’allumer le baril de poudre (…) dans le détroit de Taïwan », a tweeté lundi Hu Xijin, ancien rédacteur en chef du Global Times.
« Ambiguïté stratégique »
Des délégations de responsables américains se rendent fréquemment à Taïwan pour exprimer leur soutien, mais une visite de Mme Pelosi, un des plus hauts personnages de l’Etat et un poids lourd de la vie politique américaine, serait sans précédent depuis celle de son prédécesseur Newt Gingrich en 1997.
Les Etats-Unis pratiquent à l’égard de Taïwan une diplomatie dite d’« ambiguïté stratégique », consistant à ne reconnaître qu’un seul gouvernement chinois, celui de Pékin, tout en continuant à apporter un soutien décisif à Taipei mais en s’abstenant de dire s’ils défendraient ou non militairement l’île en cas d’invasion.
22h30 CET – ✈️Arrivée à #Singapour ??du Boeing C-40 Clipper qui transporterait @SpeakerPelosi pour sa tournée en Asie sur fond de tensions avec la #Chine ??sur le sujet d’une possible visite à #Taiwan ??
@ADSBexchange – https://t.co/tZCVIkCbTh pic.twitter.com/hOSE93oboF— COTAM Fleet & co (@CotamFleet) July 31, 2022
Une visite à Taïwan de Mme Pelosi, figure centrale de la majorité démocrate du président Joe Biden, compliquerait singulièrement la tâche de la diplomatie américaine, qui s’efforce de ne pas envenimer les relations avec la Chine.
Elle interviendrait également alors que la tension militaire monte dans la région.
Ne « pas jouer avec le feu »
La semaine dernière, à l’occasion d’un rare échange direct avec Joe Biden, le président chinois Xi Jinping avait appelé son homologue à ne « pas jouer avec le feu », et un porte-parole de la diplomatie chinoise avait parlé d’un déplacement de Mme Pelosi sur l’île comme d’une « ligne rouge ».
Lundi, 4.000 soldats américains et indonésiens ont entamé un important exercice militaire, mais Washington a assuré que ces manœuvres ne visaient aucun pays.
L’armée taïwanaise a pour sa part effectué, la semaine dernière, ses plus importants exercices militaires annuels, qui comprenaient des simulations d’interception d’attaques chinoises.
Dans le même temps, le porte-avions américain USS Ronald Reagan et sa flottille ont quitté Singapour pour se diriger vers la mer de Chine méridionale dans le cadre d’une mission programmée, selon l’US Navy.
La Chine a organisé un exercice militaire « à munitions réelles » dans le détroit de Taïwan
Samedi, en guise de réponse, la Chine a organisé un exercice militaire « à munitions réelles » dans le détroit de Taïwan.
? INFO – #Chine : #Pékin a organisé des exercices militaires de tirs réels au large des côtes de la province de #Fujian samedi, alors que la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, se préparait à arriver en Asie. #Taiwan #China pic.twitter.com/cutAL4Bc8v
— FranceNews24 (@FranceNews24) July 31, 2022
Washington a cherché à minimiser l’importance d’une éventuelle visite de Mme Pelosi et appelé les dirigeants chinois au calme.
« Nous avons de nombreuses divergences en ce qui concerne Taïwan, mais au cours des quarante dernières années, nous avons géré ces divergences et l’avons fait d’une manière qui a préservé la paix et la stabilité », a déclaré vendredi le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
L’île ne devait pas céder à la pression chinoise
A Taïwan, les avis sont partagés sur la perspective d’une visite de Mme Pelosi, mais des personnalités du parti au pouvoir et de l’opposition ont déclaré que l’île ne devait pas céder à la pression chinoise.
« Si Pelosi devait annuler ou reporter son voyage, ce serait une victoire pour le gouvernement chinois et pour Xi, car cela montrerait que la pression qu’il a exercée a obtenu certains effets souhaités », a déclaré à l’AFP Hung Chin-fu, de l’Université nationale Cheng Kung de Taïwan.
***
Chers lecteurs,
Abonnez-vous à nos newsletters pour recevoir notre sélection d’articles sur l’actualité.
https://www.epochtimes.fr/newsletter
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.