« Nation formidable », « pays de l’année 2017 », « leader de l’Europe »… pourquoi la France inspire-t-elle tant la presse anglo-saxonne ?

25 décembre 2017 14:46 Mis à jour: 29 décembre 2017 19:43

“Le jour de gloire est arrivé”, annonce  The Economist. Le magazine anglais n’y va pas par quatre chemins : d’après les auteurs de son classement des pays les plus remarqués en 2017, la France mérite le titre de champion devant la Corée du Sud et l’Argentine. Car selon eux, cette année, la France, cette « nation formidable », a « défié toutes les attentes.” Depuis quelques mois, la presse anglo-saxone se fait l’écho de la situation politique française et de son jupitérien président en des termes flatteurs mais aussi parfois décalés par rapport à la réalité. Toute la magie opère quasiment dans l’accession d’Emmanuel Macron au pouvoir, mais il serait bien réducteur de réduire cette position au seul président Français.

L’article de The Economist cite ainsi la victoire d’ “un ex-banquier jeune et sans appui des partis politiques traditionnels”.

« Les détracteurs de Macron se moquent de son style pompeux (qualifier sa présidence de ‘jupitérienne’ était un peu excessif). Ils jugent ses réformes timides, à juste titre. Mais ils oublient qu’avant son arrivée, la France paraissait complètement réfractaire aux réformes – les électeurs devaient choisir entre sclérose et xénophobie”, continue l’article.

« Le conflit entre les visions ouverte et fermée de la société semble actuellement la rivalité politique la plus importante au monde. La France a résolument bravé les partisans de la fermeture et les a battus. Et pour cette raison, elle est notre pays de l’année.”

Le journal britannique n’est pas le seul à véhiculer une telle image de l’Hexagone. Un peu plus tôt dans l’année, le Time suggérait Emmanuel Macron en « leader de l’Europe » sur sa Une. Effet de manche journalistique, quand on sait que l’intéressé, dans l’interview, a répondu qu’il n’avait pas plus d’ambition que d’être un des leaders du continent. Cependant, le journal se penche sur la personnalité et les détails. Il présente de président français comme un « globaliste passionné » versé dans la « philosophie et l’histoire« .

Finalement, l’article retiendra la fermeté du président face Trump, depuis sa « poignée de main, virile et virale » jusqu’au détournement de la phrase du président républicain : Make our planet great again. D’après les auteurs, Emmanuel Macron affiche une « jeunesse choquante dans un monde gouverné par des dignitaires aux cheveux fris« , et présente un « message jamais entendu en France depuis des générations : reconstruire entièrement le système ». Rien que ça.

Bref, comme pour The Economist, le locataire de l’Elysée séduit par sa fougue, sa capacité à unir et à également combattre les extrêmes. Sur l’ordre des apparences, la presse anglo-saxone a sûrement été une rigoureuse observatrice du changement politique français. Cependant, une réponse sur les raisons de cet engouement apparaît plus clairement en consultant l’historique des articles et dossiers qu’elle a écrit sur l’Hexagone. Les trois dernières Unes de The Economist ont de quoi faire réfléchir : en 2012, la France de François Hollande était la bombe à retardement de l’Europe avec sa dette publique, ses réformes socialistes et la mesure électoraliste du mariage pour tous.

Les deux Unes suivantes confirmaient l’essai, en suggérant que l’Hexagone marche dans sa propre illusion. Par exemple, lorsque les dirigeants n’arrivent pas à donner au marché de l’emploi le dynamisme nécessaire, ou se perdent dans la peur de la mondialisation. Nous sommes en 2014, dans le temps où un journaliste anglais du Daily Telegraph osa demander en conférence de Presse au président Hollande si « la France était devenue la risée du monde ». Un propos ironique mais qui n’avait pas atteint le niveau de violence du New York Times, qui, en 2017, comparait l’ancien président à un « mort-vivant » qui continuait pourtant à « exister politiquement ».

(PHILIPPE WOJAZER/AFP/Getty Images)

Dans ce contexte, Emmanuel Macron, ex-banquier de Rothschild aux discours globalistes et à l’attitude chaleureuse envers Donald Trump n’est pas passé inaperçu. Comme si d’une élection à l’autre, la France avait décidé de tout changer… à moins que l’arrivée d’Emmanuel Macron n’ait été un « Yes we can » français, pour des pays eux-même en recherche de nouvelles promesses de la part de leur dirigeants ?

Comme le disait de Tocqueville dans « L’Ancien Régime et la Révolution », « [La France] est la plus brillante et la plus dangereuse des nations de l’Europe, et la mieux faite pour y devenir tour à tour un objet d’admiration, de haine, de pitié, de terreur, mais jamais d’indifférence. »

 

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