« Nausicaä de la Vallée du Vent » : l’un des premiers chefs-d’œuvre d’un conteur légendaire

La série de mangas de Hayao Miyazaki continue d'enchanter les lecteurs

Par Epoch times
3 janvier 2025 11:44 Mis à jour: 3 janvier 2025 11:47

Chef-d’œuvre parmi les premières réalisations d’un conteur légendaire, Nausicaä de la Vallée du Vent est un récit qui donne à réfléchir et qui mérite d’être lu par tout jeune adulte, amateur d’art ou fan de mangas.

La série de mangas japonais, écrite par le cinéaste Hayao Miyazaki, cofondateur de la société d’animation Studio Ghibli, est considérée par beaucoup comme sa plus grande œuvre. La série a été publiée de 1982 à 1994, s’est vendue à 10 millions d’exemplaires rien qu’au Japon et a donné lieu à un film du même nom en 1984. Elle a reçu le grand prix de l’Association japonaise des cartoonistes en 1994.

L’histoire retrace le parcours de la princesse Nausicaä, compatissante et idéaliste. Elle vit dans un monde où la majeure partie de la Terre a été recouverte par une immense forêt empoisonnée où grouillent des insectes géants. Des empires rivaux s’en disputent les ressources précieuses, les terres rares et les populations. L’utilisation d’une technologie ancienne, datant d’une époque antérieure aux forêts de miasmes qui pourrissent les poumons, menace d’anéantir les derniers membres de l’humanité.

Nausicaä a le pouvoir de parler aux grands insectes de la forêt et de communiquer par télépathie avec les humains. Son voyage depuis le petit royaume de la Vallée du Vent jusqu’à ce monde lugubre, où les humains se battent entre eux et contre la Nature pour se maintenir à flot, est marqué par la tragédie, la lutte et la perte.

L’idéalisme, la gentillesse et l’espoir de Nausicaä apportent de la lumière dans un monde qui semble sans espoir.

Le parrain de l’animation

La BBC a qualifié Miyazaki de « parrain de l’animation au Japon ». Ce réalisateur, scénariste et animateur influent est né en 1941 à Tokyo. Grandir au Japon d’après-guerre, voir des villes détruites, l’a amené à adopter une vision du monde pacifiste et antiguerre, que l’on retrouve dans nombre de ses créations.

Les œuvres les plus remarquables de Miyazaki comprennent les films d’animation Princesse Mononoké, Mon voisin Totoro et Le Voyage de Chihiro.

Ses histoires ont été récompensées par de nombreux prix et ovations, dont plusieurs Annie Awards (prix récompensant les films d’animation), des prix de la Japan Academy et une place sur la liste des 100 personnes les plus influentes du magazine Time en 2005 et en 2024. Il a été nommé « personne de mérite culturel » par le gouvernement japonais en 2012.

Le style artistique caractéristique de Miyazaki, présent dans la plupart des films du Studio Ghibli, est pleinement mis en valeur dans Nausicaä. Parfois, il semble dommage de tourner la page, tant le lecteur est captivé. Séquences d’action rapide, paysages gigantesques, sacrifices héroïques : Miyazaki a tout saisi et, de son crayon, en a fait une épopée artistique.

Un personnage féminin fort

Le monde de Nausicaä est dieselpunk. Une grande partie de la technologie utilisée dans l’histoire ressemble à celle utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui établit ainsi une référence avec notre époque. Même si notre époque est révolue depuis longtemps, de vieilles influences subsistent.

Nausicaä est un personnage féminin fort – pas un personnage masculin dans un corps de femme, péniblement ennuyeux, le fléau des récits modernes, mais un vrai personnage.

Ses capacités physiques sont supérieures à celles de la plupart des hommes, mais ce n’est pas l’essentiel. Son véritable pouvoir réside dans sa capacité à émouvoir les gens, à aimer tout le monde et à poursuivre son chemin. Elle n’est pas non plus parfaite. Son égoïsme, sa colère et son désespoir doivent être surmontés.

Son nom vient de l’Odyssée d’Homère, dans laquelle une princesse nommée Nausicaä a aidé le naufragé Ulysse.

Miyazaki s’est également inspiré d’un conte japonais du XIIe siècle intitulé La Princesse qui aimait les insectes, qui raconte l’histoire d’une jeune dame de la cour qui préférait parler aux insectes plutôt que de se conformer aux normes de la cour.

Un travail antérieur, un roman graphique en aquarelle intitulé Le Voyage de Shuna, était le prototype du design des personnages de Nausicaä.

Nausicaä ne fait pas tout le spectacle. L’histoire est remplie de personnages mémorables et nuancés. Parmi eux, une autre princesse désireuse de conquérir, des moines guerriers, des soldats opportunistes, des vagabonds et les fidèles compagnons animaux de Nausicaä.

Les thèmes de Miyazaki

La série est fortement antiguerre, conformément aux idéaux pacifistes de Miyazaki. Il met l’accent sur la futilité et la méchanceté des nations qui s’autodétruisent pour détruire les autres.

Les thèmes pacifistes de Miyazaki ne sont certainement pas des idées ou des sujets originaux – et il peut sembler insultant de comparer un manga avec À l’Ouest, rien de nouveau. Cependant, ses œuvres expriment à peu près le même sentiment, d’une manière moins lugubre.

L’environnementalisme et les dangers de la technologie sont également très présents dans tous les aspects de l’histoire.

De nombreuses catastrophes surviennent simplement parce que l’Homme n’a pas pu s’empêcher de manipuler la science, d’abuser de l’environnement et d’utiliser la technologie pour des raisons contraires à l’éthique. Miyazaki croit fermement à l’harmonie entre l’Homme et la Nature. Il prêche pour que l’homme n’exerce pas de contrôle sur le monde naturel, car cela mène au désastre.

Les dernières parties de l’histoire traitent en profondeur de la manière de surmonter le nihilisme fataliste. La lecture de la lutte de Nausicaä contre son véritable démon, le nihilisme, peut amener ceux qui ont du mal à donner un sens à leur vie à s’engager dans une meilleure direction.

Et pour les lecteurs qui ne sont pas dans cette situation, l’œuvre laisse encore beaucoup à réfléchir.

Le film de 1984 basé sur le manga de Miyazaki mérite d’être vu. Cependant, il ne peut pas le remplacer. Écrit 2 ans après la publication du manga, qui a duré 12 ans, il reprend les premiers événements de l’histoire pour en faire un produit fini. C’est une œuvre étonnante en soi, mais qui n’est pas comparable au contenu d’origine en termes de qualité et de profondeur.

Nausicaä de la Vallée du Vent est une lecture étonnante. Les lecteurs avisés qui apprécient les histoires épiques ne doivent pas le manquer.

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